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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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demandait avec ferveur pour moi, futur prêtre, la bénédiction céleste.
Pour ma part, j’étais un garçon très pieux : je prenais mes devoirs
religieux au sérieux, j’aimais servir la messe en qualité d’enfant de chœur et
je faisais mes prières avec une profonde foi enfantine. L’éducation que j’avais
reçue de mes parents m’imposait une attitude respectueuse à l’égard de tous les
adultes et surtout des personnes très âgées, indépendamment du milieu dont ils
sortaient. Je considérais comme mon premier devoir de porter secours en cas de
besoin et de me soumettre à tous les ordres, à tous les désirs de mes parents,
de mes instituteurs, de monsieur le curé, de tous les adultes et même des
domestiques. À mes yeux, ils avaient toujours raison quoi qu’ils disent.
    Ces principes de mon éducation ont pénétré tout mon être. Je
me souviens comment mon père prêchait devant ses amis la soumission totale à l’autorité,
tout en étant lui-même un catholique convaincu et un ennemi résolu de la
politique gouvernementale.
    Dès mon enfance, on s’est efforcé de développer en moi le
sens du devoir : chaque ordre de mes aînés devait être exécuté
consciencieusement et d’une façon précise. À chaque membre de la famille était
assignée une tâche définie. Je me souviens que mon père me tira un jour de mon
sommeil parce que j’avais laissé traîner dans le jardin la couverture d’une
selle de cheval au lieu de la mettre à sécher dans la sellerie, comme il me l’avait
ordonné. Il n’avait cessé de m’expliquer que de petites négligences peuvent
avoir des conséquences graves. À cette époque je ne le saisissais pas très
bien, mais par la suite la dure expérience m’a fait comprendre la grande portée
de ce principe auquel je suis toujours resté fidèle.
    Les rapports entre mes parents étaient empreints de bonté, d’affection
et d’estime mutuelle. Je ne les ai jamais vus manifester leur tendresse
réciproque mais je n’ai jamais assisté à la moindre dispute. Tandis que mes
sœurs, mes cadettes de deux, quatre, et six ans, étaient toujours serrées
autour des jupons de leur mère, je suivais, pour ma part, l’exemple de mes
parents et n’extériorisais guère mes sentiments. Tout ce que mon entourage
pouvait attendre de moi, dans le meilleur des cas, c’était une poignée de main
et quelques rares mots de remerciement.
    Je savais que mes parents m’aimaient bien, mais je ne
cherchais pas refuge auprès d’eux dans mes grands et petits chagrins : je
préférais me renfermer en moi-même. Le poney était mon seul confident ;
lui seul, croyais-je, était fait pour me comprendre. Je dédaignais les
cajoleries de mes sœurs : je m’amusais avec elles quand je ne pouvais
faire autrement mais je préférais leur jouer des tours, et elles se réfugiaient
en pleurs auprès de leur mère. Au fond, elles me restaient étrangères ; il
ne m’était pas possible de répondre aux sentiments affectueux qu’elles n’ont
cessé de me témoigner au cours de mon existence.
    L’affection familiale et fraternelle n’était pas dans ma
nature. Je n’ai jamais été ce qu’on appelle un enfant modèle, ni même un brave
garçon tout court. J’ai participé aux jeux les plus sauvages de mes camarades ;
je me suis battu avec eux à toute occasion. Il y en avait toujours un bon
nombre autour de moi, malgré mon penchant pour la solitude. Mais je ne me
laissais pas faire ; j’étais redouté de mes copains parce que je m’appliquais
impitoyablement à redresser toute injustice dont je me voyais victime. Par
contre, je me suis très bien entendu avec une petite Suédoise qui s’apprêtait à
étudier la médecine : pendant toutes mes années de lycée, j’ai partagé
avec elle le même banc sans jamais me disputer.
    Dans ma treizième année, se produisait un incident qui vint
ébranler pour la première fois mes convictions religieuses. Au cours de la
bousculade habituelle à l’entrée de la salle de gymnastique, un camarade de
classe que j’avais poussé trop violemment avait dégringolé l’escalier et s’était
brisé la cheville : on m’infligea aussitôt deux heures d’arrêt. C’était un
samedi, et comme toutes les semaines, j’allai me confesser et je relatai ma
mésaventure avec une complète sincérité. Je n’en parlai pas à la maison pour ne
pas gâcher à mes parents leur dimanche : de toute façon, ils seraient
renseignés la

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