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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mélange de poix et de soufre hautement inflammable.
    Puis, lorsque celle-ci en eut achevé avec sa besogne, il lança à sa garde allemande :
    — Apprêtez-vous à mourir avec courage, selon nos traditions. Quant à moi, ce combat est le sens même de mon existence, aussi soyez assurés que je le poursuivrai jusqu'à la victoire finale. Ou jusqu'à la mort.

    Abandonnant leur matériel d'incendiaires, les jeunes teutoniques sortirent leurs sabres et descendirent l'escalier en grande hâte afin d'affronter les dragons en un combat où ils n'avaient pas l'ombre d'une chance.
    Ne demeurait dans la pièce noire, où flottait l'insupportable odeur de sang pourri que Von Ploetzen, Hofflingen qui regardait à terre et la baronne de Neuville attachée à la colonne dorique.
    Von Ploetzen, qui portait la tenue de Grand Maître des chevaliers Teutoniques, tenait son heaume sous le bras.
    Il se tourna vers Marion :
    — Baronne, est arrivé le dur instant d'affronter votre destin.
    — Au moins ai-je un destin !
    La voix du comte prussien se teinta d'irritation :
    — Laissez-vous entendre que je n'en ai point?
    — Nous avons tous un destin. Au moins le mien fut-il de ne point faire de mauvaises choses, d'humilier des hommes ni de répandre le sang de malheureux enfants. Ton destin, j'en suis persuadée, consistera à mourir comme tu as vécu.
    — Ce qui signifie ?
    La baronne lui jeta un regard méprisant et, d'une voix cinglante :
    — Tu mourras tel que tu as vécu, honteusement.
    Von Ploetzen chancela très légèrement sous l'insulte mais, se reprenant rapidement :
    — Cependant, vous mourrez avant moi...
    Il s'approcha d'un des murs et appuya sur un bouton dissimulé habilement entre les joints. Aussitôt, une cloison pivota, révélant un étroit passage où l'on ne pouvait s'engouf frer que de profil et en baissant la tête.
    Il disparut en une petite pièce bien éclairée qui révélait un escalier secret puis, rassuré, il revint, une torche à la main.
    Il dit alors d'une voix où se devinait une tristesse très inattendue :
    — Il arrive toujours un instant, en nos pauvres vies, où l'on ne peut plus mentir à personne, et surtout pas à soi-même...
    ***
    — Ne vous avais-je pas dit d'avoir confiance en la Providence ? demanda le marquis de Pontecorvo, une lueur amusée dans le regard.
    Bamberg agita la main en direction du comte de Lagès-Montry qui approchait :
    — Je vois surtout que vous aviez prévenu le comte.
    — Certes, mais les fusées vertes sont une idée à lui, à vos... souvenirs de guerre!
    — Mais comment se trouve-t-il si loin des Flandres ?
    — Le roi est...
    Il jeta un regard vers Mortefontaine qui feignit de ne point s'en apercevoir, puis reprit :
    — Le roi était remarquablement informé de tout ce qui se tramait ici. Le glorieux régiment du comte ayant été éprouvé dans les Flandres, il l'envoya au repos à Paris ce qui tombait bien car vous deviez passer à l'action. Sa Majesté ne pouvait en finir elle-même avec Von Ploetzen qu'elle déteste sans risquer des complications diplomatiques. Vous, en revanche... Et là-dessus, les mousquetaires de Lagès-Montry qui interviennent contre l'émeute, comme il est naturel : tout cela est d'une grande finesse, on dirait du Mortefontaine...
    Le baron, ainsi interpellé indirectement, sourit et s'éloigna.
    Dans la rue, les mousquetaires de la Maison du roi avaient ménagé un passage d'un mètre de large sur toute la longueur de la voie afin d'offrir une issue de repli aux émeutiers. Ceux-ci s'y engouffrèrent, certains recevant au passage de violents coups de plat de sabre de la part des cavaliers furieux d'avoir perdu plusieurs de leurs camarades.
    Quoique toujours blessé, le comte de Lagès-Montry sauta de cheval et donna l'accolade à Bamberg puis :
    — Où en êtes-vous ?
    — Nous les tenons mais ils viennent de recevoir un ultime renfort d'une douzaine d'hommes. Il faut faire vite !
    Lagès-Montry saisit la main de Bamberg et, sans le quitter des yeux :
    — Alors laissez-moi agir selon ma façon qui n'aurait jamais été la vôtre. Quelques minutes, je ne demande pas davantage.
    Quelque chose se cabrait en Bamberg qui sentait déjà qu'il ne pourrait que désapprouver les méthodes du mousquetaire. Mais il hocha la tête en songeant à Marion.
    *

    Le Grand Maître des Teutoniques leva le bras et jeta la torche au bas de l'escalier qui incendia immédiatement le rez-de-chaussée.
    C'était là un surcroît de cruauté car

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