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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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étroitement liées. (Clémence baissa le regard et reprit d'une voix douce :) Messire Joseph, il est encore trop tôt, pour notre sécurité à toutes deux. Quant au comte d'Authon, il ne doit pas apprendre encore que je suis la fille de ventre de son aimée.
    – Il ne le saura jamais par moi, je t'ai donné ma parole.
    – Des hommes sont passés au village il y a un mois, s'informant au sujet d'un jeune garçon. Amis ou ennemis, je l'ignore. S'il arrivait quelque malheur à ma mère bien-aimée, ce serait la fin de moi. Comprenez, messire Joseph. Je ne rêve que d'une chose, me jeter vers elle, me blottir entre ses bras, lui parler, la saouler de mots des heures durant… Cependant, la simple intelligence commandant à nos ennemis de surveiller ma mère, ils peuvent remonter jusqu'aux Loges, sans même qu'elle s'en aperçoive. Les manuscrits sont en lieu sûr, un lieu auquel nul ne songera jamais. Toutefois, je redoute les sbires du camerlingue. Leurs moyens sont si vils, si puissants et si cruels. Qui dit qu'ils ne parviendront pas à me faire avouer leur cachette ?
    Le sourire revint sur le visage juvénile :
    – Comment se porte-t-elle ?
    Joseph détourna à son tour le regard, certain qu'elle y lirait tout ce qu'il lui avait tu, afin de lui épargner d'interminables heures de terreur. La tentative d'enherbement de madame, l'incarcération du comte.
    – À part le cruel manque de toi qui lui dévore les heures, elle est en admirable santé et illumine cet immense château au point qu'il semble soupirer d'aise. Quand pourrai-je lui annoncer la faste nouvelle ? Ah, j'imagine son allégresse…
    – J'en doute, messire Joseph, rectifia derrière eux une voix hachée d'émotion.
    Ils se tournèrent d'un bloc. Agnès, dame de Souarcy, comtesse d'Authon, se tenait devant eux, livide jusqu'aux lèvres. Elle plaqua une main sur sa bouche comme pour étouffer un cri, un gémissement peut-être. Le bonheur se mêlait à une peine plus aiguë qu'une lame. Elle haussa les sourcils, cherchant son souffle, cherchant ses mots :
    – Je vous ai suivi, messire médecin. Vos fréquentes promenades sylvestres qui vous ramènent la besace vide m'ont intriguée.
    Agnès fixa le regard presque jumeau de sa fille. Incapable d'un geste, d'un pas, elle murmura :
    – Saoule-moi de mots, ma chérie. Saoule-moi jusqu'au soir. Ensuite, tu as raison, je ne reviendrai plus jusqu'à ce que nos ennemis soient défaits. Ils sont trop sournois et redoutables. Encore plus que je ne l'imaginais. Mais ainsi, je pourrai te porter en moi, me souvenir de chacune de tes phrases, les répéter jusqu'au sommeil.
    Clémence se précipita vers sa mère et l'enlaça presque brutalement. Elle pleura longuement contre cette femme adorée, qui lui avait manqué jusqu'au vertige, jusqu'à la douleur.
    Joseph de Bologne, bouleversé, soulagé, s'en retourna vers la chaumière de Pauline.
    1 Aliments non kasher.
    2 Dans le judaïsme, ensemble des lois portant sur l'alimentation.
    3 On ne nomme ni ne représente Dieu (Yahvé) dans la tradition juive.
    4 Juillet 1306.
    5 Fondée en 1257 par Robert de Sorbon, confesseur de Louis IX. Il s'agissait à l'origine d'un établissement où l'on enseignait la théologie à des étudiants peu fortunés.
    6 Petit sac, le plus souvent en cuir, que l'on portait en bandoulière et emmenait en courses ou en voyage.

Forêt des Clairets, manoir de Souarcy-en-Perche,
Perche, octobre 1306
    Gilbert jubilait. Une lourde odeur d'humus s'échappait de sa musette renflée. Sa fée serait heureuse, si fière de lui lorsqu'elle découvrirait les magnifiques cèpes 1 qu'il avait ramassés, certains au chapeau large comme sa main. Adeline en ferait sécher une provision au-dessus de la cheminée des cuisines. On en farcirait le cochon qu'on égorgerait en décembre prochain.
    Satisfait de sa récolte, il balança le lourd sac de toile sur son épaule et prit le chemin du retour. Un instinct le prévint et il se rencogna de justesse derrière un chêne. Deux cavaliers longeaient l'orée de la forêt, ou plutôt une cavalière et son escorte. Ils passèrent à deux toises du Simple sans se douter de sa présence. Affolé, Gilbert demeura figé une longue minute, des bribes d'idées s'entrechoquant dans son esprit sans qu'il ne parvienne à en saisir une seule.
    Sa bonne fée. Sa bonne fée rentrerait sous peu de la Haute-Gravière où elle s'était rendue afin de surveiller l'avancée des extractions de minerai. Il

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