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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Loulou, mais j’ai pensé que ça ferait quand même un bon souvenir.
    Elle ouvrit la dernière boîte et éclata en
sanglots. Clovis y avait déposé une trousse médicale, aussi belle que celle que
Douville lui avait offerte. Clovis, encore une fois, lui tendit son mouchoir.
    – Si tu regardes en dedans, j’ai eu, par
le médecin du Canadien National, tout ce qu’il fallait, en tout cas à ce qu’il
m’a dit, pour une trousse de secours. Est-ce que ça peut t’aider en
attendant ?
    Blanche lut les noms sur chaque ampoule, sur
chaque boîte de cachets. Elle disposait d’une pharmacie complète, en quantités
réduites, mais complète. Elle hocha la tête.
    Clovis se leva et prit les valises pendant que
Blanche infusait le café d’une main tremblante.
    – Pis ici dedans, c’est juste pour toi.
Pas pour ta maison, pas pour le dispensaire, pas pour éloigner les moustiques.
Juste pour toi.
    Elle déplia un manteau gris pâle au col de
renard blanc, semblable à celui qu’elle portait depuis des années. Celui-là
même qu’elle avait étrenné pour fêter Noël chez Napoléon. Dans l’autre valise,
elle trouva le chapeau qui complétait l’ensemble et des mitaines roses. Elle
découvrit aussi une robe bleue, six paires de bas de soie et des jarretelles,
un peigne, un miroir et une brosse à cheveux sur lesquels Clovis avait fait graver
ses initiales.
    – J’ai pensé qu’une robe bleue ça serait
beau avec tes yeux. J’espère qu’elle va te faire. En tout cas, la vendeuse m’a
semblé être à peu près de ta grandeur pis petite comme toi. Mais on sait
jamais. Je peux pas me fier à mes yeux tellement, tellement…
    Blanche déposa tous ses présents et regarda
Clovis en refoulant un nouvel assaut de larmes. Il lui avait offert un avenir.
Rien, dans ce qu’elle avait reçu, ne ressemblait à de la charité.
    – Est-ce que tu es patient avec les
enfants ? Est-ce que tu cries ?
    – Non, je pense pas.
    – Parce que moi, je suis pas capable
d’entendre crier. Ça doit venir de quand j’étais p’ tite.
Ma mère, parce que mon père était parti – je voulais pas te le dire…
    – J’avais deviné…
    – Parce que mon père était parti, des
fois, elle perdait tellement patience que je pensais que mes oreilles allaient
se briser. Pis avant que mon père parte, j’imagine que j’ai dû les entendre
crier.
    – Si ça peut te faire plaisir, j’vas
aller à Saint-Stanislas demander ta main à ta mère pis j’vas aller à Duparquet
la demander à ton père. Est-ce que c’est rien que pour ça que tu voulais pas
qu’on se marie ?
    – Je pense que oui…
    –  Niaiseuse !
    – Pis est-ce que tu voudrais qu’on achète
une maison ? Avec un grand terrain pour que je puisse mettre plein de
fleurs ou des légumes… si les temps sont toujours aussi durs.
    – Un grand terrain, tu dis ?
    – Oui.
    – Pis j’imagine que c’est moi qui vas
être obligé de l’entretenir ?
    – Pas nécessaire. Ça peut être moi.
    – Non, non. Je te vois venir. Tu vas me
demander de faire les gros travaux, pis tant qu’à y être, tu vas m’obliger à me
mettre à genoux devant toi pour arracher la mauvaise herbe.
    – À genoux à côté de moi…
    – À côté ? Dans ce cas-là, on va
acheter un immense terrain. Autre chose ?
    – Oui. Si je dis oui, est-ce que tu me
promets de jamais me tromper ? J’ai… j’ai comme un peu de misère à faire
confiance au monde. J’ai… j’ai comme un peu de misère à dire ce que je pense.
    – Tu me dis pas ! Je m’en serais
jamais douté… Autre chose ?
    – Oui. J’ai perdu tout mon argent dans le
feu. Ça fait que… je voudrais pas me marier avant la fin de l’année. Comme ça,
je pourrais mettre un peu d’argent de côté, finir ce que j’ai commencé ici,
entraîner ma remplaçante…
    – Décembre ?
    – Quoi ?
    – Décembre, est-ce que c’est correct ?
    Clovis se dirigea vers le calendrier et tourna
les pages.
    – Samedi, 17 décembre. C’est
correct ?
    – À Saint-Stanislas ?
    – À Saint-Stanislas.
    – Si mon père était pas là…
    Blanche se tordait les mains. Clovis lui
sourit et se gratta la tête.
    – Là, tu me demandes quelque chose… Mon
père est mort. Ma mère sera pas là. Ma famille non plus. Pis ton père… Ouais.
On n’aura pas grand monde.
    Il éclata de rire et Blanche l’imita. Elle
posa la cafetière après avoir rempli deux tasses, se dirigea vers lui, arracha
la

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