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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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essayer d’avoir deux
fois plus de plaisir pour que le temps s’étire.
    Paul haussa les épaules de découragement
devant le cabotinage de son frère. Blanche riait sous cape.
    Émilie ne put s’empêcher de trouver une
étrange ressemblance entre Marie-Louise et son amie Berthe. Toutes les deux
aussi jolies. Elle espéra que Marie-Louise ne cachait pas autant de tristesse.
Rolande et Alice l’accueillirent en riant. Alice, qui avait presque dix-sept
ans et qui venait de terminer ses études au couvent, décida qu’elle voulait lui
ressembler. En moins d’une heure, elle adopta son intonation et imitait presque
à la perfection son port de tête. Jeanne, déjà fascinée par la vie d’étudiante
infirmière que Blanche leur avait fait entrevoir, décida qu’elle enseignerait
pour la dernière année et qu’elle aussi partirait à Montréal pour suivre ce
cours.
    Pendant trois jours, Émilien, Blanche, Paul et
Marie-Louise inventèrent des centaines de choses à faire. Partis tôt le matin,
ils exploraient tous les coins pittoresques du comté de Champlain, allant de
Saint-Stanislas pour montrer l’endroit où leur mère avait grandi, jusqu’aux
rochers surplombant le lac aux Sables, que Blanche avait découverts avec
Napoléon. Ils passaient leurs soirées à la maison à jouer aux cartes avec
Émilie, qui avait repris sa place de mère, heureuse d’y être enfin à l’aise.
    Marie-Louise était désespérée par la froideur
de Paul et elle s’amusait de la cour discrète qu’Émilien lui faisait, comprenant
qu’il avait décidé de rendre son frère jaloux. Émilien téléphona en Abitibi
pour aviser ses employés qu’il serait retardé de quelques jours.
    – J’ai pensé que ça serait une bonne idée
d’aller à Montréal parler avec Georges. Peut-être que ses fournisseurs ont des
meilleurs prix que les miens.
    Paul le regarda, soupçonneux.
    – Est-ce que tu vas repasser par ici
avant d’aller en Abitibi ?
    – J’ai pas le choix. Saint-Tite, c’est
sur mon chemin.
    – Combien est-ce qu’on peut être dans ton auto ?
    – Quatre, cinq. J’avais pensé que moman
aimerait venir. Faire ses visites de paroisse.
    Émilie avait sursauté.
    – Faut que je prépare Rolande pour le
couvent. Je peux pas partir comme ça.
    Du haut de ses treize ans, Rolande comprit le
dilemme de sa mère.
    – Franchement, moman ! Jeanne, Alice
pis moi, on est capables de faire une valise. Vous allez être revenue avant que
je parte.
    Il fut donc décidé qu’Émilie accompagnerait
ses enfants. Elle en fut toute ragaillardie. Le départ se fit bruyamment.
Émilie monta à l’avant avec Émilien. Blanche s’assit à l’arrière avec
Marie-Louise. Paul, ayant attendu que tous aient pris place, s’assit à côté de
Blanche. Marie-Louise regarda par la fenêtre pendant une bonne partie du
voyage, retenant ses larmes. L’indifférence de Paul était presque venue à bout
de ses espoirs. Ce n’est qu’à Louiseville qu’elle commença à rire des jeux de
mots qu’Émilie faisait à propos de tout.
    Émilien se perdit dans Montréal, longeant,
personne ne sut comment, la rivière des Prairies. Paul le taquina, lui demandant
si les rivières de l’Abitibi étaient si petites qu’il puisse confondre celle-ci
avec le fleuve. Marie-Louise éclata de rire. Ils arrivèrent enfin devant
l’hôpital Notre-Dame. Émilie, courbatue, les vêtements froissés, ouvrit la
portière avant qu’Émilien n’immobilise complètement la voiture.
    – Ça presse, Blanche. On monte à votre
chambre pis la première chose que je veux voir, c’est la salle de toilette.
    Blanche partit rapidement avec sa mère, qui
marchait les cuisses serrées pour la faire rire, pendant qu’Émilien sortait les
valises et que Paul invitait Marie-Louise à traverser la rue pour s’asseoir
dans le parc. Marie-Louise eut un regain d’espoir. Paul, malgré sa timidité,
alla rapidement au but.
    – J’ai décidé, quand j’avais à peu près
cinq ans, que je serais un prêtre. C’est une décision, Marie-Louise, qui se
prend dans le plus profond du cœur sans qu’on sache comment.
    – Je sais. C’ est
ce qu’on appelle la vocation, non ?
    – Justement. J’ai la vocation. Même si
j’ai été forcé d’abandonner la soutane, je peux te dire que c’est tout ce que
j’ai laissé tomber.
    Marie-Louise se demandait où il voulait en
venir, espérant que ce qu’elle pensait était erroné.
    – Je pense que tu es la

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