Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
mener mes affaires. Dès mon retour, je vous expliquerai par le menu ce que j'attends de vous, en grande amitié. Songez, Mathilde… Songez que le monde vous appartiendra sous peu.
    Certes, tu devras avant enherber ta mère, compléta madame de Neyrat en son for intérieur. Ne me fais pas faux bond, petite sotte !
    Il s'agissait d'un changement radical du plan qu'elle avait fait miroiter à Mathilde, à savoir se contenter de gâcher à jamais le futur de sa mère. Il y a un tel gouffre entre un meurtre et un acharnement à la perte de quelqu'un. Elle allait devoir jouer finement pour faire admettre à Mathilde que ledit gouffre n'était en réalité qu'une broutille. Toutefois, elle faisait confiance à la nature propice de la jeune fille, dont l'unique véritable engouement était elle-même. Seul le premier meurtre commis de sang-froid compte, pour celui qui transgresse la loi de Dieu et celle, moins impérieuse et surtout plus floue, des hommes. Une alternative est alors possible, nulle autre. Un remords sans trêve, qui corrode les jours et les nuits. Celui que subissait Honorius Benedetti depuis des lustres. Ou une sorte de jubilation de rebelle. Avoir enfreint ce qui retenait tous les autres. Les meurtres suivants deviennent alors de simples copies, de la roupie.
    – Vous allez sous peu rejoindre votre mère en fille aimante et repentante. Je gage qu'elle désespère tant de vous retrouver qu'elle gobera toutes vos menteries. De la belle ouvrage en perspective. Comme vous allez me manquer, ma chère mie, se plaignit madame de Neyrat en plaquant une belle main fine sur son cœur. Cependant, réjouissons-nous : il ne s'agit que d'une brève séparation. Nous nous rejoindrons ensuite bien vite.

    Lorsque, une petite demi-heure plus tard, Mathilde sortit de la chambre de sa bienfaitrice, elle était si heureuse et agitée qu'elle ne vit pas l'ombre légère se plier vivement derrière un haut coffre. Accroupie, lèvres serrées, Angélique attendit pour se relever que l'écho de son pas disparaisse en bas de l'escalier.

    – Regardez, damoiselle, ce que je vous ai préparé. Des nougats noirs aux éclats de noisettes et d'amandes et à la cannelle afin d'accompagner votre malvoisie de soirée.
    Quelle cruche faisait cette enfante. Combien de fois faudrait-il lui seriner qu'une demoiselle ne s'abaissait pas à retourner pots et marmites en cuisine ! Certes, elle n'était qu'une gueuse qui avait eu l'insigne privilège d'être distinguée, malgré sa crasse, par madame de Neyrat. Tout de même !
    L'irritation de Mathilde n'avait fait que croître et embellir depuis le départ de sa protectrice au matin. Cette Angélique et le miel de ses attentions lui tapaient sur les nerfs à pleurer. La fillette la saoulait de prévenances. Toutefois, depuis leur récente explication, celle-ci s'efforçait de ne pas agacer Mathilde et se collait moins dans son sillage. Sans grand résultat puisque c'était son existence même qui exaspérait la jeune fille.
    Enfin, dans quelques petits jours, elle en serait débarrassée, aussi se contraignit-elle à l'affabilité :
    – Comme c'est serviable de votre part. Des nougats. Un de mes péchés mignons.
    Angélique rosit de bonheur et se plia en révérence. Elle déposa la palette de bois à cuilleron sur le guéridon, à côté du verre de malvoisie.
    – Je vous laisse déguster votre en-cas en quiétude, damoiselle.
    Mathilde soupira de soulagement à la perspective de reprendre la rêverie éveillée qui ne la lassait jamais : elle, ce qu'elle deviendrait, ce qu'elle ferait ensuite.

    Une intenable douleur réveilla Mathilde à la nuit. Elle tenta de se lever afin d'appeler à l'aide et s'écroula sur son lit en gémissant. Elle glissa vers le plancher, tentant de se retenir aux draps trempés de sueur et d'humeurs rosâtres. Elle voulut hurler, mais la souffrance la suffoqua. Elle se traîna vers la porte, en nage, sanglotant de terreur. Une nausée violente la secoua. Un flot de sang s'écoula de sa bouche. Luttant contre l'asphyxie, elle parvint à émettre un faible cri. Des pas légers s'approchèrent de sa porte.
    – De grâce, à l'aide… une convulsion.
    La porte s'entrouvrit et le minois d'Angélique s'encadra dans l'embrasure.
    La fillette se rua vers son aînée. L'affolement la gagna lorsqu'elle découvrit la mare de sang qui fonçait les lattes claires du plancher.
    – Ah mon Dieu… mon Dieu ! Je cours quérir les secours, le

Weitere Kostenlose Bücher