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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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de
monstrueux qui surpassait de loin les mesures précédentes. Mais les arguments
qu’il me présenta me firent paraître ses instructions parfaitement justifiées.
Je n’avais pas à réfléchir ; j’avais à exécuter la consigne. Mon horizon n’était
pas suffisamment vaste pour me permettre de me former un jugement personnel sur
la nécessité d’exterminer tous les Juifs.
    Du moment que le Führer lui-même s’était décidé à une « solution
finale du problème juif », un membre chevronné du parti
national-socialiste n’avait pas de question à se poser, surtout lorsqu’il était
un officier SS. « Führer, ordonne, nous te suivons » signifiait pour
nous beaucoup plus qu’une simple formule, qu’un slogan. Pour nous, ces paroles
avaient valeur d’engagement solennel.
    Après mon arrestation, on m’a fait remarquer à maintes
reprises que j’aurais pu me refuser à l’exécution de cet ordre ou même, le cas
échéant, abattre Himmler. Je ne crois pas qu’une idée semblable ait pu
effleurer l’esprit d’un seul parmi les milliers d’officiers SS. C’était une
chose impossible, impensable. Il y a eu certes beaucoup de cas où des officiers
SS ont critiqué tel ordre particulièrement sévère d’Himmler ; ils ont
protesté, grogné, mais il n’y a pas un seul cas où ils se soient refusés à
obéir.
    Parmi les officiers SS nombreux étaient ceux que la dureté
implacable d’Himmler avait blessés, mais je suis fermement convaincu qu’aucun d’entre
eux n’aurait osé lever la main sur lui ; même dans leurs pensées les plus
intimes, ils auraient reculé devant un tel acte. En sa qualité de Reichsführer
SS, Himmler était « intouchable ». Les ordres qu’il donnait au nom du
Führer étaient sacrés. Nous n’avions pas à réfléchir ou à rechercher des
interprétations plus ou moins plausibles. Nous n’avions qu’à en tirer les
dernières conséquences même en sacrifiant sciemment notre vie, comme beaucoup d’officiers
SS l’ont fait pendant la guerre.
    Ce n’est pas en vain que les cours d’entraînement pour SS
nous offraient les Japonais comme un lumineux exemple du sacrifice total à l’État
et à un empereur d’essence divine. Le souvenir de ces cours d’instruction ne s’effaçait
pas comme celui de conférences universitaires ; il restait profondément
gravé dans nos esprits et Himmler savait très bien ce qu’il pouvait exiger de
nous.
    Aujourd’hui, les gens de l’extérieur n’arrivent pas à
comprendre qu’il ne se soit pas trouvé un seul officier SS pour refuser d’exécuter
un ordre d’Himmler ou pour faire disparaître le Reichsführer à la suite d’une
directive particulièrement cruelle.
    À nos yeux, le Führer avait toujours raison et de la même
façon son suppléant direct, le Reichsführer. L’Angleterre, pays démocratique,
ne reste-t-elle pas fidèle à un principe fondamental accepté par chaque citoyen
conscient de ses devoirs : Right or wrong-my country .
    Mais avant que soit inaugurée l’extermination en masse des
Juifs, on allait procéder en 1941-1942, dans presque tous les camps de
concentration, à la liquidation de tous les instructeurs politiques et de tous
les commissaires politiques soviétiques.
    Conformément à un ordre secret du Führer [92] , des commandos
spéciaux de la Gestapo furent chargés de dépister ces instructeurs et ces
commissaires dans tous les camps de prisonniers de guerre et de les transférer
dans le camp de concentration le plus proche pour qu’ils y soient « liquidés ».
Pour justifier cette mesure, il nous fut expliqué que les Russes tuaient sur
place tous les soldats allemands, membres du parti national-socialiste ou
affiliés à l’une de ses organisations, en particulier les membres de la SS ;
on nous disait aussi que les fonctionnaires politiques de l’Armée rouge avaient
mission, s’ils étaient faits prisonniers, de semer le désordre dans les camps
et dans les chantiers et de saboter le travail.
    Auschwitz reçut aussi son lot de fonctionnaires politiques
de l’Armée rouge destinés à être liquidés. Ceux qui se trouvaient dans les
premiers convois, relativement peu importants, furent fusillés par les
commandos d’exécution de la troupe.
    Pendant l’un de mes voyages d’affaires, mon suppléant le
Schutzhaftlagerführer Fritzsch fit usage des gaz pour les tuer. Il employa en l’occurrence
la préparation de cyanure (Zyklon B) qu’il avait sous la

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