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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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les
réunissait chez nous avec mes collaborateurs du camp en espérant ainsi
améliorer mes relations avec ces derniers. Toujours animée de la même
intention, elle organisait aussi des réunions à l’extérieur du camp. Pourtant
elle tenait aussi peu à ces mondanités que moi-même.
    Il m’arrivait parfois de m’arracher à ma solitude, mais de
nouvelles déceptions survenaient aussitôt et je rentrais rapidement dans ma
tour d’ivoire.
    Ma conduite était critiquée même par les étrangers, mais je
ne pouvais plus me changer : la société des hommes n’avait plus d’attrait
pour moi.
    Après avoir organisé moi-même une réunion avec des intimes,
il m’arrivait souvent de rester muet, rébarbatif : j’aurais préféré m’enfuir
pour rester seul et ne voir personne. Je faisais alors un effort sur moi-même
et je cherchais un dérivatif dans l’alcool. Je reprenais la conversation, je
devenais d’une gaieté débordante. Je n’ai jamais eu le vin triste et je ne me
suis disputé avec personne sous l’influence de la boisson. Aussi devenais-je
plus bienveillant après avoir bu quelques verres ; je me laissais aller à
des confidences dont j’aurais été incapable en d’autres circonstances. Pourtant
je ne me livrais guère à des excès de boisson, et je disparaissais sans me
faire remarquer lorsque j’en avais assez. Il ne pouvait être question pour moi
de négliger le service : même après une réunion joyeuse, j’étais à mon
bureau à l’heure précise, frais et dispos. J’exigeais la même conduite de mes
subordonnés et je ne voulais pas les démoraliser par un mauvais exemple.
    D’ailleurs ils ne me comprenaient pas très bien. Ils se
présentaient à l’heure, contraints et forcés, et critiquant violemment « cette
marotte du vieux ». Mais puisque je voulais être à la hauteur de ma tâche,
il m’incombait de jouer le rôle de moteur infatigable, appelé à inciter tout le
monde au travail, les SS comme les prisonniers, et à combattre leur négligence,
leur indifférence, leur manque de zèle. Une résistance active se laisse briser
facilement ; il en va tout autrement avec une résistance passive,
insaisissable, contre laquelle il n’y a aucun recours même si l’on s’acharne
contre elle. Aussi, pour lutter contre la mauvaise volonté, je n’avais d’autre
ressource que de sévir.
Auschwitz en pleine activité
    Avant la guerre, les camps de concentration n’avaient servi
qu’à assurer la sécurité de l’État. Mais, dès le début des hostilités, le Reichsführer
leur avait assigné un rôle tout différent. L’internement n’était plus qu’un
moyen pour obtenir la main-d’œuvre nécessaire. Chaque prisonnier devait servir
les besoins de la guerre, se transformer, dans toute la mesure du possible, en
ouvrier de l’armement et chaque commandant devait exploiter son camp dans ce
but unique.
    Selon la volonté du Reichsführer, Auschwitz était destiné à
devenir une immense centrale de matériel de guerre actionnée par les déportés.
Les indications qu’il nous donna lors de sa visite de mars 1941 étaient
suffisamment précises. Il ne s’agissait plus d’élargir l’ancien camp pour y
recevoir trente mille internés : il fallait encore installer un camp pour
cent mille prisonniers de guerre et tenir dix mille internés à la disposition
de l’entreprise chimique « Buna [60]  ».
C’étaient là des chiffres tout nouveaux dans l’histoire des camps de
concentration car, à l’époque, un camp comprenant dix mille prisonniers
représentait déjà quelque chose d’inhabituel.
    J’étais impressionné au plus haut degré par l’insistance
avec laquelle Himmler soulignait la nécessité de procéder à une construction et
à une installation rapides, sans tenir compte des lacunes existantes et de
toutes les difficultés auxquelles nous nous heurtions au cours de notre
travail. La façon dont il écartait les objections du Gauleiter et du gouverneur
de la province démontrait nettement qu’il avait en vue quelque chose d’extraordinaire.
    En servant dans les SS et sous les ordres du Reichsführer, j’avais
déjà appris à ne m’étonner de rien. Pourtant le ton dur et implacable avec
lequel Himmler exigeait maintenant l’exécution immédiate de ses nouvelles
instructions était fait pour me surprendre : Glücks lui-même s’en montrait
fort étonné. Or c’était moi qui allais être le seul responsable de tout.

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