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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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personnel.
    En d'autres termes, il devait incriminer Artus d'Authon même si sa culpabilité ne le convainquait plus ou, à tout le moins, faire durer son procès. Jacques du Pilais serra les lèvres de déplaisir. Seule la dernière solution lui semblait acceptable. Pour le Sublime et Divin Agneau, il ne pousserait pas sur la table de Question un innocent. Toutefois, afin de satisfaire l'évêque et le camerlingue, la procédure pouvait traîner des mois, voire des années. Une vie parfois.
    – Notaire, veuillez, je vous prie, produire la pièce que nous avons placée en votre garde afin qu'elle ne souffre de nulle intervention préjudiciable à notre enquête.
    Maître Gauthier Richer se leva comme propulsé par un ressort et rejoignit l'inquisiteur d'un pas court et nerveux. Il tira de sa longue robe d'homme de loi une bourse, en vida le contenu dans sa main, l'examina longuement avant de déclarer :
    – Nous, Gauthier Richer, notaire à Alençon, certifions que cette pièce est bien celle qui nous fut remise par le seigneur inquisiteur Jacques du Pilais avec pour mission de la préserver de toute tentative d'altération.
    Il transvasa le contenu de sa paume dans celle de l'inquisiteur, tourna les talons et rejoignit sa place de sa curieuse démarche saccadée.
    Jacques du Pilais s'avança à frôler Artus d'Authon et ouvrit la main, s'enquérant :
    – Messire, reconnaissez-vous cet objet ?
    Durant un fugace instant, Artus demeura dans l'ignorance. Quel était ce mince jonc de pierre blanche irisée, brisé en trois segments ? La fureur le disputa en lui à la tristesse lorsqu'il le reconnut enfin. L'anneau d'opale de son mariage à une damoiselle Madeleine d'Omoy, union de convenance, de négociants, qui scellait le marché qu'il venait de passer avec son père. Douce et transparente Madeleine que l'appétit de vivre avait désertée dès qu'elle avait été contrainte de quitter ses parents et le manoir familial. Tragique et frêle oiselle dont il ne conservait qu'un souvenir confus. Elle s'était donnée à la mort avec une indifférence navrée. La même que celle qu'elle avait manifestée en accueillant le premier cri de leur fils Gauzelin qui devait décéder, lui aussi, quelques années plus tard.
    – Il s'agit de mon anneau de premières épousailles avec la damoiselle d'Omoy.
    – Vous confirmez que ce bijou vous appartient.
    – En effet.
    Jacques du Pilais marqua une pause. Artus y vit un artifice destiné à frapper l'esprit des deux autres dominicains. Il se trompait. Pilais se détestait de participer à cette lamentable farce. Pourtant, il ne pouvait pas reculer. Un piètre réconfort allégeait son aigreur. Monsieur d'Authon aurait pu tomber sur un seigneur inquisiteur décidé à plaire au camerlingue, à n'importe quel prix, même à celui de la vie d'un immaculé.
    – Comment nous expliquez-vous ce mystère, monseigneur d'Authon ? Il ressort de vos dires que vous n'avez jamais connu l'adresse personnelle de Nicolas Florin, jamais franchi le seuil de sa demeure.
    – C'est la vérité.
    – Vraiment ? Cette bague est donc venue chez lui par incantation ?
    La tristesse s'effaça, ne laissant que la fureur.
    – Quoi ? cria presque Artus. Vous prétendez avoir retrouvé mon bijou d'alliance chez le seigneur inquisiteur ?
    – Comme vous y allez ! Je ne prétends rien. J'utilise les preuves qui me sont fournies par des enquêteurs au-dessus de toute contestation.
    La repartie cingla :
    – De gentilhomme à gentilhomme, je vous l'affirme, monsieur : il s'agit d'une putasserie dont vous devriez rougir jusqu'au front !
    Le camouflet porta, plus sûrement qu'une gifle. Jacques du Pilais cligna des paupières et déglutit. Authon dégageait une force étrange, inébranlable. Pilais en était certain, la haute silhouette presque lourde était trompeuse. Derrière les manières courtoises, l'urbanité sans faute, se dissimulait un homme de fougue et de passion, un homme pour qui l'honneur et la parole donnée ne souffraient aucun accommodement, aucune facilité. Il se reprit, songeant qu'Artus d'Authon ne saurait jamais les efforts qu'il avait fournis afin de le sauver du pire.
    – La bague fut récemment retrouvée en éclats, éclats coincés entre les lattes du parquet, juste devant la cheminée, à l'endroit précis où trépassa le seigneur inquisiteur.
    – Presque deux ans plus tard quand les premiers enquêteurs n'avaient rien vu ? La

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