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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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cause.
    Pour en revenir aux exécutions du début de la guerre, je
voudrais encore décrire les différentes attitudes des condamnés devant la mort.
    Les « sectateurs de la Bible », comme je viens de
le dire, paraissaient heureux, animés de la ferme conviction qu’ils entreraient
quelques instants plus tard dans le royaume de Jéhovah.
    Ceux qui refusaient le service militaire ou se livraient au
sabotage par conviction politique étaient résignés et dignes et se soumettaient
calmement à leur inexorable destin.
    Quant aux professionnels du crime, aux asociaux dans le sens
précis du terme, certains d’entre eux affichaient une attitude cynique et
insolente, en s’efforçant de dissimuler leur peur ; d’autres, saisis de
fureur, résistaient à leurs gardiens ; d’autres encore se répandaient en
gémissements et demandaient l’assistance d’un prêtre. Il me suffira de citer
deux exemples. Les frères Sass, arrêtés au Danemark au cours d’une rafle,
avaient été livrés aux autorités allemandes, conformément aux conventions
internationales. C’étaient des cambrioleurs réputés dans toute l’Europe comme
spécialistes de l’effraction des coffres-forts. Condamnés à plusieurs reprises,
ils avaient chaque fois réussi à s’évader en déjouant toutes les mesures de
précaution. Leur dernier coup, brillamment réussi, était le pillage de la cave
qui servait à une grande banque berlinoise d’entrepôt pour les coffres-forts.
Cette cave était munie de tous les dispositifs modernes de sécurité. Pour s’y
introduire, ils avaient creusé un tunnel en partant d’un cimetière qui se
trouvait de l’autre côté de la chaussée. Une fois dans la place, ils s’étaient
tranquillement emparés de valeurs, de devises, de lingots d’or et de bijoux
pour une somme fort considérable et avaient déposé ensuite leur butin dans
différentes tombes. Le cimetière était devenu « leur banque » :
ils s’y rendaient lorsqu’ils avaient besoin de nouveaux fonds. C’est là qu’ils
furent arrêtés par la police. Le tribunal de Berlin les condamna l’un à douze,
l’autre à dix ans de travaux forcés. C’était le maximum de la peine prévue à l’époque
par les lois allemandes.
    Deux jours après le verdict, le Reichsführer usant de ses
pouvoirs spéciaux, fit extraire les deux bandits de la prison préventive et les
expédia à Sachsenhausen avec ordre de les fusiller sur-le-champ.
    Les fonctionnaires qui les avaient amenés en camion nous ont
raconté que pendant le trajet les deux hommes avaient fait montre de beaucoup d’arrogance,
exigeant avec insistance qu’on leur fît connaître le lieu où on les expédiait.
    Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit prévu pour l’exécution, au
centre de la carrière de sable, je leur donnai lecture de l’ordre qui les
condamnait à mort. Ils menèrent aussitôt grand tapage : « Mais cela
ne peut pas être ! Qu’est-ce qui vous prend ? Tout d’abord, il nous
faut un prêtre », etc. Ils ne voulaient pas se placer devant le poteau et
je me vis obligé de les attacher. Ils résistaient furieusement. Je fus vraiment
soulagé lorsque je pus donner l’ordre de faire feu.
    … Un récidiviste, déjà plusieurs fois condamné pour attentat
aux mœurs, avait entraîné à Berlin une fillette de huit ans dans un couloir
pour la violer et l’étrangler. Il s’était vu infliger par le tribunal une peine
de quinze ans de travaux forcés. Mais le jour même du verdict on l’expédia à
Sachsenhausen avec ordre de l’exécuter.
    Je le vois encore descendant du fourgon à l’entrée de la
cour, arborant un sourire cynique. C’était un homme d’un certain âge, déchu,
débraillé : en un mot, l’asocial type. Lorsque je lui annonçai qu’on
allait le fusiller, il devint tout pâle et se mit à hurler, à sangloter et à
prier. Il demandait grâce : c’était vraiment un spectacle hideux. Je fus
obligé de l’attacher, lui aussi, au poteau en me demandant si cette loque
humaine, dénuée de tout sens moral, pouvait avoir peur d’un « au-delà » ?
Comment expliquer autrement sa conduite ?
    … Avant la guerre, à l’époque où se déroulaient les Jeux
olympiques de Berlin, les autorités avaient procédé à un ratissage des routes
et des agglomérations urbaines en faisant arrêter les mendiants, les vagabonds
ainsi que les prostituées et les homosexuels devenus par trop envahissants. On
les avait expédiés dans les

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