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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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les soldats de mon unité,
originaires de la Forêt Noire, étaient des catholiques sincères : je ne
les ai jamais entendus proférer une seule parole hostile à l’Église. Mais les
impressions recueillies au cours de nos conversations sur tout ce trafic m’ont
longtemps travaillé : elles ont probablement joué un rôle décisif lorsque
je me détachai par la suite de l’Église.
    C’est à cette même époque que j’ai vécu ma première aventure
amoureuse. J’étais soigné à l’hôpital de Wilhelma par une jeune infirmière
allemande. Blessé d’une balle au genou, atteint d’une violente crise de
paludisme, délirant de fièvre, je devais être surveillé de très près. L’infirmière
s’occupait de moi avec le dévouement d’une mère mais je m’aperçus bientôt que
ses sentiments n’étaient pas uniquement maternels. Jusqu’alors, je n’avais pas
encore connu l’amour. On en parlait beaucoup entre soldats, mais l’occasion d’aimer
ne s’était jamais présentée à moi au cours d’une dure campagne en pays
étranger. Habitué depuis mon enfance à écarter toute manifestation de
tendresse, j’étais au début très décontenancé lorsqu’elle me caressait
tendrement la joue, lorsqu’elle s’appuyait et se serrait contre moi. Sans ses
avances, je ne me serais jamais risqué à pousser cette aventure jusqu’au bout
et à m’initier au charme magique d’une vraie passion. Ma partenaire était si
douce, si charmante, que mon amour pour elle a exercé son influence sur tout le
cours ultérieure de mon existence. Je renonçai une fois pour toutes aux
conversations frivoles, aux rapports sexuels sans affection sincère, aux
amourettes passagères et à la fréquentation des maisons closes.
    La guerre touchait à sa fin. Elle m’avait fait mûrir
physiquement et moralement : elle m’avait marqué pour toujours. Je m’étais
évadé de l’étroitesse de la vie familiale ; j’avais élargi mon horizon, j’avais
parcouru le monde et appris à connaître les misères de l’humanité. Le potache
peureux du premier combat s’était transformé en soldat, en guerrier rude et
obstiné. Décoré de la croix de fer de première classe, j’étais, à dix-sept ans,
le plus jeune sous-officier de l’armée allemande. Depuis ma promotion à ce
grade on ne m’employait plus qu’à des missions importantes, lointaines, comme
éclaireur, ou pour organiser des sabotages. J’avais appris à cette même époque
que la capacité de conduire les hommes dépend de vos qualités personnelles et
non pas du nombre de vos galons, et que le calme glacial, inébranlable, du chef
joue dans des situations difficiles un rôle décisif. Mais j’avais compris aussi
combien il était difficile de servir de modèle aux autres et de ne rien laisser
percer au-dehors des angoisses qui vous assaillent.
    Nous nous trouvions à Damas lorsque nous parvint la nouvelle
de la signature de l’armistice. J’étais fermement décidé à ne pas me laisser
interner et à me frayer un chemin vers ma patrie par mes propres moyens. Mes
chefs me le déconseillaient, mais tous les hommes du détachement que je
conduisais depuis le printemps 1918 se déclarèrent prêts à me suivre. Ils
avaient tous plus de trente ans et moi seulement dix-huit.
    C’est ainsi que nous entreprîmes une chevauchée aventureuse
à travers l’Anatolie et ensuite (après avoir traversé la mer Noire sur un
misérable bateau à voile) à travers la Bulgarie, la Roumanie, les Alpes
enneigées de la Transylvanie, la Hongrie et l’Autriche. Nous étions sans cartes
et nos notions géographiques ne dépassaient pas celles que nous avions reçues à
l’école. Il nous fallait réquisitionner la nourriture pour nous-mêmes et pour
nos chevaux ; en Roumanie, qui était passée dans le camp adverse, nous
nous trouvions obligés de livrer de durs combats.
    Au bout d’une randonnée de trois mois, nous rentrâmes en
Allemagne pour nous présenter aussitôt à notre unité de réserve, où personne n’attendait
plus notre retour. D’après mes renseignements, nous étions la seule formation
complète qui avait réussi à rentrer de ce théâtre d’opérations.
    Pendant toute la guerre, j’avais été assailli de doutes au
sujet de ma vocation ecclésiastique. L’incident du confessionnal avait laissé
ses traces ; le trafic avec les objets sacrés sur les lieux saints avait
définitivement ébranlé ma confiance dans le clergé. Je n’en

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