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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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camps de concentration pour les rééduquer et les
adapter à des occupations plus utiles. À Dachau, où les homosexuels étaient
infiniment moins nombreux qu’à Sachsenhausen, leur présence posait déjà un
problème sérieux à l’administration. Le commandant et le chef de la garde du
camp jugeaient préférable de les disperser dans les différentes baraques ;
moi, j’étais d’un avis contraire : je ne les connaissais que trop bien d’après
mes expériences du pénitencier.
    Effectivement, au bout de peu de temps, les rapports en
provenance de tous les blocs venaient nous signaler que des relations
homosexuelles s’établissaient entre les internés. On eut recours à des
sanctions qui ne produisirent pas le moindre effet : la contagion se
répandait rapidement.
    Sur ma proposition, on les réunit alors dans un seul bloc.
On leur désigna un chef de chambrée qui savait les manier. On les fit
travailler en les séparant des autres internés : pendant un bon moment ils
furent chargés de tirer le rouleau compresseur sur la route. On leur adjoignit
quelques prisonniers qui s’adonnaient au même vice et qui se trouvaient dans d’autres
secteurs.
    D’un seul coup l’épidémie avait disparu, abstraction faite
de quelques cas isolés. Quant à ceux qu’on avait rassemblés dans une seule
baraque, ils étaient soumis à une surveillance suffisamment sévère pour leur
enlever toute possibilité de se livrer à leur vice.
    Je me souviens d’un cas particulièrement frappant. Il s’agissait
d’un prince roumain domicilié avec sa mère à Munich et connu dans toute la
ville pour ses penchants contre nature. Il s’était rendu impossible et on s’était
vu obligé de l’interner à Dachau sans tenir compte de ses hautes relations
mondaines et politiques. La Gestapo affirmait que ce noceur invétéré s’était
lassé des femmes et avait trouvé dans l’homosexualité un simple moyen de se
distraire. Le Reichsführer SS pensait que le dur labeur et les conditions
pénibles de l’existence dans un camp de concentration contribueraient à sa
guérison rapide. Lorsqu’on l’amena chez nous j’ignorais les raisons de son
internement. Mais je reconnus immédiatement un inverti authentique rien qu’en
observant son regard inquiet, ses mouvements efféminés et ondulants, ses
sursauts aux moindres bruits. Lorsque le commandant l’interpella sur un ton
brusque, il se mit à pleurer. Il ne voulait pas se rendre à la douche en
prétendant qu’il avait honte. Lorsqu’il se déshabilla nous comprîmes la vraie
raison de ses réticences : tout son corps était tatoué, recouvert jusqu’aux
poignets et aux chevilles de dessins obscènes. On y voyait représentées toutes
les perversions imaginables et inimaginables, mais aussi des hommes normalement
accouplés avec des femmes. C’était un album vivant qui aurait certainement intéressé
au plus haut degré des savants spécialisés dans les déviations de la sexualité.
Sur ma demande, il m’expliqua que les dessins qui avaient servi de modèle aux
tatouages avaient été collectionnés par lui-même dans tous les ports du Vieux
et du Nouveau Monde.
    Nous avions ordre de photographier, pour les besoins des
services anthropométriques, tous les tatouages trouvés sur le corps des
internés. Conduit chez le photographe, il fut immédiatement saisi d’une
agitation maladive. En le reconduisant dans son bloc, je dis au chef de la
chambrée que je le rendais responsable de cet homme : il ne devait pas
échapper un seul instant à sa surveillance. Au bout de quelques heures, lorsque
je revins voir cet être étrange, le chef de bloc me pria de le relayer sans
tarde. Il n’en pouvait plus. Le malheureux s’était tenu tout le temps devant le
poêle, immobile, les yeux hagards. Mais lorsque quelqu’un l’approchait, le
touchait ou essayait de le faire bouger, il se mettait immédiatement dans un
état extrême d’excitation sexuelle. Je le conduisis chez le médecin. Dès les
premières questions au sujet de son état, l’excitation s’empara de nouveau de
lui. Il avoua éprouver depuis son adolescence des désirs sexuels immodérés qu’il
n’arrivait pas à satisfaire.
    Le médecin ne tarda pas à établir un rapport destiné au Reichsführer.
Sa conclusion était formelle : la place de cet homme n’était pas dans un
camp de concentration mais dans une maison de santé ; il n’y avait aucun
espoir de le rééduquer par le travail.

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