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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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approuver leur
conduite et les incitent à la brutalité, éprouvant une joie satanique lorsqu’ils
peuvent dresser les détenus les uns contre les autres [61] .
    Je n’oublie pas qu’il existe, parmi les responsables eux-mêmes,
des créatures brutales, vulgaires, dépravées et criminelles qui n’ont pas
besoin d’encouragement pour infliger à leurs propres camarades des souffrances
physiques et morales par pur sadisme, les poussant même au suicide.
    Aujourd’hui où je suis moi-même prisonnier, j’ai eu maintes
occasions, dans mon univers limité, d’observer dans une moindre mesure des
faits semblables.
    Avec plus de clarté qu’ailleurs, la prison fait apparaître
la vraie nature d’Adam. L’homme se défait de tout ce qui n’appartient pas à sa
propre nature, de tout ce que l’éducation et les usages lui ont inculqué. Il ne
joue plus à cache-cache avec lui-même. Il se montre nu, tel qu’il est
véritablement, bon ou mauvais selon le cas.
    Quelle influence exerçaient les conditions d’existence au
camp d’Auschwitz sur les diverses catégories d’internés ?
    Pour les Allemands, les sujets du Reich de toutes
catégories, il n’y avait pas de problème. Ils occupaient tous presque sans
exception des postes de « responsables » suffisamment élevés pour
leur donner la possibilité de satisfaire tous leurs besoins matériels. Ce qu’ils
ne pouvaient pas obtenir par les voies légales, ils se le procuraient d’une
autre façon [62]  ;
d’ailleurs, ce privilège s’étendait à Auschwitz à tous les représentants de l’administration,
quelle que fût leur nationalité ou leur « triangle [63]  » Seuls l’intelligence,
l’audace et le manque de scrupule décidaient du succès. Les occasions n’ont
jamais manqué.
    À partir du moment où fut inauguré l’action contre les
Juifs, il n’existait pratiquement rien qu’on ne pût se procurer de façon ou d’autre [64] . Les hommes qui
exerçaient des fonctions élevées disposaient en plus de la possibilité de se
déplacer à leur gré.

Les Polonais
    Jusqu’au début de 1942 les détenus polonais représentaient
le contingent le plus important.
    Ils savaient tous qu’ils resteraient internés pour le moins
jusqu’à la fin de la guerre. La plupart d’entre eux étaient convaincus que l’Allemagne
perdrait la guerre ; après Stalingrad, personne n’en doutait plus. Grâce
aux renseignements qui leur parvenaient sur nos adversaires, ils étaient
extrêmement bien renseignés sur la « situation réelle » de l’Allemagne.
    À Auschwitz, rien n’était plus facile que d’écouter la radio :
les récepteurs n’y manquaient pas. Même dans ma propre maison, on se mettait à
l’écoute pour entendre les bulletins ennemis. Grâce à la complicité des
travailleurs civils et parfois même des SS, il était loisible d’entretenir une
correspondance suivie avec l’extérieur [65] .
Chaque convoi de prisonniers apportait les dernières nouvelles du jour. Et
comme aux yeux de la propagande ennemie la défaite des puissances de l’Axe n’était
qu’une question de temps, les détenus polonais ne voyaient pas de raison
particulière pour désespérer.
    Ils se demandaient seulement qui d’entre eux aurait la
chance de survivre. Cette incertitude pesait lourdement sur eux : chacun
avait peur de devenir la victime de la fatalité. Il pouvait être enlevé par une
épidémie. Il pouvait être fusillé ou pendu comme otage ; il pouvait être
traduit devant le conseil de guerre et condamné à mort comme participant à un
groupe de résistance. Il pouvait être liquidé en guise de représailles, être
victime d’un accident mortel provoqué par la malveillance au cours de son
travail ; mourir à la suite de mauvais traitements ou de n’importe quel
accident auquel il était perpétuellement exposé [66] .
    Il devait constamment se demander s’il serait capable de se
maintenir physiquement alors que la nourriture devenait de plus en plus
insuffisante, l’entassement des prisonniers de plus en plus insupportable,
tandis que les conditions d’hygiène s’aggravaient et que le travail par tous
les temps restait aussi pénible.
    À tout cela venaient s’ajouter les soucis concernant la famille
et les proches. Étaient-ils encore chez eux ? Ne les avait-on pas arrêtés
et envoyés au loin comme travailleurs forcés ? Étaient-ils seulement
vivants ?
    Beaucoup de détenus polonais ont tenté de s’arracher à

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