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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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l'assassin ?
    – Je vous confesse que nous commencions de soupçonner sa servante, la jeune Guillette, en dépit de la véritable tendresse qu'elle semble porter à notre dame. Mais cela ne se peut. Elle a interdiction, comme tous, de lui porter mets ou breuvages, pas même de l'eau. Or, ce poison s'avale… Voyez-vous, chevalier, Madame est un être d'exception, c'est pourquoi j'ai tardé à comprendre l'inacceptable vérité. Qui pourrait en vouloir et s'en prendre à un éclat de lumière afin de le détruire quand ils sont si peu fréquents en ce monde ?
    – Ceux à qui les ténèbres profitent. Puisqu'il s'agit d'un enherbement, pourquoi cette mystification avec le sachet de toile noire renfermant un débris carbonisé et des plumes ?
    – Je me suis longuement interrogé à ce sujet. Une habile ruse à laquelle je vois plusieurs raisons.
    – De grâce, asseyez-vous, messire médecin, proposa à nouveau Leone. Partageons un verre d'hypocras.
    Joseph s'exécuta, un peu à regret. Il pensait mieux debout, à arpenter les pièces, son regard rivé sur un point qu'il ne voyait pas, plongé tout entier dans son esprit. Toutefois, le réconfort que lui apportait la présence de ce chevalier encore jeune, ce qu'il sentait de son implacable détermination, la réputation de vaillance et d'intégrité des hospitaliers, valait bien une petite entorse à ses habitudes de réflexion. Il précisa néanmoins avant d'accepter le gobelet que lui tendait Leone :
    – Nous ne sommes pas de la même foi et vous êtes soldat de votre Dieu.
    – Je ne l'ignore pas, sourit Leone, et mon Dieu fut le vôtre, bien longtemps avant. De surcroît, j'ai tant appris au contact de votre peuple et des Sarrasins contre lesquels nous luttons âprement. Messire Joseph, seul le poids des âmes distingue les hommes. Nos deux âmes sont légères, à l'évidence. Trinquons aux hommes de bonne volonté et de belle foi.
    Après une gorgée, Leone reposa son hypocras et reprit :
    – Une ruse habile, dites-vous ?
    – Certes. Je ne sais quelle opinion vous vous êtes forgée de tous ces sorciers, jeteurs de sort. La mienne est sans atténuation : ce ne sont que des charlatans qui vivent sur la crédulité des gens ou de pauvres fols grisés par l'espoir de pouvoirs surnaturels.
    – J'en suis venu à la même appréciation que vous. Je n'ai jamais été témoin de la manifestation de leurs prétendues capacités. Pourtant, j'ai assisté à tant de choses surprenantes.
    – Madame… n'est pas indemne de crainte à leur égard. Je fus surpris de la terreur que lui inspirait ce sachet en dépit de sa vive intelligence, que j'ai constatée à maintes reprises.
    – Elle a vécu entourée jusque-là de valets de ferme superstitieux qui gobent n'importe quelle baliverne pour peu qu'on la leur serve entourée d'incantations.
    – C'est exact. Toujours est-il que le seul véritable pouvoir de ces êtres de pacotille est la terreur qu'ils inspirent. La première raison que je vois est la suivante : que l'enherbeur souhaitait amplifier les ravages du poison en affolant Madame. En effet, lorsqu'on y songe, le sachet était fort mal dissimulé. Il est même étonnant qu'une servante en balayant dessous le lit de notre maîtresse ne l'ait découvert plus tôt.
    – Malfaisant et judicieux, commenta Leone.
    – L'autre raison est encore plus perverse. Pourtant, je la trouve convaincante. Les sorts sont, supposément, jetés à distance. Celui qui a placé le sachet sorcier espérait peut-être qu'on le mettrait en concordance avec le délabrement de santé de la comtesse. Une enquête pour démasquer le coupable était donc, a priori , vouée à l'échec puisque, selon la légende, le sorcier peut se trouver à des lieues* de sa victime, contrairement à un toxicatore qui distribue chaque jour sa substance létale. Le monstre pouvait ainsi espérer opérer en tranquillité, même après que la dégradation physique de la comtesse aurait commencé d'alerter ses proches.
    – Ne peut-on occire rapidement grâce au plomb ?
    – Si fait. C'est dangereux, toutefois, car on sait alors que la victime fut enherbée. Le but du toxicatore était de nous faire accroire à une maladie de langueur ressemblant fort à celle dont périt la première dame d'Authon ainsi que Gauzelin, son fils. Plus de coupable. Il suffisait ensuite de faire courir la rumeur d'une malédiction familiale, ou peut-être même d'orienter les soupçons

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