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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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extrêmes les hommes désireux d’échapper à la
torture mentale et de retrouver la paix.
    D’après mon expérience, les cas de folie simulée par les prisonniers
sont extrêmement rares, car le transfert dans un asile d’aliénés n’abrège en
aucune façon la durée de la peine. On est appelé à la purger en entier une fois
reconnu guéri, à moins de rester interné dans l’asile jusqu’à la fin de ses
jours. C’est peut-être pour cette raison que la plupart des prisonniers
éprouvent une peur presque superstitieuse de passer pour fous.
    Ayant recouvré mon calme et mon équilibre, je continuais à
poursuivre mon existence au pénitencier sans incident particulier. Pendant mes
heures libres, j’apprenais assidûment l’anglais. Je m’étais fait envoyer des
manuels, plus tard des livres et des périodiques et, sans aucune aide
extérieure, j’acquis au bout d’un an une bonne connaissance de cette langue. C’était
d’ailleurs un moyen excellent de discipliner mon esprit.
    Des camarades et des amis me fournissaient régulièrement d’autres
bons livres de toute nature : je m’intéressais tout particulièrement à l’histoire,
à la théorie des races et de l’hérédité. Le dimanche, je jouais aux échecs avec
des prisonniers dont la compagnie me convenait, en m’efforçant de stimuler de
cette façon l’agilité de mon esprit. D’autres impulsions m’étaient données par
les lettres, les quotidiens et les périodiques qui me parvenaient en grand
nombre de divers côtés, et s’il m’arrivait parfois de retomber dans la
mélancolie et l’irritation, il me suffisait de penser à la crise que je venais
de surmonter pour dissiper ces nuages : la crainte d’une rechute agissait
sur moi comme un coup de fouet.
    Au cours de la quatrième année de mon internement, je passai
dans la troisième catégorie et profitai de diverses facilités nouvelles. Je
pouvais expédier une lettre tous les quinze jours sur papier ordinaire ;
je n’étais pas astreint au travail mais je pouvais le choisir librement à mon
goût. Ma rémunération était sensiblement augmentée et il m’était permis de
dépenser, sur mon argent personnel, jusqu’à vingt marks par mois ; enfin,
privilège fort appréciable, je pouvais écouter la radio et fumer à certaines
heures.
    Un poste d’employé aux écritures dans le dépôt de
manutention se trouvant libre, je posai aussitôt ma candidature et je me
procurai alors un travail varié ainsi qu’un contact permanent avec les
prisonniers de toutes les sections qui venaient du matin au soir pour échanger
leurs vêtements et leur linge ou pour obtenir des outils de travail. Les
gardiens qui les accompagnaient, ainsi que les autres employés, me
renseignaient amplement sur tous les petits événements de notre prison. La
manutention était un centre de diffusion de toutes les nouvelles, vraies ou
fausses.
    Les « bobards » représentent l’élixir vital d’une
prison. Ils se répandent avec la rapidité d’un éclair. Dans son isolement, un
prisonnier est prêt à admettre n’importe quoi : la nouvelle la plus
absurde est aussitôt acceptée, commentée, communiquée aux autres. L’un de mes
collaborateurs à la manutention (il y travaillait déjà depuis dix ans et
faisait presque partie de l’inventaire) éprouvait une joie véritablement
satanique à inventer et à répandre les nouvelles les plus invraisemblables pour
voir ensuite l’effet qu’elles produiraient. Il agissait avec beaucoup d’habileté
et l’on ne savait jamais s’il fallait prendre au sérieux ou non les histoires
qu’il débitait.
    Il m’est arrivé une fois d’être la victime d’un bobard de ce
genre. On avait répandu le bruit que j’avais la possibilité de recevoir la nuit
des femmes dans ma cellule en bénéficiant des amitiés que je m’étais faites
dans l’administration. L’un des prisonniers se chargea, par l’intermédiaire d’un
gardien imbécile, de porter ce fait, sous forme de plainte, à la connaissance
de la commission de contrôle. Au beau milieu de la nuit, le président de cette
commission, accompagné du directeur de la prison et de toute une séquelle de
fonctionnaires tirés de leurs lits, surgit dans ma cellule pour me surprendre
en flagrant délit. On ne parvint pas, malgré des enquêtes approfondies, à
établir l’identité du dénonciateur ni celle du prisonnier qui se trouvait à l’origine
de toute l’histoire. C’est seulement

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