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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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en faisant traîner les choses, on prolonge d'autant la désespérance et la terreur de celui que l'on a condamné. Mais cette manoeuvre offrait aussi, pour Von Ploetzen, le double avantage de gagner l'escalier secret et d'interdire à quiconque d'emprunter l'escalier central.
    Il se retirait vers le passage secret lorsque, pris d'un doute, il se retourna à temps pour voir Hofflingen trancher discrètement les liens de la baronne.
    Alors, le comte prussien enfonça son poignard dans la poitrine de l'ancien lieutenant qui lui fut tant dévoué puis, s'engageant en le passage secret, il tira la cloison derrière lui.
    ***
    Les dragons et les policiers d'élite s'étaient reculés, laissant la place aux mousquetaires. La quinzaine de Prussiens survivants sortit alors sur le perron, sabre à la main mais en position basse.
    Un lieutenant-colonel des mousquetaires, petit, sec et moustachu, ordonna :
    — Au nom du roi, rendez-vous !
    Les Prussiens hésitèrent. Ils savaient qu'ils allaient mourir mais s'embarrassaient de la manière.
    L'un ôta son chapeau à plumes, puis un second et bientôt la plupart des autres. Ils étaient tous très jeunes, très blonds. Les regards bleus ou gris reflétaient un grand calme. Certains, d'une grande bravoure ou inconscients, souriaient.
    Un malaise gagnait la troupe et l'on entendit une voix lancer :
    — Mais qu'on arrête cela !
    Le colonel des mousquetaires, gagné par l'incertitude, se tourna vers Lagès-Montry lequel, impressionné mais très ferme, hocha la tête. Aussitôt, le colonel ordonna :
    — Feu!
    Deux cents fusils partirent ensemble, des têtes éclatèrent, des corps furent coupés en deux par la puissance de feu.
    Simultanément, tout le rez-de-chaussée s'enflamma.
    ***
    Hofflingen réussit à se redresser sur un coude puis, soutenu par Marion, il parvint à se mettre debout.
    Elle l'aida à marcher mais sursauta en le voyant appuyer sur le bouton ouvrant la cloison qui menait au passage secret.

    — Non, jamais!... Il est quelque part en ce souterrain.
    Hofflingen grimaça de douleur et Marion, inquiète, demanda :
    — Laissez-moi regarder votre blessure.
    Le Berlinois secoua la tête :
    — Inutile. La lame a cassé une côte mais aussi glissé dessus. J'y survivrai, j'ai été blessé quatorze fois. Allons, venez avec moi et vous vivrez.
    — Jamais.
    — Mais il est loin, madame la baronne. Le souterrain mène trois rues plus loin où une voiture à quatre chevaux l'attend.
    — Jamais.
    Hofflingen parut découragé. Les flammes avaient grimpé l'escalier et s'attaquaient à la grande pièce noire. La colonne où Marion avait été attachée se trouvait prise dans l'incendie.
    Marion poussa Hofflingen vers le passage secret :
    — Partez vite. Je vais me réfugier dans l'autre partie de la pièce qu'ils ont négligée.
    Elle embrassa les joues mal rasées de l'Allemand puis perdant un instant son regard dans les yeux bleus, fatigués et injectés de sang d'Hofflingen, elle désigna la colonne environnée de flammes :
    — Voyez, sans vous je serais morte. Je vous dois la vie.
    Elle referma la porte du passage derrière le Berlinois hésitant et gagna la partie de la pièce encore épargnée.
    Elle constata que même le plafond fumait et se dit que la mort viendrait de là. Puis elle songea à Tancrède et, s'appuyant dos au mur, sourit en attendant la fin.

68.
    Tout le rez-de-chaussée de l'hôtel Von Ploetzen était en flammes et celles-ci gagnaient l'étage, s'échappant par certaines fenêtres.
    Dragons et mousquetaires, stupéfaits, regardaient l'incendie se propager à une vitesse très inhabituelle.
    Seuls, totalement indifférents en apparence, les hommes en noir de Mortefontaine tiraient par les pieds les partisans du Grand Maître des Teutoniques tués sur le perron et dont les corps risquaient de brûler eux aussi, rendant impossible toute identification ultérieure. Mortefontaine sentait sur lui le regard désapprobateur des mousquetaires mais cela le laissait de glace.
    — J'y vais!
    Pontecorvo sursauta et chassa ses pensées en voyant Bamberg s'approcher de l'infranchissable fournaise. Lagès-Montry accourut et tenta de le retenir :
    — C'est impossible, vous ne ferez pas trois pas !
    — Je les ferai, et beaucoup d'autres encore.
    Il sortit la pierre noire suspendue à sa poitrine par une chaîne d'argent puis la replaça sous son uniforme et monta vivement les marches de l'hôtel Von Ploetzen avant de disparaître dans la

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