Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
Vom Netzwerk:
à avancer sur un terrain difficile : « Comment pouvez-vous
prendre la décision de tuer ces beaux petits enfants ? Vous n’avez donc
pas de cœur ? »
    J’entendis aussi les paroles cinglantes d’un vieil homme qui
se tenait tout près de moi : « Ce massacre des Juifs, l’Allemagne le
paiera cher. » Je lisais la haine dans ses yeux. Mais il entra calmement
dans la chambre à gaz sans se préoccuper des autres.
    Un autre jour, je remarquai une jeune femme qui ne cessait
de courir à travers les pièces pour aider les vieilles et les enfants à se
déshabiller. Elle-même était accompagnée de deux petits enfants au moment de la
sélection. Son agitation et son aspect physique m’avaient frappé : elle n’avait
pas du tout l’air d’une Juive. Maintenant elle n’avait plus les enfants auprès
d’elle. Jusqu’au bout elle entourait de ses soins les femmes et les enfants qui
n’avaient pas encore achevé de se déshabiller ; elle avait pour tous une
parole aimable. Elle entra l’une des dernières dans le Bunker, s’arrêta sur le
seuil et dit : « Je savais dès le début qu’on nous avait conduits à
Auschwitz pour nous gazer. Je me suis chargée de deux enfants pour échapper à
la sélection des détenus capables de travailler. Je voulais subir mon sort en
pleine conscience. J’espère que cela ira vite. Adieu. »
    Mais parfois, pendant le déshabillage, il arrivait aussi que
des femmes se mirent à hurler, à s’arracher les cheveux et à gesticuler comme
des folles. On s’en emparait rapidement et on les conduisait derrière la maison
pour leur loger une balle dans la nuque.
    Nous avons entendu également des femmes nous accabler de
malédictions au moment où le personnel du commando quittait la pièce et où
elles comprenaient ce qui les attendait.
    J’ai vu une femme s’efforcer de faire sortir ses enfants au
moment où l’on fermait les portes. Elle criait dans ses sanglots : « Au
moins, sauvez la vie de mes enfants chéris ! »
    Bref, beaucoup de scènes bouleversantes se déroulèrent qui
ne pouvaient laisser indifférent aucun des témoins.
    Au cours du printemps de 1942, des centaines d’êtres humains
ont trouvé la mort dans les chambres à gaz. La plupart n’avaient aucun soupçon,
ils étaient en santé parfaite ; les arbres fruitiers qui entouraient la
maison étaient en fleurs. Ce tableau où la vie côtoyait la mort est resté gravé
dans ma mémoire.
    La sélection sur la voie ferrée donnait lieu à de multiples
incidents. La dispersion des familles, la séparation des hommes de leurs femmes
et de leurs enfants provoquaient régulièrement une grande agitation dans tout
le convoi. L’inquiétude augmentait au moment où l’on procédait à la sélection
des détenus aptes au travail.
    Les familles voulaient à tout prix rester ensemble. Ceux qu’on
avait sélectionnés revenaient en courant vers leurs proches. Les mères et les
enfants s’efforçaient de rejoindre les hommes et les grandes filles choisies
pour travailler. Tout cela provoquait un désordre sans nom : nous étions
souvent obligés de recommencer la sélection. L’étroitesse de l’espace qui était
à notre disposition ne permettait pas d’appliquer des mesures de séparation
plus efficaces. Tous nos efforts pour calmer ces masses affolées n’aboutissaient
à rien et souvent nous n’avions pas d’autres moyens de rétablir l’ordre que d’employer
la force.
    Comme je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises, l’esprit de
famille est extrêmement développé chez les Juifs. Ils se cramponnent les uns
aux autres, mais, en dehors de la famille, le sentiment de leur communauté leur
fait défaut, pour autant que j’aie pu l’observer. On aurait pu croire que dans
la situation où ils se trouvaient, ils s’apporteraient mutuellement aide et
protection. Or, c’est le contraire qui se produisait : j’ai souvent
constaté et aussi entendu dire que des Juifs – surtout ceux qui
provenaient des pays occidentaux – dénonçaient des frères de race qui
avaient réussi à se cacher.
    Je me souviens qu’un jour une femme se trouvant déjà dans la
chambre à gaz parvint à donner à l’Unterführer l’adresse d’une famille juive
encore libre. J’ai reçu moi-même d’un homme qui se déshabillait et qui
paraissait d’après son maintien et ses vêtements appartenir à un excellent
milieu, un petit bout de papier portant les adresses de familles hollandaises
chez

Weitere Kostenlose Bücher