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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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paupières. Messire Joseph essuya délicatement la sueur qui trempait le front de la jeune femme. Il patienta, attendant qu'elle reprenne ses esprits, avant de demander d'une voix douce :
    – Pourriez-vous me décrire en précision la douleur que vous subîtes plus tôt, madame ?
    – Si violente, si soudaine…, commença Agnès d'une voix altérée.
    – Où naquit-elle, au juste ?
    – Juste-là, à l'ombilic, expliqua Agnès en désignant l'endroit précis.
    – Irradia-t-elle ensuite vers le bas du dos et les cuisses ?
    – Tout à fait, acquiesça la comtesse d'Authon en le dévisageant.
    – Comment se présentent vos selles récentes 2 , madame ?
    – À la vérité, un embarras m'affecte depuis quelque temps.
    – À quand remonte cette difficulté d'évacuation ? Survint-elle concomitamment à votre fatigue, à vos écœurements, à ces vertiges ?
    – À la réflexion, en effet. Ou peu ensuite.
    – Un goût métallique vous troublerait-il parfois le palais ?
    – Seriez-vous devin ? plaisanta faiblement Agnès.
    – Malheureusement, je ne suis que médecin, sourit Joseph.
    Redevenant grave, il annonça :
    – Il me va falloir vous désobéir et informer mon maître et son grand bailli de votre état, madame.
    – De grâce…, implora la comtesse.
    – Vous déplaire me brise le cœur. Je ne puis cependant obéir à votre ordre, l'affaire est trop grave et votre santé est ma plus constante préoccupation. J'ignore si quelque méfaisant vous a lancé un sort et, très sincèrement, je ne m'en inquiète pas. Quelques plumes de poule, même noires, n'ont jamais occis personne. En revanche, ce que je sais, c'est que vous êtes victime d'un lent enherbement dont j'ai enfin identifié le poison, même si j'ignore encore de quelle façon il vous est distribué.
    – C'est impossible ! Pourquoi ? protesta Agnès que l'affolement gagnait.
    – Le grand bailli se chargera de nous éclairer sur ce point, madame. M'autorisez-vous à prendre aussitôt congé ?
    Agnès, incapable d'ordonner ses pensées depuis l'abominable diagnostic du vieux médecin, acquiesça d'un signe de tête. Un enherbement. Le crime le plus odieux, si sournois qu'il était aussitôt puni de mort sans absolution et que les toxicatores 3 étaient enterrés en terre non consacrée.
    Le médecin parti, elle demeura là, sa peur se mêlant progressivement d'une douloureuse incompréhension. Qui pouvait la détester au point de souhaiter la faire passer de vie à trépas de cette ignoble manière ? Qu'avait-elle fait qui justifie cette haine implacable ? L'effarante bêtise de ses questions sans réponse la frappa enfin. Rien. Elle n'avait rien fait qui justifie une telle exécration. Le parchemin, l'un des plus précieux de l'humanité, était à l'origine de cet enherbement. Le sang différent*. Son sang. Celui qu'elle avait transmis à Clémence qui l'offrirait à son tour à sa fille. Toutefois, le donneur d'ordre, à n'en point douter le camerlingue Benedetti, ignorait que le jeune garçon de ferme qui s'était enfui de Souarcy n'était autre que la fille cadette d'Agnès. À ses yeux, seule cette dernière possédait ce sang et jamais une de ses filles ne devait en hériter. Elle devait donc mourir avant de procréer à nouveau. Étrangement, cette certitude l'apaisa. Tous ignoraient que Clémence était une fille. L'adolescente était donc sauve pour le moment.
    Clémence, ma Clémence. J'ai tant besoin de ta présence à mon côté. Le manque de toi me torture. Chaque instant, chaque geste me ramène à toi. Je regarde ce petit Philippe que j'aime si fort que mon cœur se retourne lorsque je le serre contre moi. Il te ressemble si peu. Mon fils. Pourtant, ma Clémence, mon sang bat en toi. J'écoute ses pulsations qui me lient à toi plus sûrement qu'un pacte. Je te sens. Je te flaire. Tu es proche, j'en suis certaine. Tu es ma chair, mon âme. Je ne vis qu'à moitié depuis que tu as disparu de mes jours. Clémence, je t'ai donné la vie et tu as sauvé la mienne en me permettant de résister, de lutter contre les fauves qui veulent nous détruire. Vis ma Clémence. Vis pour moi.

    Messire Joseph écouta, atterré, le récit de Ronan. Monseigneur d'Authon, avec pour seul entourage son grand bailli, avait quitté le château à la petite aube pour la maison de l'Inquisition d'Alençon et madame la comtesse n'en devait rien apprendre pour l'instant.
    – Quelle

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