Le commandant d'Auschwitz parle
expliquait qu’ils entreraient dans des
pièces où ils seraient épouillés.
Toutes les pièces – il y en avait cinq en tout – se
remplissaient en même temps. On verrouillait les portes étanches et l’on
faisait pénétrer le contenu des boîtes à gaz par les lucarnes.
Au bout d’une demi-heure, on ouvrait les portes – il y
en avait deux dans chaque pièce – on retirait les morts et l’on conduisait
les cadavres vers les fosses sur les petits wagonnets d’un chemin de fer de
campagne.
Les vêtements étaient transportés en camion vers le lieu de
triage. Tout le travail, soit l’aide pour le déshabillage, le remplissage et l’évacuation
du « Bunker », l’enlèvement des cadavres, le creusement et le
recouvrement des fosses communes étaient exécutés par un « commando
spécial » de Juifs qui vivaient à part et devaient être également
exterminés après chaque action d’une certaine importance, en conformité avec
les ordres d’Eichmann.
Dès l’arrivée des premiers convois, Eichmann nous apporta un
ordre du Reichsführer selon lequel on devait retirer aux cadavres les dents d’or
et couper les cheveux des femmes. Ce travail était également exécuté par le
commando spécial.
La surveillance de l’opération d’extermination incombait
chaque fois soit au Schutzhaftlagerführer soit au Rapportführer. Des malades qu’on
ne pouvait pas transporter dans les chambres à gaz étaient tués par un coup de
feu dans la nuque, tiré d’un fusil de petit calibre.
La présence d’un médecin SS était également exigée. Les
infirmiers spécialement formés pour un travail de désinfection, étaient chargés
de faire entrer le gaz dans les pièces.
Tandis qu’au printemps 1942 il ne s’agissait que d’« actions »
peu importantes, les convois devinrent plus fournis pendant l’été et nous nous
vîmes obligés de créer une nouvelle installation pour l’extermination. On
choisit dans ce but une ferme située à l’ouest des futurs crématoires III
et IV et on la munit de l’installation nécessaire. Pour le déshabillage, on
avait érigé deux baraques près du Bunker I et trois baraques près du Bunker II.
Le Bunker II était plus grand et pouvait contenir 1 200 personnes.
Pendant tout l’été de 1942, on continuait à transporter les cadavres dans les
fosses communes. C’est seulement vers la fin de l’été, que nous commençâmes à
les incinérer. Au début, un grand bûcher nous servait à brûler 10 000 cadavres ;
par la suite, on procédait à l’incinération dans les fosses communes vidées des
cadavres précédents. Au début, on arrosait les cadavres avec des sous-produits
du pétrole, par la suite, avec de l’alcool méthylique. Dans les fosses les
incinérations se poursuivaient sans interruption, de jour et de nuit.
Vers la fin de 1942, toutes les fosses communes furent
nettoyées. Le nombre des cadavres qui y avaient été enterrés s’élevait à 107 000.
Dans ce chiffre sont compris non seulement les convois de Juifs gazés depuis le
début jusqu’au moment où l’on procéda aux incinérations, mais aussi les
cadavres des détenus morts au camp d’Auschwitz pendant l’hiver 1941-1942,
époque à laquelle le crématoire était inutilisable pendant une assez longue
période. Le chiffre comprend aussi tous les détenus du camp de Birkenau morts
pendant cette période.
Lors d’une visite que le Reichsführer nous fit pendant l’été 1942,
il assista attentivement à tout le processus de l’extermination, à commencer
par le déchargement des convois à l’arrivée jusqu’à l’évacuation du Bunker II.
À cette époque, on n’incinérait pas encore.
Il ne nous fit aucune observation et ne nous adressa pas la
parole. Étaient présents le Gauleiter Bracht et Schmauser.
Peu de temps après cette visite d’Himmler, le
Standartenführer Blobel vint nous apporter des bureaux d’Eichmann un ordre du
Reichsführer. Toutes les fosses communes devaient être dispersées de telle
façon qu’on ne puisse jamais par la suite en tirer des conclusions concernant
le nombre des incinérés.
Blobel avait déjà expérimenté à Culmhof [130] diverses
méthodes d’incinération. Eichmann l’avait chargé de me montrer son installation.
Je me rendis donc avec Hössler à Culmhof. Blobel y avait
fait construire des fours de types divers et employait comme combustibles le
bois et les résidus d’essence. Il avait aussi
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