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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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travers
les champs où devaient s’élever par la suite les constructions du camp II,
vers une ferme transformée en Bunker [96] .
Aumeier, Palitzsch et quelques autres Blockführers les accompagnaient et s’entretenaient
avec eux de la façon la plus anodine ; pour ne pas éveiller leurs
soupçons, ils les interrogeaient sur leurs aptitudes, sur leurs professions.
Arrivés à la ferme, ils reçurent l’ordre de se déshabiller et ils entrèrent
dans les pièces où ils s’attendaient à être désinfectés. Ils avaient conservé
un calme parfait jusqu’au moment où certains d’entre eux, saisis de soupçons,
se mirent à parler d’asphyxie et d’extermination. Une sorte de panique s’empara
immédiatement du convoi. Elle fut maîtrisée rapidement : ceux qui se
tenaient encore dehors furent poussés dans les chambres et l’on verrouilla les
portes. À l’arrivée des convois suivants, on rechercha parmi les détenus les
esprits méfiants et on ne les quitta plus des yeux. Dès qu’une inquiétude se
manifestait, on s’emparait discrètement des « trublions » pour les
conduire derrière la cabane où on les abattait avec des carabines de petit
calibre de façon à ce que les autres n’entendissent pas les coups de feu. Par
ailleurs, la présence du « commando spécial [97]  » et l’attitude
apaisante de ses membres était faite pour rassurer ceux des condamnés qui
soupçonnaient déjà quelque chose. Ils se sentaient d’autant plus rassurés que
plusieurs hommes du commando spécial entraient avec eux dans les chambres et y
restaient jusqu’au dernier moment, tandis qu’un SS se tenait également jusqu’au
dernier moment sur le pas de la porte.
    Ce qui importait avant tout, c’était de maintenir un calme
aussi complet que possible pendant toute l’opération de l’arrivée et du
déshabillage. Surtout pas de cri, pas d’agitation ! Si certains ne
voulaient pas se déshabiller, il appartenait aux autres (déjà dévêtus) ou aux
hommes du commando spécial de leur venir en aide. Avec de bonnes paroles, même
les récalcitrants s’apaisaient et quittaient leurs vêtements. Les détenus du
commando spécial avaient soin d’accélérer le rythme du déshabillage pour ne pas
laisser aux victimes le temps de réfléchir.
    Il y avait quelque chose de bizarre dans cette participation
active et zélée des hommes du Sonderkommando à l’opération du déshabillage et
de l’introduction dans les chambres à gaz. Je n’ai jamais vu ni entendu que l’un
d’entre eux ait dit un seul mot aux victimes à propos du sort qui les
attendait. Bien au contraire, ils essayaient par tous les moyens de les
détromper et surtout d’apaiser ceux qui avaient des soupçons. Si les condamnés
avaient toutes raisons de ne pas se fier aux SS, ils étaient en droit d’accorder
confiance aux hommes de leur propre race : car je dois préciser que pour
favoriser une bonne entente, les commandos spéciaux étaient exclusivement
composés de Juifs, originaires des pays dont provenaient les victimes.
    Ceux-ci se faisaient raconter en détail la vie à Auschwitz
et posaient des questions qui concernaient surtout le sort d’amis ou de parents
arrivés avec les convois précédents. C’était intéressant d’observer la maîtrise
que les hommes du commando spécial déployaient dans le mensonge, la force de
conviction et les gestes avec lesquels ils soulignaient leurs affirmations.
    Nombreuses étaient les femmes qui cherchaient à cacher leur
nourrisson dans les amas de vêtements. Mais les hommes du commando spécial
veillaient et parvenaient à convaincre les mères de ne pas se séparer de leur
enfant. Elles croyaient que la désinfection était dangereuse pour les petits et
c’est pour cela, en premier lieu, qu’elles voulaient les soustraire à l’opération.
    Dans cette ambiance inhabituelle, les enfants en bas âge se
mettaient généralement à pleurnicher. Mais, après avoir été consolés par leur
mère ou par les hommes du commando, ils se calmaient et s’en allaient vers les
chambres à gaz en jouant, ou en se taquinant, un joujou dans les bras.
    J’ai parfois observé des femmes déjà conscientes de leur
destin qui, une peur mortelle dans le regard, retrouvaient encore la force de
plaisanter avec leurs enfants et de les rassurer.
    L’une d’elles s’approche de moi en passant et chuchota en me
montrant ses quatre enfants qui se tenaient gentiment par la main pour aider le
plus petit

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