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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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cette maison dont la modestie m'afflige mais nous n'avons rien trouvé d'autre qui fût à la fois intact et coquet, la guerre ayant tout ravagé en cette région.
    Il marqua une courte pause et reprit :
    — En arrivant, si vous le désirez, vous disposerez d'un bain chaud, de vêtements secs et propres ainsi que d'un repas confectionné par Mme Frioule que voici, aubergiste de grand renom en la région. En outre, nous vous laissons Kemal, un homme très discret.
    Contrarié de ne pouvoir se trouver en tête à tête avec Marion, Bamberg maugréa:
    — Merci, mais je n'ai que faire de ce Kemal. Et qui est-il d'abord?
    — Un Turc offert à Sa Majesté par l'ambassadeur. Il a eu des histoires dans son pays, ayant séduit la femme d'un Khan qui lui fit couper la langue. La langue et autre chose encore...

    Il parut gêné de la présence de Marion puis il trouva la solution pour se mieux faire comprendre:
    — Du fait de cette autre... amputation, il n'a point à redouter les « élans » de Scrub, n'ayant rien à sauver de ce côté-là.
    — Vous connaissez Scrub ? demanda Bamberg, surpris et flatté.
    Le comte de Puissessay laissa échapper un bref sourire :
    — Tous ceux que leurs fonctions risquent d'amener à croiser le très adorable Scrub se passent le mot concernant une certaine habitude qui est la sienne...
    — Je vois!... répondit Bamberg lequel, baissant les yeux, remarqua que le très élégant officier tenait les mains en coquille pour protéger son bas-ventre.
    Puissessay et Mme Frioule partis, Bamberg poussa la porte et se trouva face à un géant vêtu de soie, crâne rasé et énormes moustaches.
    Le Turc salua et fit signe qu'on le suive. Aussitôt, il servit du vin de Champagne mais on venait juste de tremper les lèvres qu'il fit signe qu'on le suive à nouveau. On s'exécuta, le verre à la main.
    On découvrit une magnifique baignoire pleine d'eau fumante, une chambre avec un lit aux draps de dentelle, une petite salle à manger où flottaient de délicieuses odeurs émanant sans doute de la cuisine voisine. Et en chaque pièce importante, une cheminée grandement pourvue de bûches. Bamberg ressentit une impression de confort qui, depuis deux mois, lui était devenue étrangère, et surtout cette chaleur...
    Mais la température n'en était point seule responsable car Bamberg venait de réaliser une chose qui l'épouvanta: une seule baignoire... pour deux! Un grand lit... pour deux!
    Une fois encore, un mur d'insolubles problèmes se dressait devant lui. En effet, après lui avoir jeté un regard presque dur, et en même temps étrangement douloureux — car il lui en coûtait -, la baronne lança :
    — Venez-vous, général? N'estimez-vous pas, vous aussi, que nous avons eu assez froid pour cette nuit?
    Et, sans l'attendre, elle gagna la petite pièce où se trouvait la baignoire.
    Il l'y suivit après une brève hésitation due à la peur de paraître ridicule. Tel un enfant, et sans bien s'en rendre compte, il calqua son attitude sur celle de Marion.
    La jeune femme se déshabillait avec naturel, comme si elle se trouvait seule en la pièce. Il l'imita.
    Enfin, nue, elle entra dans la baignoire, s'asseyant presque au milieu. Pudique, il s'assit derrière elle, de sorte que Marion se trouva bientôt le dos contre la poitrine du général et la tête renversée sur son épaule.
    Il l'enlaça.
    Ils ressentirent une extraordinaire impression de bien-être. Non seulement de se trouver ainsi l'un contre l'autre, mais c'était aussi un peu comme si leurs corps remerciaient pour cette eau chaude et parfumée à la fleur d'oranger après l'horreur de la rivière charriant des blocs de glace et cette longue station sous l'eau où Bamberg avait entraîné Marion, seul moyen d'éviter l'énorme tronc d'arbre qui venait de tuer le cheval de la jeune femme.
    Ils ne surent jamais combien de temps ils demeurèrent ainsi en ce bain merveilleux et parfumé. Il devait se souvenir, par la suite, d'un savon qui lui sembla à la violette, et qu'il l'avait lavée: la nuque, le dos, les fesses. Ailleurs encore. D'une main douce et légère, parfois tremblante. Il ne devait jamais oublier non plus, tandis qu'il lui essuyait le dos, ce petit baiser rapide qu'il déposa sur la nuque de la jeune femme et comme elle frissonna alors, depuis le cou jusqu'aux reins.
    Lorsque Marion fut séchée, et que vint l'instant de s'habiller, il éprouva aussitôt la nostalgie de ces petits gestes doux et tendres.
    Voyant une

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