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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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sauvée de justesse.
    Mis au fait par le chevalier de grâce et de justice ainsi que par messire Joseph de Bologne, Brineux, le visage fermé, s'enquit :
    – Comment se porte notre dame ?
    – Elle repose. Elle n'a échappé ce soir au trépas que d'un souffle. Je gage que l'enherbeuse, sachant que les mets de madame étaient surveillés, avait décidé d'en terminer au plus vite. Sans l'intervention du chevalier, sans ces lavements précoces… Ah, je refuse d'y songer.
    – L'affaire étant extraordinaire, je puis me substituer au comte en son absence et rendre justice. L'interrogatoire de la fille commence aussitôt. Je vais faire mander le bourreau. Elle a une heure pour répondre volontiers. Ensuite… ensuite, elle répondra quand même. Souhaitez-vous assister au questionnement, chevalier ?
    – Non. À la vérité, peu me chaut ce qui l'attend. Toutefois, seule m'importe l'identité de celle qu'elle invoque telle une puissante malfaise.
    – Vous l'obtiendrez. Sous peu.
    Leone se leva et s'apprêtait à saluer Brineux lorsque celui-ci le retint, lui tendant la main.
    – Monsieur, je suis votre obligé pour toujours. De grâce, faites-moi l'honneur de ne l'oublier jamais.
    – L'honneur est mien, monsieur.
    – Quant à vous, messire Joseph, c'est Dieu Lui-même qui vous a mené jusqu'à cette demeure.
    Un sourire creusa les rides profondes du vieil homme qui murmura :
    – J'en viens à le croire, monseigneur.

    Secouant les barreaux de sa geôle telle une forcenée, effrénée, Guillette les agonit durant une heure d'injures, d'obscénités, de menaces. Elle proféra de si monstrueuses imprécations que le secrétaire requis par Brineux afin de noter ses confessions se signa à plusieurs reprises. Les deux gardes, adossés aux grilles d'une geôle située non loin, se poussaient de l'épaule, savourant en connaisseurs.
    La répugnance viscérale que le grand bailli ressentait pour elle l'apaisait. La faiblesse de Brineux pour la douce gent – que n'avait pas arrangé un parfait mariage –, le plaisir qu'il éprouvait de leur compagnie, de leur gaîté, de leurs mignonnes mines lui aurait rendu la tâche détestable. Torturer une femme lui paraissait une abomination. Pas celle-ci. Il l'abhorrait d'avoir attenté à la vie de la comtesse, en la cajolant, l'entourant de ses soins tout le temps qu'elle œuvrait pour la pousser vers la tombe en sournoiserie. Il lâcha d'un ton égal :
    – L'heure s'écoule, monstresse. Il ne reste que bien peu de sable, précisa-t-il en désignant le sablier posé à même le sol de terre battue.
    – Charogne, je te chie dessus ! Tu vas crever comme le porc que tu es ! Tes rejetons et ta bonne femme aussi !
    Un pas lourd leur fit tourner la tête. Une énorme carcasse sanglée d'un tablier de cuir, tenant une esconce 3 de métal à la main, avança à leur rencontre.
    – Bourreau, préparez la salle, ordonna Brineux. Nulle des… délicatesses 4 réservées aux femmes. Elle n'en mérite aucune.
    – À vos ordres, marmonna l'autre en inclinant son crâne chauve coiffé d'un bonnet de cuir.
    – Pauvre abruti, éructa Guillette, la bave aux lèvres. Je ne sentirai rien. Je n'aurai pas mal. Je suis protégée.
    – C'est ce que nous allons vérifier sous peu, rétorqua Brineux, impavide.

    Nue, sanglée sur la table de questionnement, la surprise écarquilla ses yeux durant un infime moment lorsque le fer blanchi aux braises rencontra la peau fragile de son abdomen en produisant un grésillement. Une répugnante odeur de chair grillée s'éleva aussitôt. Elle hurla.
    – Cessez, bourreau, ordonna le grand bailli.
    La brute au visage impassible suspendit son geste et fourra les deux lames de métal au centre des braises rougeoyantes.
    – Parle, reprit Brineux, le visage en sueur de la touffeur qui régnait dans la salle. N'étant pas l'Inquisition, je ne cherche que des aveux. Je veux le nom de cette malfaise que tu protèges bien à tort. Je veux savoir où la trouver. Je me moque de ton repentir. Dieu te jugera et Sa sentence sera terrible.
    – Va te faire foutre par tous les démons de l'enfer ! rugit Guillette que les sanglots rattrapaient.
    – Bourreau, reprenez votre office.
    Elle hurla longtemps, chaque fois que s'abaissaient les lames de métal, ses cris se répercutant contre les voûtes basses de la cave. Brineux contemplait les plaies boursouflées et rouges qui zébraient son ventre, s'interdisant de penser

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