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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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idée de désobéissance. Elle s'en acquittait admirablement. Lorsqu'il s'était acharné sur la preuse Agnès de Souarcy, Nicolas Florin, le démoniaque, n'avait fait que déciller Agnan, le contraindre à voir. Rien de plus. Leone avait alors détaillé le petit visage de fouine. Une passion dévorante faisait luire ses prunelles. Étrangement, il n'avait eu nul doute de la foi brûlante et de la force immense qui habitaient le clerc. Étrangement, alors que sa route venait tout juste de croiser celle du jeune homme, la coutumière méfiance du chevalier l'avait abandonné. Baissant la voix en murmure à peine audible, il avait raconté la Quête. La fabuleuse importance d'Agnès de Souarcy et de sa fille à venir, le sang différent* qu'elles transmettraient jusqu'à la Seconde Venue. Bouleversé, le jeune secrétaire l'avait fixé un long moment sans pouvoir parler. Enfin, il avait chuchoté à son tour :
    – Ainsi, j'avais raison. Madame de Souarcy est un ange qui a métamorphosé ma vie de pathétique fourmi. Si vous voulez de mes faibles possibles mais de toute mon obstination… Ma vie, chevalier. Elle vous est acquise. Elle leur est acquise, à elle et à sa fille à naître.
    Agnan avait ainsi rejoint la cohorte des ombres de lumière qui se terraient depuis des siècles afin de préserver le Deuxième Avènement. Au cours de ce souper, il avait été décidé que le jeune homme demeurerait en la maison de l'Inquisition afin de surveiller leurs ennemis les plus proches. Quant à Agnès de Souarcy, à l'affût du moindre détail la concernant, il renseignait Leone qui devait repartir au plus tôt vers la citadelle chypriote de Limassol.

    Agnan narra rapidement la visite de ce dominicain, Henri Vieuvie, expliquant qu'il avait prévenu le luthier Denis Laforge.
    – Pourquoi le cherche-t-il au point d'exiger l'assistance de la maison de l'Inquisition, s'il n'est pas hérétique – et vous semblez sûr de votre fait ? questionna Leone.
    – Oui-da. Toutefois, le billet de mission étant signé de la main du camerlingue, on peut imaginer que Laforge n'est pas sans lien avec ce qui nous inquiète depuis des années. Je ne pouvais différer jusqu'à votre arrivée à Alençon. Ils risquaient de l'arrêter. Aussi lui ai-je conseillé de fuir au plus rapide, sans le presser de questions.
    – Vous avez fait justement, le rassura Leone. Et monseigneur d'Authon ?
    – Il se morfond dans sa cellule. Cependant, il est traité avec égards. Jacques du Pilais, le seigneur inquisiteur chargé de son interrogatoire, me semble homme d'honneur et paraît fort embarrassé. Il a incontestablement voulu connaître la vérité au sujet de cette bague d'alliance retrouvée fort à propos sur les lieux du crime, deux ans après les faits. Pourtant, il fait durer cette mystification. La procédure l'y autorise. S'il lui plaisait, monseigneur d'Authon pourrait demeurer sa vie entière dans ce cul-de-basse-fosse.
    – Il obéit aux ordres reçus, commenta Leone. Je m'étonne toutefois qu'ils n'aient pas choisi un autre Florin pour mener à bien leurs odieux desseins. Un inquisiteur que ne gêne pas la manipulation des preuves et des témoignages.
    – Pilais n'est pas de cette race-là, j'en jurerais. C'est un homme de sévérité et d'austérité, pas d'iniquité.
    – Ils se seront donc trompés dans leur choix, une nouvelle preuve que Dieu veille sur nous.
    – Je n'en doute pas. Selon moi, Pilais fut choisi parce qu'il est cousin de monseigneur d'Évreux, le demi-frère du roi, ajouta Agnan. L'ordre de présentation que reçut monseigneur d'Authon émanait de la main du souverain désireux de se concilier les bonnes grâces de Clément V. L'évêque d'Évreux pouvait espérer que Jacques du Pilais, placé directement sous son autorité, rendrait service à son bon cousin d'Évreux en faisant preuve d'une extrême rigueur à l'endroit du comte d'Authon, quitte à falsifier les pièces à charge.
    – Je crois que vous voyez clair, admit le chevalier. Agnan, je redoute toujours pour la vie de madame d'Authon. Benedetti ne pouvait confier son enherbement qu'à un complice fiable et très proche de lui. Il me faut remonter jusqu'à lui et l'anéantir. Ce ne sera certes pas la fin de la guerre, car je gage que Benedetti le remplacera tôt ou tard, mais cela nous ménagera une trêve.
    – Pensez-vous que ce complice soit à Alençon ?
    – Je l'ignore, mais il n'est pas tant de grandes cités proches

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