Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
Vom Netzwerk:
capitaine se tenait à proximité et me lançait
de temps à autre des mots d’encouragement. L’attaque s’arrêta : les
Hindous ne s’étaient pas attendus à une résistance sérieuse. Entre-temps, les
Turcs étaient revenus et passés à la contre-attaque ; en fin de journée,
nous avions reconquis tout le terrain perdu. En avançant, je m’arrêtai auprès
de « mon mort » et je le contemplai avec un sentiment pénible.
Peut-être en avais-je tué ou blessé quelques autres car je visais avec
précision sur chaque adversaire qui se découvrait, mais j’étais trop agité pour
m’attarder à cette question.
    Le capitaine se dit étonné par le calme dont j’avais fait
preuve pendant mon premier combat, mon baptême du feu. Heureusement, il
ignorait la peur que j’avais éprouvée. Plus tard, lorsque je lui racontai tout,
il se contenta de rire : chaque soldat, me dit-il, avait connu ces mêmes
angoisses.
    J’avais une confiance absolue en cet officier ; je le
vénérais avec un élan que je n’avais pas connu pour mon père. Lui aussi
manifestait à mon égard une sollicitude paternelle. Il ne m’épargnait pas ses
observations mais n’aimait pas m’envoyer en éclaireur : je devais chaque
fois insister pour obtenir son consentement. Il ne me proposait jamais pour un
avancement ou une citation, mais il était fier comme pas un lorsque je les
obtenais. Je fus profondément affligé par sa mort qui survint au printemps 1918,
pendant la deuxième bataille du Jourdain.
    Au début de 1917, notre unité fut déplacée sur le front de
Palestine. Nous nous trouvions maintenant sur un sol sacré. Des noms et des
légendes connus depuis mon enfance surgissaient à chaque pas. Mais l’ambiance n’était
pas celle que nous avions imaginée pendant nos leçons de catéchisme ou à
travers les illustrations de nos livres d’histoire sainte.
    Après avoir été employés à la garde du chemin de fer du
Hedjaz, nous fûmes transférés dans le secteur de Jérusalem. C’est là que je me
heurtai un beau matin, en rentrant avec une patrouille de l’autre rive du
Jourdain, à un convoi de chariots chargés de lichen. Comme nous avions ordre de
perquisitionner tous les véhicules afin de découvrir des armes que les Anglais
envoyaient par tous les moyens possibles à la population arabe, lasse de la
domination turque, nous fîmes arrêter le convoi et décharger les chariots.
    Par le truchement de notre interprète, un garçon hindou,
nous apprîmes des paysans que le lichen était destiné aux couvents de Jérusalem
où on le vendait aux pèlerins. L’explication me parut alors peu convaincante.
Mais un peu plus tard, lorsque, blessé, je me trouvai à l’hôpital de Wilhelma,
village allemand créé jadis par des colons qui avaient fui le Wurtemberg pour
échapper à des persécutions religieuses, j’appris de mes compatriotes qu’on se
livrait effectivement à Jérusalem à un commerce actif de ce lichen. On faisait
croire aux pèlerins que cette plante d’un gris blanc taché de rouge provenait
du Golgotha et que les taches étaient des traces laissées par le sang du Christ :
aussi vend-on ce lichen à des prix élevés. Les colons avaient encore vingt
autres histoires à me raconter sur les méthodes employées en temps de paix aux
lieux saints par les représentants de toutes les Églises pour extorquer de l’argent
aux pèlerins crédules. D’ailleurs j’ai pu l’observer moi-même en flânant dans
Jérusalem et Nazareth, après ma guérison. Les pèlerins y étaient peu nombreux
certes, pendant la guerre, mais les soldats allemands et autrichiens les
remplaçaient avantageusement.
    La plupart de mes camarades ne partageaient pas l’écœurement
que j’éprouvais devant cette exploitation honteuse. Puisqu’il y avait des gens
suffisamment bêtes pour se laisser escroquer, disaient-ils, ils n’avaient qu’à
payer pour leur stupidité. D’autres considéraient ce trafic comme une espèce d’industrie
touristique ainsi qu’il en existe un peu partout dans le monde autour des
grands sanctuaires. Quelques-uns, pourtant, catholiques dévots comme je l’étais
moi-même, n’avaient pas assez de mots pour condamner les procédés malhonnêtes d’un
clergé prêt à priver de leurs derniers sous de pauvres gens animés d’une foi
profonde qui, parfois, avaient vendu tous leurs biens pour prier une fois dans
leur vie sur le lieu même de la passion du Christ.
    Je dois ajouter que tous

Weitere Kostenlose Bücher