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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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une grande vigueur avec Von Ploetzen. Il mange à la table de tous les monarques, dont moi-même, il a voyagé fort loin jusqu'en Chine et en Inde, il a affiné les théories sur les échanges. S'il disparaissait, il faudrait du temps pour retrouver pareil travailleur et cerveau si supérieur.
    — Il n'est qu'un homme, Majesté, et comme tous les hommes, il est mortel.
    — Poursuivez!
    — Majesté, s'il venait à disparaître, si quelque tragique accident arrachait le comte Heinrich von Ploetzen à la gratitude et la reconnaissance des peuples du monde...
    — Pas d'ironie, baron! coupa le roi en réprimant un sourire.
    — Eh bien, Majesté, le principal serait qu'en pareil cas on ne puisse trouver la main de l'État dont vous êtes le monarque.
    — Vous y venez, baron, voilà, c'est cela ! Affinez encore !
    — Il faudrait donc que des intérêts privés bien établis entrent en conflit avec Von Ploetzen.
    — La chose est-elle possible ?
    — Je le crois, Sire, en effet.
    — Travaillez en ce sens. Autre chose : l'attaque du village de Montigny sera dénoncée comme l'entreprise des États en guerre contre la France à seule fin de tenter d'éliminer un des plus brillants généraux du royaume, le duc de Bamberg. Considérez que c'est notre version, faites-la répandre. Pour donner crédit à la chose, et pour être agréable au duc, un convoi partira demain avec maçons, charpentiers et tous ces gens de métier afin de reconstruire les maisons détruites. Deux escadrons de gendarmes assureront la protection des lieux, mêlez-y quelques hommes de votre police.
    Il se leva :
    — Ne me décevez pas, baron !
    ***
    On allait d'horreur en horreur.
    D'abord fut retrouvé le cadavre de Julie Hebecourt, pendue par les cheveux à une branche basse, le ventre si profondément ouvert que ses intestins s'étaient répandus sur le sol.
    On retrouva peu près, sur la berge de la rivière, le corps du magister atteint de deux balles en pleine tête.
    S'étant précipité chez Denis, le dragon sans visage, on le découvrit la main crispée sur son pistolet. Sur le sol, deux autres pistolets sentant encore la poudre firent comprendre qu'il s'était défendu avant de se suicider.
    Un spectacle terrifiant attendait Bamberg et les siens au petit marché. C'est là qu'on retrouva ce qui restait des paysans capturés. On les avait enterrés vivants, ne laissant que la tête dépasser du sol. Puis, ignorant sans doute les hurlements de terreur, on avait passé la herse qui se trouvait encore, sanglante, à l'arrière d'un cheval. Bamberg, sans un mot, considéra longuement sur le sol les longues traînées de sang et de cervelle, les dents et même les yeux...
    Plus loin on reconnut la tête du greffier que Florian avait déjà croisé en ville. Le corps, lui, avait été dépecé en quatre gros morceaux exposés en quatre directions au carrefour. Mais la tête, cependant, offrait un spectacle déconcertant :
    — Que signifie cela? demanda Worden.
    Un dragon d'un certain âge approcha. Il avait été marin en sa jeunesse et déclara :
    — Je crois le savoir ayant vu pareille chose en Chine. Toutes les dix minutes, en d'abominables souffrances, on enfonce dans le visage une longue et fine écharde de bois et lorsque la tête ressemble à une pelote, on la coupe.
    — Les Teutoniques sont de grands voyageurs! commenta sobrement Bamberg.
    Enfin, le dernier corps fut retrouvé attaché au calvaire et les dragons, pourtant hommes de guerre, en eurent le coeur soulevé.
    Le magistrat, car cela ne pouvait être que lui, sa robe gisant sur le sol, se trouvait nu et écorché vif, pelé comme une orange. La vue du visage, notamment, était atroce et sans doute voulue ainsi pour faire un exemple.
    Brusquement, avec un râle très rauque, « la chose » morte tourna la tête vers les dragons et les yeux, intacts, imploraient : l'homme vivait encore, si l'on peut appeler cela vivre.
    Bien qu'il eût sursauté comme les autres, Bamberg conserva son sang-froid. Il savait qu'on ne pouvait survivre ainsi mutilé mais que la mort pouvait mettre de longues heures avant la délivrance.
    Il avait également compris la signification du regard implorant.
    Il sortit son pistolet, visa la tempe et tira, au soulagement de tous.
    Worden, le coeur au bord des lèvres, souffla à Bamberg :
    — Il faudrait bien, tout de même, qu'ils payent pour leurs crimes.
    Son cousin le général lui jeta un regard fulgurant :
    — Oh mais fais-moi confiance, ils

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