Le commandant d'Auschwitz parle
j’expédiai au Reichsführer, par
messager spécial, un plan détaillé de l’emplacement et une description exacte
des installations projetées. Je n’ai jamais reçu de réponse ou de décision à ce
propos. Par la suite, Eichmann me dit en passant que le Reichsführer était d’accord.
Fin novembre, je fus invité à assister à Berlin à une
conférence dans les bureaux d’Eichmann avec participation de tous les
fonctionnaires chargés du problème juif [125] .
Les délégués d’Eichmann dans les divers pays firent leurs rapports sur l’état
des « actions » entreprises et sur les difficultés auxquelles ils s’étaient
heurtés, telles que hébergement des prisonniers, préparation des trains de
convois, établissement des horaires, etc. On ne me fit pas encore connaître la
date à laquelle commencerait « l’action ». D’ailleurs, Eichmann n’avait
pas encore réussi à découvrir les gaz appropriés.
En automne 1941, conformément à un ordre secret et
spécial, les instructeurs, commissaires et certains fonctionnaires politiques
russes furent extraits des camps de prisonniers de guerre par les soins de la
Gestapo et envoyés dans les camps de concentration les plus proches pour être
liquidés. À Auschwitz, on vit arriver régulièrement des petits convois de ces
hommes qui furent tous fusillés dans la carrière près des édifices du Monopole [126] ou dans la cour
du bloc 11.
Lors de mon absence pour un voyage de service, mon
remplaçant, le Standartenführer Fritzsch, avait, de sa propre initiative,
employé les gaz pour exterminer ces prisonniers de guerre [127] . Il procéda de
la façon suivante : les diverses cellules et caveaux furent remplis jusqu’au
bord de Russes ; en faisant usage de masques à gaz, on fit pénétrer dans
les cellules le Zyklon B qui produisait une mort immédiate.
Le gaz Zyklon B était couramment employé par les
officiers Tesch et Stabinow comme insecticides ; il y avait toujours une
quantité de ces boîtes à gaz à la disposition de l’administration. Les premiers
temps, ce gaz poison, une préparation de cyanure, était employé avec les plus
grandes mesures de précaution, uniquement par des employés subalternes de Tesch
et de Stabinow ; par la suite, certains infirmiers gradés reçurent auprès
de ces officiers l’instruction nécessaire pour utiliser ce gaz dans la lutte
contre les parasites et les épidémies [128] .
Lorsque Eichmann vint, la fois suivante, à Auschwitz, je lui
fis part de cette utilisation du Zyklon B et nous prîmes la décision de l’employer
pour les futures exterminations en masse.
On continua à tuer les prisonniers russes des catégories
susmentionnées avec le Zyklon B ; mais cela ne se faisait plus dans le
bloc 11 parce que, après l’emploi des gaz, il fallait aérer tout l’édifice
en moyenne pendant deux jours. C’est pourquoi on employa, pour gazer, la morgue
du crématoire, après avoir rendu les portes étanches et percé quelques trous au
plafond pour faire entrer le gaz.
Mais je ne me souviens que d’un seul convoi de neuf cents
prisonniers de guerre qui furent gazés et dont l’incinération dura plusieurs
jours.
On n’a pas gazé de Russes dans la ferme paysanne organisée
ensuite pour l’extermination des Juifs.
Je ne saurais indiquer la date exacte à laquelle débuta l’extermination
des Juifs. Cela se produisit probablement en décembre 1941 mais peut-être
seulement en janvier 1942. Au début, il s’agissait de Juifs en provenance
de la Haute-Silésie orientale. Ces Juifs étaient arrêtés par les bureaux de la
Gestapo de Kotawice et expédiés en convois par la voie ferrée jusqu’à la garde
d’Auschwitz-Dziedicz d’où on les dirigeait sur une voie de garage pour les
faire descendre sur le côté ouest. Pour autant que je m’en souvienne, ces
convois ne comportaient jamais plus de mille hommes.
Descendus du train, les Juifs étaient pris en charge par un
détachement de la Gestapo du camp et dirigés par le Schutzhaftlagerführer en
deux sections vers l’installation destinée à l’extermination, désignée
communément comme « Bunker ».
Les bagages restaient auprès de la voie ferrée d’où on les
transportait vers l’endroit où l’on procédait au tri. Cet endroit se trouvait
près de la gare et était désigné sous le nom de « Canada [129] ».
Arrivés auprès du « Bunker », les Juifs recevaient
l’ordre de se déshabiller ; on leur
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