Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
désir malsain de Larnay vis-à-vis de votre mère qu'il pourchassa de ses assiduités depuis l'enfance. (Un petit rire cristallin échappa à Aude.) S'il est condamné, comme je le crois, c'est l'émasculation suivie d'un écartèlement. À coup certain.
    L'émasculation aurait amplement suffi au contentement de Mathilde. Bah, elle n'allait pas faire la fine bouche, d'autant qu'elle pourrait refuser d'assister au châtiment. Un doute lui traversa cependant l'esprit :
    – Mon oncle exigera l'examen d'une matrone jurée 7 . Or, je suis vierge.
    Les choses devinrent véritablement savoureuses pour Aude, qui prétendit s'offusquer :
    – Ah ça ! Je ne l'ai jamais mis en doute. Une demoiselle de votre sorte, déflorée ? Quelle horrible perspective ! Deux possibilités s'offrent à nous, ma chère belle, afin de régler… cet encombrant détail. La première, que je préférerais, n'est pas sans risque. Je fais quérir une ventrière que je rémunère grassement afin qu'elle nous débarrasse en discrétion de votre hymen. Le danger, vous l'aurez pressenti, est que l'on ne peut se fier à ces gens de bas. Elle peut un jour clabauder contre espèces sonnantes ou à la faveur d'une beuverie.
    – Et la deuxième, madame ? s'impatienta Mathilde que l'intervention d'une ventrière n'enchantait pas.
    – Un homme, quoi d'autre ? Un homme qui doit être dans l'impossibilité de vous reconnaître un jour. Nous y veillerons si cette solution vous agrée. Prenez le temps d'y réfléchir en sérénité.
    Un assez plaisant frisson parcouru la jeune fille. Enfin, elle allait savoir ce qui se murmurait en confidence.
    – Puis-je vous poser une question follement déplacée, madame ?
    – Faites, ma douce mie. Je n'ai point de secret pour vous.
    – Quand fûtes-vous… dépucelée ? demanda la jeune fille en chuchotant presque.
    Le long regard émeraude se voila. Si Mathilde avait été intéressée par autre chose qu'elle-même, elle aurait aperçu la crispation douloureuse de la jolie bouche en cœur. Pourtant, Aude de Neyrat répondit d'une voix légère :
    – J'étais plus jeune que vous. Le dépuceleur, ou plus exactement le violeur brutal n'était autre que mon oncle. Un exécrable souvenir. J'aurais mille fois préféré un étranger qui fasse preuve d'un peu de douceur. Bah, le passé est le passé ! Toutefois, voyez comme nos ressemblances nous rapprochent.
    En dépit de son peu d'esprit, Mathilde n'était pas dépourvue de finesse lorsqu'il s'agissait de son futur. Elle s'inquiéta :
    – Cet hymen est si précieux pour les filles que je redoute que sa disparition ne gêne ensuite mes épousailles. Quel hoir bien né voudrait d'une donzelle déflorée, à moins qu'elle fût fort riche, et tel n'est pas mon état ?
    – J'aime votre belle candeur, elle me rajeunit. Les hymens sont comme les chats. Ils ont plusieurs vies. Moi-même j'en ai offert plus de trois. De simples artifices de femme. Je vous les enseignerai. Les hommes sont si faciles à berner, surtout lorsque la fougue leur prend aux reins.
    Mathilde frappa dans ses mains de soulagement et de contentement.
    – Comment se peut-il que vous soyez tout à la fois ? Bonne, intelligente, savante et si belle.
    L'adjectif « bonne » délassa madame de Neyrat. Mathilde aurait-elle oublié qu'elles complotaient afin de faire émasculer et écarteler un homme qui, en dépit de ses vices, était innocent d'inceste envers sa nièce de sang, nièce qui n'eût été que peu marrie de se faire trousser par son demi-oncle ?
    Elle allait lui trouver un gaillard mal dégrossi dont elle se souviendrait longtemps, la pucelle. Il n'en manquait pas, habitués à ce genre d'office. Certaines dames de la société, mal mariées, mal honorées, aimaient les coups de reins rustiques et ne rechignaient pas à payer des inconnus pour des services d'alcôve non conjugaux, pour peu qu'on leur garantisse une parfaite discrétion.
    1 Oreillers ou coussins.
    2 Épaisse étoffe de laine et plus tard de coton.
    3 Ajustées.
    4 Longues bandes de tissu qui traînaient jusqu'au sol et que l'on passait sur les manches, à hauteur du coude.
    5 Étoffe de soie de qualité supérieure, réservée aux plus belles parures.
    6 Qu'il en soit ainsi.
    7 Sage-femme habilitée à témoigner devant une cour de la grossesse ou de la virginité d'une femme.

Château d'Authon-du-Perche, Perche, septembre 1306
    Lorsque l'homme aux traits tirés de fatigue, aux

Weitere Kostenlose Bücher