Le commandant d'Auschwitz parle
essayé de détruire les cadavres
par des explosions mais la réussite était loin d’être complète. Les cendres
étaient disséminées dans les vastes bois avoisinants après avoir été réduites
en poussière par un moulin qui servait à broyer les os.
Blobel avait mission de découvrir toutes les fosses communes
de la région orientale et d’en détruire toutes les traces. Son bureau était
désigné, pour le camoufler, « 1005 ». Le travail était exécuté par
deux commandos de Juifs qu’on fusillait après le nettoyage d’un secteur. Le
camp de concentration d’Auschwitz était constamment appelé à fournir des Juifs
pour le commando « 1005 ».
Pendant la visite de Culmhof, j’ai vu l’installation d’extermination
avec les camions dont on se servait pour tuer les Juifs en utilisant des
résidus de gaz des moteurs. Mais le führer du commando local m’expliqua que la
méthode n’était pas sûre car le gaz se formait d’une façon très peu régulière
et ne suffisait pas, dans des cas fréquents, à donner la mort.
Il m’a été impossible de savoir combien de cadavres étaient
déposés ou incinérés dans les fosses communes de Culmhof.
Blobel était renseigné d’une façon assez exacte sur le
nombre des fosses communes dans la région orientale, mais il était lié par le
secret le plus strict.
L’ordre d’Himmler, qui nous avait été communiqué par le
bureau d’Eichmann, prescrivait au début d’exterminer, sans exception aucune,
tous les Juifs transportés à Auschwitz. Cet ordre fut effectivement appliqué
aux Juifs en provenance de la Haute-Silésie, mais dès les premiers convois des
Juifs allemands, il nous fut prescrit de sélectionner tous les Juifs, hommes et
femmes, capables de travailler et de les employer au camp pour les besoins de l’armement.
À ce moment, il n’y avait pas encore à Auschwitz de camp spécial pour les
femmes et c’est seulement après réception de cet ordre qu’on se vit obligés de
l’installer.
Des entreprises d’armement importantes avaient déjà surgi
dans les camps de concentration et continuaient à se développer. En même temps,
on commençait à employer les détenus dans des entreprises d’armement en dehors
des camps. En conséquence, on éprouva, soudain, un véritable manque de détenus
tandis que dans le passé, les commandants des anciens camps de l’intérieur du
Reich étaient obligés de rechercher des possibilités de travail pour pouvoir
occuper tous les détenus.
Mais les Juifs devaient être concentrés uniquement dans le
camp d’Auschwitz. Auschwitz-Birkenau était destiné à devenir un camp purement
juif ; les détenus des autres nationalités devaient être transportés dans
des camps différents.
Cet ordre n’a jamais été exécuté jusqu’au bout ; même
par la suite, on a continué à employer les Juifs dans des entreprises d’armement
en dehors du camp, faute d’autre main-d’œuvre.
Les médecins SS étaient chargés de sélectionner les Juifs
capables de travailler. Mais le Schutzhaftlagerführer ou le chef de la main-d’œuvre
s’en sont chargés à maintes reprises sans que je le sache ou que je l’approuve.
Il en résultait chaque fois des frictions entre les médecins SS et les
officiers chargés de la main-d’œuvre. La divergence de leurs opinions résultait
des interprétations différentes données à l’ordre du Reichsführer par les plus
hautes instances de Berlin. La direction de la Sécurité du Reich, en la
personne de Müller et d’Eichmann, était intéressée au plus haut degré pour des
raisons de sécurité policière à l’extermination du plus grand nombre de Juifs.
Le médecin-chef SS du Reich, qui donnait aux médecins SS les directives pour la
sélection, était d’avis que seuls des Juifs vraiment capables de travailler
devaient être employés : des hommes faibles ou plus âgés, au pis-aller
acceptables, devenaient incapables de travailler au bout de très peu de temps,
contribuant uniquement à abaisser le niveau sanitaire général, à encombrer
inutilement les infirmeries, à occuper le personnel médical, à diminuer le
nombre des médicaments pour être, en définitive, tués comme les autres.
Le bureau des armements, par contre, représenté par Pohl et
Maurer, avait intérêt à obtenir le plus grand nombre d’hommes capables de
travailler dans l’industrie de l’armement même si ceux-ci devaient devenir
incapables par la suite.
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