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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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ces
hantises par l’évasion. Ce n’était pas une entreprise particulièrement
difficile ; à Auschwitz les possibilités d’évasion étaient innombrables.
Rien n’était plus simple que de détourner l’attention des gardiens et de créer
les autres conditions préalables. Tout dépendait du courage, de l’audace et d’un
minimum de chance. Lorsqu’on mise tout sur une seule carte, on sait évidemment
que l’on risque sa peau.
    À ces projets d’évasion s’opposait toutefois la crainte des
représailles, de l’arrestation des membres de la famille, d’une liquidation d’une
dizaine ou même d’un nombre plus grand de compagnons d’infortune [67] .
    Beaucoup d’évadés ne se sont pas laissé arrêter par ces
considérations. Une fois sortis de l’enceinte de garde, ils pouvaient compter
sur le concours de la population civile des environs ; quant à la suite,
elle ne posait plus aucun problème. Si le coup ne réussissait pas, c’était la
fin. D’une façon ou de l’autre, pas d’autre issue que la mort.
    Lorsqu’on avait fusillé un évadé, le camp entier devait
défiler devant son cadavre, pour s’inspirer de son exemple. Le spectacle a
certainement fait hésiter un bon nombre de ceux qui projetaient de s’évader ;
d’autres en revanche ne se sont pas laissé impressionner car ils savaient que
quatre-vingt-dix pour cent des évasions réussissaient [68] .
    Je me suis souvent demandé quels pouvaient être les
sentiments éprouvés par les internés pendant ce lugubre défilé. En scrutant
attentivement leurs visages, j’y lisais le saisissement, la pitié pour la
malheureuse victime et la volonté de se venger lorsque le temps serait venu.
    J’ai vu la même expression sur leur visage lorsqu’ils
étaient appelés à assister à une pendaison ; on y distinguait seulement,
avec plus de netteté, la peur d’un destin semblable.
    Il me faut aussi parler des conseils de guerre et des
exterminations d’otages qui ne concernaient que les détenus polonais.
    Dans la plupart des cas, ces otages étaient déjà internés
depuis un certain temps ; mais ni eux-mêmes, ni l’administration du camp
ne savaient pour quel rôle on les avait choisis. Soudain un ordre de la police
de sécurité était transmis par radio : « Les détenus énumérés
ci-dessous doivent être fusillés ou pendus comme otages. »
    Nous n’avions que quelques heures pour exécuter l’ordre et
pour dresser notre rapport. Les victimes étaient arrachées à leur lieu de
travail ou tirées des rangs pendant l’appel, et mises aux arrêts. Les détenus
qui avaient déjà l’expérience du camp savaient à quoi s’en tenir ou tout au
moins le soupçonnaient.
    Dans le « Bunker [69]  »,
on leur lisait l’ordre d’exécution. Pendant la première période de 1940-1941 un
commando de troupes était chargé de les fusiller. Plus tard on les pendit ou on
les tua un par un en leur logeant une balle dans la nuque, tirée d’un fusil de
petit calibre. Quant aux malades couchés à l’infirmerie, on les liquidait par
piqûre.
    Le conseil de guerre de Katowice se rendait habituellement
toutes les quatre ou six semaines à Auschwitz et siégeait dans le Bunker. On
lui présentait les inculpés qui, dans la plupart des cas, se trouvaient déjà
depuis un bon moment dans le camp. Le président les interrogeait avec l’aide d’un
interprète et leur demandait s’ils avouaient. Dans tous les cas où j’ai assisté
aux « audiences », les prévenus ont avoué en toute franchise et avec
beaucoup d’assurance, sans subir la moindre contrainte. Plusieurs femmes se
sont distinguées par un courage particulier.
    Dans la plupart des cas, on prononçait un verdict de mort et
l’exécution se faisait séance tenante. Tout comme les otages, ces condamnés
marchaient vers leur destin résignés et la tête haute, convaincus de s’être
sacrifiés pour leur patrie. Je lisais souvent dans leurs yeux ce fanatisme que
j’avais connu déjà chez les « sectateurs de la Bible » lors de leur
exécution.
    Les criminels de droit commun condamnés par le conseil de
guerre pour des actes de banditisme, pour attaque à main armée, affrontaient la
mort d’une toute autre façon. Les uns se montraient indifférents, obtus, les
autres gémissaient et imploraient grâce, exactement comme à Sachsenhausen.
    Ceux qui meurent pour une idée se montrent courageux et
forts jusqu’au bout, les asociaux s’obstinent, défaillent

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