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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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effectivement attendu à l'auberge, en vain.
    – Ce n'est pas ce que déclare maître Rouge, propriétaire de l'établissement, contra l'inquisiteur. Notaire, veuillez, je vous prie, nous donner connaissance de la déclaration sous serment de ce témoin.
    Je jure devant Dieu que je n'agis sous aucune contrainte et ne suis guidé par nulle haine ou vengeance. Le 12 du mois de novembre 1304, le seigneur d'Authon a rencontré dans mon auberge un petit coureur de rue. Ils se connaissaient et avaient de toute évidence déjà eu commerce ensemble. Le garnement lui a parlé en confidence, au point que je n'ai entendu qu'un nom de rue, la rue de l'Ange. Monseigneur d'Authon a ensuite tendu une pièce au gamin qui a aussitôt décampé.
    – Je n'ai jamais appris l'adresse du seigneur inquisiteur. Ainsi que je l'ai affirmé, le galopin m'a fait défaut. Quant à maître Rouge, sa mémoire est étonnante. Il se souvient de la visite d'un client au jour près – lui qui en voit passer des dizaines chaque jour –, et cela à deux ans d'intervalle. Je l'envie, ironisa le comte.
    – C'est fréquemment le cas des mastroquets, argumenta l'inquisiteur. Ils renseignent ainsi les prévôts et baillis et ont tout intérêt à se souvenir de mauvais payeurs ou de trublions. (Se tournant vers les deux dominicains, Jacques du Pilais demanda :) Ces témoignages vous semblent-ils sujets à caution, mes frères ?
    Deux hochements de tête de dénégation lui répondirent.
    – Notaire, consignez, je vous prie, que les témoignages ont été jugés véritables et recevables par moi-même et mes conseils dominicains. Pour quelle raison souhaitiez-vous connaître l'adresse personnelle du seigneur inquisiteur chargé du procès de votre future épouse, monseigneur d'Authon ?
    Lui revint en mémoire le conseil de son bailli, d'Agnan et de messire Joseph. Il n'y avait nulle indignité à mentir à des juges qui forgeaient de mensongères preuves.
    – J'avais eu vent de la conception très particulière qu'avait Florin de sa mission et de sa charge.
    – Nulle calomnie au sujet d'un défunt ne sera admise par ce tribunal, messire d'Authon, l'interrompit le seigneur inquisiteur.
    – Il ne s'agit ni de calomnie ni même de rumeurs, et vous le savez aussi bien que moi. Florin se faisait rémunérer certains procès par des héritiers impatients ou des ennemis décidés à la vengeance. Je ne doute pas qu'une enquête épiscopale rigoureuse sur ses… arrangements ait eu lieu dès après son trépas.
    Le regard bleu blanc l'épingla. Jacques du Pilais rétorqua :
    – Nous ne sommes pas réunis céans pour juger des agissements de notre défunt frère mais pour apprécier la validité du jugement de Dieu invoqué afin de laver votre épouse de tous soupçons. Or donc, pourquoi souhaitiez-vous connaître l'adresse du seigneur inquisiteur ?
    – Afin de l'acheter, ce qui, j'insiste, était dans ses pratiques habituelles.
    – Quelle honte, messire ! Vous, soudoyer un inquisiteur ?
    – La honte est de son côté, monsieur. On ne soudoie que ceux qui aspirent à être corrompus par l'argent, contre-attaqua Artus d'Authon d'une voix impérieuse. Malheureusement, ainsi que je l'ai expliqué, le petit vaurien chargé de me renseigner m'a fait faux bond. Je ne sais si je le déplore. Après tout, s'il avait accepté mon argent, Florin serait peut-être encore en vie.
    – Attention, monsieur ! s'exclama Pilais, ulcéré.
    – Mon attention vous est acquise. En revanche, nul ne me fera prétendre que le trépas de Florin était désolant.
    Jacques du Pilais s'interrogeait depuis un moment. Il était accoutumé aux accusés affolés, qu'ils fussent innocents ou coupables. Certes, il s'était attendu à davantage de combativité, d'impertinence de la part du seigneur d'Authon. Toutefois, il se retrouvait face à un mur de calme obstination qu'il ne savait plus comment attaquer.
    – Graphiarius, produisez les pièces retrouvées dans le putel de la maison de la rue de l'Ange.
    Le jeune homme se leva d'un bond et récupéra le mince bal-lot posé devant lui. Il se rua vers l'inquisiteur qui commanda :
    – Veuillez les montrer aux juges, ainsi qu'au notaire et enfin à monseigneur d'Authon.
    Les dominicains prétendirent s'absorber dans la muette contemplation de bijoux qu'ils avaient sans doute examinés plus tôt. Le notaire retourna d'un index osseux les lourdes bagues serrées dans la touaille 1 . Artus

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