Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
payeront, tous, et le prix fort !

38.
    L'actrice s'appelait Geneviève Fauvet qu'on eut tôt fait, dans Paris, d'appeler « la Fauvette ».
    Assise devant la glace, elle se faisait coiffer par Marion de Neuville laquelle, déjà, l'avait soigneusement maquillée.
    Au fond de la pièce se trouvait le marquis de Villeplane-Novelis lequel, de notoriété publique, était son amant.
    Marion ne s'était jamais opposée à ce que « ces Messieurs » soient présents tandis qu'elle maquillait et coiffait ces dames. Elle exigeait simplement qu'ils se tinssent correctement. Au reste, à quoi bon interdire ? Elle détestait se montrer désagréable et, par ce canal, apprenait bien des choses sur la Cour, ce qui faisait passer le temps plus vite. En revanche, elle n'intervenait jamais dans ces conversations, s'étant fait une règle absolue de pareil comportement.
    Sans y voir la moindre malice, le marquis de Villeplane-Novelis lança la conversation en un sens qui allait se trouver fort éprouvant pour la baronne :
    — Connaissez-vous la marquise d'Ey?
    La Fauvette pinça aussitôt les lèvres :
    — On la dit très entreprenante, et assez belle.
    — « Belle » ? Mais ainsi, ce mot n'a point de sens ! Elle est simplement la plus belle femme du royaume.
    — Il en faut bien une, n'est-ce pas? répondit la Fauvette qui dissimulait mal son agacement.
    Satisfait, Villeplane-Novelis lança à dessein un long soupir, puis :
    — Il est simplement impossible, et tous les gentilshommes sont d'accord sur ce point, de lui résister si d'aventure elle vous veut. Le nouvel ami du roi, ce duc de Bamberg, vient d'en faire l'expérience.
    Marion suspendit ses gestes. À peine quelques secondes car la jeune femme possédait une telle volonté qu'elle parvint à surmonter ce qui lui sembla une affreuse nouvelle.
    Heureuse de rendre au marquis la monnaie de sa pièce, la Fauvette adopta un ton de profonde admiration :
    — Ah, vous parlez du duc de Bamberg?... On dit que son charme, moitié jeune homme, moitié guerrier d'expérience, est absolument irrésistible. De plus, il est duc et cela, ce n'est pas rien. Et qu'il serait simplement l'homme le plus courageux du royaume.
    Villeplane-Novelis remua bruyamment sur sa chaise et répondit avec humeur :
    — Qui l'a vu à l'oeuvre?
    — Peut-être ceux qui l'ont vu à l'oeuvre, comme vous dites, ne sont plus là pour en parler?
    Un silence assez long tomba sur la petite pièce puis, d'une toute autre voix, le marquis répondit :
    — Allons, c'est vérité que son allure est plaisante en cela qu'il a parfois le regard glacé d'un terrible soldat puis les yeux candides d'un tout jeune homme, on vous a bien rapporté les choses sur ce point. Mais s'il est courageux, que pouvait-il faire contre une femme rouée telle que la marquise d'Ey qui sait tendre mille pièges?... Eh bien imaginez-vous que l'impossible est arrivé !
    De nouveau, Marion suspendit un instant son geste tandis que la Fauvette, qui n'y tenait plus, supplia presque :
    — Oh, je vous en prie, marquis, dites-moi cela qui me fait mourir de curiosité !
    Satisfait de son importance, Villeplane-Novelis reprit :
    — Vous savez qu'à Versailles, les laquais sont dressés à écouter aux portes et un couple tel que Mme d'Ey et ce général dont tout le monde parle ne pouvait qu'attirer leur convoitise car les nouvelles, pour ces renards-là, sont de l'or.
    — Eh bien, monsieur ? s'impatienta la Fauvette.
    — J'y arrive. Les laquais, après entente, déléguèrent contre la cloison la meilleure oreille qui soit parmi eux et qui établit ceci que voilà. Le duc de Bamberg ploya tout d'abord sous l'assaut de la marquise mais ne capitula qu'après avoir opposé une farouche résistance.
    Pour Marion de Neuville la situation était atroce : elle rêvait d'arracher au baron ce qu'il savait mais devait simuler un intérêt limité, ainsi que selon son habitude.
    Le marquis, ignorant de cela, reprit sans se hâter :
    — Étrange situation en vérité. Ils firent donc l'amour mais aussitôt le duc expliqua à la marquise, ivre de rage, que ce serait la dernière fois car il aimait ailleurs, et tendrement. Tout Versailles de s'interroger aussitôt pour savoir qui est ce grand amour secret du général.
    Pour la troisième fois, les doigts de Marion se raidirent mais en cette occasion, elle tira légèrement les cheveux de la Fauvette qui protesta :
    — Vous me faites mal, baronne.
    — Pardonnez-moi, le froid a durci mes doigts qui n'ont

Weitere Kostenlose Bücher