Le commandant d'Auschwitz parle
de 1937, leur propagande s’intensifia et
attira sur eux l’attention des autorités. On procéda à des enquêtes et à l’arrestation
de leurs responsables. On obtint ainsi la preuve que les adversaires du Reich
travaillaient assidûment à répandre les idées des « sectateurs de la Bible »
dans le but de miner, par le biais de la religion, la volonté de défense du
peuple allemand. Lors de la déclaration de guerre, on s’aperçut effectivement
qu’on aurait encouru un grand danger si on n’avait pas pris soin d’arrêter à
partir de 1937 les responsables les plus actifs et les « sectateurs de la
Bible » les plus fanatiques. C’est en procédant ainsi qu’on avait pu
arrêter à temps la propagation des idées de la secte.
À l’intérieur du camp, les « sectateurs » se
comportaient comme des travailleurs consciencieux. Ils méritaient toute
confiance et on aurait pu les envoyer au-dehors sans les faire accompagner par
des sentinelles, si grand était leur désir de subir la prison à la gloire de
Jéhovah. Mais ils étaient inébranlables dans leur refus de participer si peu
que ce soit à la moindre activité se rapportant à l’armée ou à la guerre.
Ainsi, par exemple, les femmes de la secte internées à Ravensbrück refusaient
net d’emballer les paquets de pansements pour les premiers soins. D’autres
fanatiques ne voulaient pas s’aligner à l’appel et se laissaient compter
seulement en groupes épars.
Les membres de la secte internés au camp étaient tous
affiliés à l’Union internationale. Il faut pourtant reconnaître qu’ils
ignoraient tout de la façon dont les activités de cette Union étaient
organisées. Ils n’avaient de contact qu’avec les responsables chargés de
distribuer les tracts et de présider leurs réunions. Ils n’avaient pas la
moindre idée des buts politiques poursuivis par ceux qui abusaient de leur
fanatique crédulité. Lorsqu’on leur en parlait, ils répondaient aussitôt qu’ils
n’y comprenaient rien. Ils n’avaient qu’à obéir à l’appel de Jéhovah et à lui
rester fidèles. La volonté de Jéhovah se manifestait à eux dans leurs visions ;
elle se révélait par la lecture bien comprise de la Bible, par les sermons et
les tracts de leur association. C’était pour eux la vérité pure : il n’y
avait pas à l’interpréter. Rien ne leur paraissait plus beau, plus désirable
que de souffrir et même de mourir pour Jéhovah et pour son enseignement :
moyen le plus sûr d’accéder au rang des élus. Ils acceptaient sans murmure la
prison, l’internement dans les camps avec toutes les souffrances que cela
comportait. Il était émouvant de voir avec quel amour du prochain ils prenaient
soin de leurs coreligionnaires et leur apportaient toute l’aide possible.
Il y eut pourtant un bon nombre de cas où ces illuminés se
déclarèrent prêts, sans avoir subi la moindre contrainte, à abjurer leur foi.
Ils signaient l’engagement solennel de rompre tous liens avec l’Union
internationale, de se soumettre à toutes les lois de l’État et de renoncer à
tout prosélytisme. Après avoir signé cette abjuration, ils restaient encore
pendant un certain temps dans le camp parce qu’on voulait s’assurer de leur
sincérité. Par la suite on les libérait.
Ces renégats étaient naturellement très mal vus par leurs
frères. Ceux-ci les soumettaient à une pression morale et les amenaient parfois
à revenir sur leur décision ; c’étaient surtout les femmes qui étaient
sujettes à des remords. De toute manière on ne pouvait ébranler leur foi d’une
façon définitive. Les renégats eux-mêmes voulaient rester fidèles à Jéhovah,
même en quittant la communauté. Si l’on attirait leur attention sur des
contradictions dans leur doctrine, ils répondaient qu’elles n’apparaissaient qu’aux
yeux des hommes, tandis que pour Jéhovah, il n’y avait pas de contradictions :
lui et sa doctrine étaient infaillibles.
Himmler lui-même a dit à maintes reprises, tout comme Eicke,
que la foi exaltée des « sectateurs de la Bible » pouvait servir de
modèle aux SS. Ceux-ci auraient dû être animés d’un fanatisme aussi
inébranlable dans leur attachement pour Hitler et le national-socialisme. L’avenir
du Reich hitlérien se trouverait assuré seulement lorsque tous les SS se
seraient pénétrés de la nouvelle conception du monde en faisant le sacrifice
complet de leur « moi » à la grande
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