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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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plus grande souplesse, ce soir.
    Puis, pensant à Tancrède, elle ajouta cette phrase qui était sienne, guindée et désarmante :
    — Je suis terriblement désolée.
    — Ce n'est pas grave ! répondit la Fauvette, touchée de tant d'égards.
    Puis, au marquis :
    — C'est une bien belle histoire que vous me contez là, marquis, mais allons, vous savez forcément, vous, qui est cette femme qui a ravi le coeur du duc de Bamberg?
    — Hé, c'est que nul ne le sait! Et le duc a dû se rendre sur ses terres que les Autrichiens avaient attaquées en payant une troupe de coupe-jarrets. Mais déjà, toute la Cour supplie le roi d'intervenir pour que le duc présente celle qu'il aime.
    — Et que dit le roi ?
    — Le roi s'amuse beaucoup mais ne dit rien : il sourit. Vous le connaissez de réputation, c'est le plus curieux d'entre tous et il doit brûler de savoir.
    La Fauvette, songeuse, répondit :
    — Je me demande quelle femme a pu surpasser Mme d'Ey que vous disiez la plus belle du royaume ?
    La baronne, pour sa part, se demanda si cette nuit, seule en son grand lit à écouter les plaintes déchirantes du vent, elle pleurerait la faiblesse passagère du duc ou se laisserait aller au plus grand bonheur car elle devinait qu'elle était celle qui avait « surpassé » la marquise d'Ey.
    ***
    Au soir, un chevau-léger de l'armée royale traversa au grand galop le village de Montigny puis, sans que faiblisse jamais son allure, il atteignit le château de Bamberg où le duc le reçut aussitôt.
    Cette fois, les nouvelles étaient bonnes : le roi prenait en charge la reconstruction du village et en faisait assurer la protection. Pour prix de tous ces bienfaits, il suffisait de prétendre que l'attaque du lieu était le fait des coalisés. L'officier fit comprendre adroitement, et avec intelligence, que cette version satisfaisait le roi et bien qu'il n'en perçût pas la raison, le général l'accepta sans avoir le mauvais goût de poser des questions.
    Enfin, l'officier remit à Bamberg 10 000 livres de la part du roi aux oreilles duquel était sans doute parvenue la nouvelle du très grand dénuement du duc.
    L'officier parti, Bamberg demeura troublé. Les choses allaient vite, et les bonnes nouvelles ne retranchaient rien aux horreurs de l'incursion des teutoniques. Mais ce flottement ne dura qu'un instant et, se reprenant, il fit abattre la totalité de la basse-cour sous le regard consterné de Marie-Thérèse. Quelques volailles allèrent à ses dragons qui dînaient en la salle d'armes, le reste fut offert à la population du village : avec l'argent du roi, il serait aisé de reconstituer un florissant poulailler.
    Pour sa part, Bamberg soupa à la cuisine avec Hugo, Clément et Marie-Thérèse qui, toujours coquette en ces circonstances, fit mille difficultés si bien que lassé, le duc la prit en ses bras et l'installa à la place d'honneur tandis que ses compagnons doraient les poulets en la grande cheminée.
    Bamberg ne manqua pas de porter une écuelle de lait aux hérissons Eugène et Louise puis, ôtant son beau chapeau à plumes, salua d'un geste large dame Iseult, la chouette, qui répondit d'un cri bref et morose car, depuis la tombée de la nuit, le temps tournait à la tempête.
    En effet, il soufflait depuis plus d'une heure un vent de nord-nord-est terriblement glacé et la neige commençait à tomber en abondance.
    Lorsque les poulets furent sur la table, livrés au couteau habile du duc, Worden courut à la cuisine pour en ramener des petits pois au lard tandis que La Mothe-Sislées ranimait les braises et entreprenait un grand feu de grosses bûches de pommier craquantes et odoriférantes.
    Tout cela achevé, les trois officiers claquèrent des talons en saluant Marie-Thérèse puis on s'installa à table et le duc, mains jointes, lança d'un air de faux dévot :
    — Seigneur, vous qui n'avez jamais daigné prouver votre existence, attestez de celle-ci en faisant cesser les guerres, la misère et les maladies. Amen !
    Et comme ici seule Marie-Thérèse possédait de la religion - mais sans excès -, elle protesta pour la forme :
    — Monseigneur parle comme un mécréant.
    — Que je suis quand Dieu qui est catholique, lui, du moins on l'espère, n'était point là tandis que les teutoniques massacraient de pauvres gens de notre village.
    S'en voulant presque aussitôt de son ton un peu vif, Bamberg fit main basse sur les bouteilles de vin cacheté qu'il avait préparées à l'avance. Il s'agissait

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