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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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de ma part
pis lui demander de regarder pour voir si Paul pourrait pas enseigner. Avec ses
diplômes…
    – Ça me gêne…
    – Henri est pas gênant.
    – Pourquoi est-ce que vous lui écrivez
pas ?
    – Parce que ça me gêne… Ah !
ah ! ah ! Surtout depuis qu’il est remarié… Peux-tu ?
    – Pourquoi est-ce que vous venez pas à
Montréal ?
    – J’ai pas le temps, tu le sais.
Peux-tu ?
    –  O. K.
    Sans s’en rendre compte, Blanche avait dit
«  O. K.  ».
Horrifiée, elle secoua la tête, pensant que cette mode était vraiment très
contagieuse.
    Elle prit rendez-vous par téléphone et Henri
Douville accepta de la voir le lendemain même. Elle connaissait l’histoire
d’Henri Douville, sachant qu’il avait été le fiancé de sa mère. Elle se demanda
comment elle se sentirait si, un jour, elle devait demander à une de ses filles
éventuelles d’aller demander un service à Napoléon. Elle fronça les sourcils.
Elle pensait de plus en plus souvent à Napoléon et cela la troublait et
l’agaçait.
    Henri Douville l’accueillit chaleureusement et
elle essaya d’imaginer ce qu’elle serait devenue s’il avait été son père.
    L’absurdité de sa question la frappa et elle
fit dévier ses pensées vers l’objet de sa visite.
    – Seigneur de Seigneur ! Il faut
vraiment savoir que vous êtes la fille de votre mère. Je ne vois aucune
ressemblance. N’allez surtout pas croire que vous n’êtes pas aussi jolie
qu’elle l’était quand je l’ai connue . Quel âge
avez-vous ?
    – J’vas avoir vingt-trois ans le mois
prochain.
    – Ah non ! À cet âge, votre mère
était déjà mariée. Oh ! je m’excuse, vous ne connaissez pas mon épouse, je
crois.
    Blanche se dirigea vers la personne qui était
assise devant le foyer et ne s’était pas levée à son arrivée. Si la photo de la
femme d’Henri Douville l’avait fait rire quelques années plus tôt, cette femme
en chair et en os était, à quelques détails près, une reproduction parfaite de
sa mère. Elle sentit, dans le regard de Douville, un amusement certain et aussi
une exhortation à retenir son émotion.
    – Madame.
    La femme sourit poliment et Blanche fut
davantage frappée par la ressemblance.
    – Maintenant que les présentations sont
faites, suivez-moi dans mon bureau, Blanche. Nous serons plus à l’aise pour
parler.
    Blanche regarda la dame, mal à l’aise devant
la presque grossièreté d’Henri Douville qui, manifestement, tenait
volontairement sa femme à l’écart. Quand ils furent assis, Douville regarda
Blanche derrière ses verres épais et lui sourit.
    – Et alors ?
    – Alors, je suis ici pour vous demander
si, à votre connaissance, on aurait besoin, quelque part, des services de mon
frère Paul qui, comme je vous l’ai dit au téléphone, doit quitter le séminaire
pour des raisons de santé.
    Douville éclata de rire.
    – Seigneur ! vous avez du souffle !
Vous rendez-vous compte que vous n’avez pas respiré une seule fois depuis que
vous avez ouvert la bouche ? En fait, je disais « alors » pour
connaître vos impressions.
    Blanche, interloquée, ignorait ce dont
Douville parlait.
    – Mes impressions ?
    – Par rapport à ma femme.
    – Ha ! Elle a l’air bien gentille.
    – C’est tout ?
    Blanche s’accrocha à l’œil de Douville qui
semblait être le bon – joli cas de strabisme, pensait-elle – et sourit.
    – Vous voulez savoir si je trouve qu’elle
ressemble à ma mère ?
    – Je ne peux rien vous cacher.
    – Je pense que vous avez pas besoin de
mon avis là-dessus. Je trouve que c’est assez évident.
    – Comme une jumelle, n’est-ce pas ?
Elle n’a ni la classe, ni la distinction, ni l’instruction, ni l’humour de
votre mère, mais avec ma tête, mon âge et mes malaises de vieillissement, je me
considère chanceux.
    Blanche hochait la tête. Le pathétisme d’Henri
Douville la faisait frissonner. Cet homme était toujours amoureux de sa mère.
Un amour qui ne s’était pas consumé après trente-deux ans et deux mariages.
Est-ce que Napoléon, s’il renonçait à la prêtrise, l’aimerait encore après
trente ans ? Elle se mordit l’intérieur de la joue. Encore Napoléon !
    – En ce qui a trait à votre frère, Paulo
comme l’appelait votre mère, j’ai téléphoné à tous ceux que je connais. Je ne
vois rien pour lui. Mais je garde l’œil ouvert.
    Il éclata de rire.
    – C’est fou ce que cette phrase, quand

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