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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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attardée, attendait sous un grand tilleul d'être fixée sur son sort.

    Pendant ce temps, à 500 mètres de là, Hofflingen regardait depuis une heure brûler l'église. Vaguement réprobateur, mais se gardant bien de le montrer, il avait vu le feu démarrer avec violence depuis les orgues qui flambèrent aussitôt, faisant fondre l'étain. Sous l'effet de l'accablante chaleur, les poutres de la voûte s'étaient embrasées elles aussi. Enfin, commençant à fondre, la cloche « Marie-Mathilde » tomba sans grâce sur les dalles qu'elle brisa.
    Hofflingen soupira et quitta les lieux.
    Il marchait lentement, heureux de l'air frais qui succédait aux flammes du brasier. Il gagna le pont des Amants Tristes, ainsi nommé car on disait qu'aux temps jadis des couples qui ne pouvaient s'unir et des veuves s'y suicidaient.
    L'ancien officier manchot n'aimait pas brûler des églises. Ni des maisons. Ni tuer de pauvres gens. Mais pouvait-il faire entrave à ceux qui défendaient « la cause » ? Il ne le pensait pas.
    Cependant, fier d'être prussien, il s'inquiétait de ce que les populations allaient penser de son pays, beaucoup devant comparer les teutoniques aux « Grandes Compagnies » 1 des temps jadis, ou Attila et Gengis Khan.
    Il s'attarda à regarder la petite rivière à ses pieds sachant bien que de toute façon, ce qu'il pensait et ressentait n'avait aucune importance.
    — Je suis un homme sans instruction... murmura-t-il.
    Il admirait profondément le Grand Maître des Teutoniques, ce géant de deux mètres qui luttait pour un monde en ordre tout en combattant la maladie. Cependant, il se demanda s'il n'existait pas des limites à son dévouement envers Von Ploetzen. Puis il chassa cette pensée sacrilège et, d'un pas décidé, retourna vers le village.
    La fouille des maisons était presque achevée et l'on venait de prendre un vieil homme qui se disait magister. La vie de ceux-ci ne semblait guère enviable qui, leur existence durant, couraient de ferme en ferme pour apprendre à lire à des enfants dans des granges ou des étables. Et tout cela pour cinq sous par famille et parfois une mesure d'orge, un rayon de miel, des rouis de lin ou une paire de sabots. Quarante ans de cette vie puis, vieux et malades, la mendicité sauf ici, où il bénéficiait de la haute protection du duc.
    Le magister, bien tenu par deux jeunes Prussiens, semblait un fou :
    — Je savais votre venue, les astres annonçaient guerre et malheur : le règne des maudits est proche et il est paru dans le ciel un fer à cheval de feu.
    — Was ? demanda le premier Prussien.
    L'autre eut une mimique d'incompréhension en riant de bon coeur.
    Profitant de cet instant, le vieil homme qui était tout sauf fou échappa à ses gardiens et se jeta dans la rivière.
    Avec force jurons, ses deux geôliers saisirent leurs pistolets et visèrent soigneusement. Ils étaient bons tireurs, la tête du vieillard sembla exploser et l'eau de la rivière se teinta de rouge.
    Sans s'attarder, ils poussèrent la porte d'une des dernières maisons ayant échappé à la fouille et tous deux eurent un mouvement de recul.
    L'homme en habit rouge de dragon n'avait plus de visage : tout avait été comme soufflé par l'explosion prématurée d'une mine. Il tenait un pistolet dans chaque main et il n'eut qu'à étendre les bras pour tirer à bout touchant, se trouvant aussitôt éclaboussé de cervelle. Déjà, d'autres hommes à croix noire, attirés par les coups de feu, arrivaient en courant.

    Le dragon sans visage ne s'illusionnait pas sur ce qui l'attendait en cas de capture aussi, saisissant un troisième pistolet, il se tira une balle en plein coeur, plaçant soigneusement le canon entre deux côtes.
    Mais tout cela, par rapport à ce qui allait suivre, n'était encore que bagatelle.
    *

    Bamberg allait en tête, obsédé par les récents événements.

    Il lui avait certes fallu du temps pour s'endormir mais lorsqu'il trouva enfin le sommeil, celui-ci fut profond.
    Ce n'est que vers dix heures que des coups sourds frappés à la porte le firent se dresser d'un coup.
    Il alla aussitôt ouvrir, se trouvant face à un homme d'une bonne cinquantaine d'années, fin, élégant, les cheveux gris, qui prit un ton désolé :
    — Je n'ignore pas que votre nuit fut fatigante...
    Bamberg soupira :
    — Vous faites partie vous aussi de la cohorte des amants de Mme d'Ey ?
    — Dieu m'en garde !... Giovanni Gazzi, marquis de Pontecorvo, général des Jésuites. Vous

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