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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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semaine suivante, lorsque je leur présenterais mon bulletin. Mais
dans la soirée, mon confesseur, qui était un bon ami de la famille, vint nous
rendre visite et, le lendemain matin, je fus sévèrement grondé et puni par mon
père qui m’accusait de ne pas lui avoir raconté mon méfait sur-le-champ. J’étais
bouleversé par l’incroyable abus de confiance de mon confesseur. Ne nous
avait-on pas toujours enseigné que le secret de la confession était inviolable
et s’étendait même aux plus grands crimes ? Et voilà qu’un prêtre qui
jouissait de toute ma confiance, qui connaissait mes petits péchés enfantins en
détail, venait de violer le secret du confessionnal et ceci à propos d’une
vétille, d’un incident comme il s’en produit tous les jours dans une école. Nul
autre que lui n’avait pu renseigner mon père. Car mes parents n’étaient pas
sortis ce jour-là, ils n’avaient pas reçu d’autres visites, aucun de mes
camarades ne vivait à proximité et notre téléphone était en dérangement. L’indélicatesse
du prêtre était flagrante et me paraissait monstrueuse. Ma confiance en la
sainteté du clergé était ébranlée ; les premiers doutes surgissaient en
mon âme. Mon confesseur a tout essayé pour regagner ma confiance mais je ne
suis jamais retourné à son confessionnal. Mon père ne s’en formalisait pas car
il croyait que je continuais à me confesser à un autre prêtre dans la chapelle
de l’école. En réalité je cessai complètement de me confesser, même avant d’approcher
la sainte table. On nous avait dit que des punitions terribles attendaient ceux
qui agiraient de cette façon, que certains pécheurs seraient même tombés morts
en communiant sans confession préalable. Aussi implorais-je ardemment l’indulgence
du Bon Dieu ; avec une ferveur enfantine, je le priais de pardonner les
péchés que j’étais désormais incapable de confesser ; en recevant la
communion dans une église où personne ne me connaissait, sans que rien de
terrible ne se produisît, je partais convaincu que Dieu avait entendu mes
prières et approuvait ma conduite. Pourtant mon âme en était toute secouée :
la vraie foi, la profonde foi enfantine n’existait plus.
    L’année suivante, mon père mourut subitement. Je ne me
souviens pas d’avoir été impressionné outre mesure par cet événement. J’étais d’ailleurs
trop jeune pour mesurer sa portée. Mais, avec la disparition de mon père, toute
ma vie allait prendre un cours différent.
    La guerre venait d’éclater. La garnison de Mannheim était
partie en campagne. On convoquait les réserves ; les premiers transports
de blessés revenaient du front. Il y avait tant à voir, tant à observer que je
n’étais presque jamais à la maison. À force d’insister, j’obtins de ma mère l’autorisation
d’entrer à la Croix-Rouge comme secouriste.
    J’étais tellement submergé par les impressions les plus
variées que je ne me souviens plus très bien de l’effet produit sur moi par les
premiers blessés. Je les vois pourtant avec leur tête ou leurs bras bandés,
avec leurs uniformes maculés de sang et de boue, uniforme gris chez les nôtres,
bleu aux pantalons rouges chez les Français ; je les entends encore gémir
lorsqu’on les débarquait du train et les entassait dans les trams. Je courais
parmi eux en distribuant des rafraîchissements et des cigarettes. En dehors des
heures de classe, je passais tout mon temps à la gare, dans les casernes ou
dans les hôpitaux. J’essayais de ne pas trop m’attarder devant les lits des
grands blessés, mais les mourants et les morts ne pouvaient échapper à mon
regard. Aujourd’hui, je me sens incapable de préciser les sentiments qu’ils
produisaient sur moi.
    D’ailleurs, ces tableaux affligeants étaient rapidement
effacés par la gaieté et l’humour soldatesque qui se dégageaient des
hospitalisés aux blessures légères. Ils me racontaient leurs combats, leur vie
dans les tranchées et, en les écoutant avec une curiosité jamais satisfaite, je
sentais naître en moi-même une âme de soldat. Pendant de nombreuses
générations, tous mes ancêtres du côté paternel avaient été officiers ;
mon grand-père, un colonel, était tombé en 1870 à la tête de son régiment. Mon
père avait embrassé par conviction la carrière militaire et sa passion pour l’armée
ne s’était attiédie qu’après sa démission pour faire place à un

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