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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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l’avait jamais vu à
Saint-Tite. Elle abandonna le guidon de sa bicyclette aux mains blanches et
apparemment douces de cet étranger.
    – Ça fait au moins trois fois que je te
vois passer. C’est quoi ton nom ?
    – Blanche. Blanche Pronovost. Toi ?
    – Napoléon Frigon.
    – Es-tu à Saint-Tite pour l’été ?
    – Oui. J’étudie au séminaire
Sainte-Marie, à Trois-Rivières.
    – Mon frère est là aussi !
    – Paul ou Jean-Jacques ?
    – Paul.
    Elle était tout heureuse d’avoir trouvé un
sujet de conversation. Il tint la bicyclette et l’accompagna pendant qu’elle
faisait ses livraisons. Il la félicita pour son travail. Il la conduisit
ensuite chez son grand-oncle et se salit les mains à réparer la bicyclette.
Elle le regarda travailler, étonnée de son habileté. En moins de deux, la
bicyclette fut remise en état. Ne sachant comment le remercier et lui fausser
compagnie, ne sachant surtout pas comment lui dire qu’elle aimerait le revoir,
elle l’invita à la maison.
    – Ma mère serait heureuse d’entendre
parler de Paul.
    Napoléon ne se fit pas prier et décida de
l’accompagner. Elle l’attendit pendant qu’il se lavait les mains. Il ressortit
enfin, lui demanda d’attendre deux minutes et revint aussitôt en poussant une motocyclette.
Blanche n’en avait jamais vu d’aussi belle.
    – C’est à toi ?
    – Oui. Un cadeau parce que j’ai fini ma
versification cette année.
    Blanche fit le tour de la moto au moins cinq
fois, touchant la selle et les pneus, riant de voir un aussi bel engin.
    – Si tu veux, Blanche, je pourrais te
montrer à la conduire.
    Elle ne répondit pas, se contentant de lui
sourire de toutes ses dents et de faire oui de la tête, se mordant les lèvres
d’anticipation. Napoléon rit de la voir s’amuser autant. Elle enfourcha sa
bicyclette pendant que Napoléon démarrait sa moto. Il sortit une visière de sa
poche et s’en protégea les yeux.
    – Tu ressembles à une grenouille avec tes
gros yeux ronds !
    – Ça me dérange pas. J’aime mieux avoir
l’air d’une grenouille que de recevoir une gornotte dans un œil. C’est
déjà assez que j’ai perdu une dent.
    En effet, Napoléon avait une incisive en or.
Blanche avait trouvé que cela faisait riche. Un sourire d’or. Napoléon avait un
sourire d’or.
    – Est-ce que tu vas me suivre ?
    – Oui, mademoiselle. Penses-tu que je
vais passer en avant de toi pis te faire respirer la poussière ?
    Ils quittèrent le village. Blanche pédalait le
plus rapidement possible, pour ne pas retarder Napoléon. Les gens les
regardaient et elle se surprit à les saluer. Elle, Blanche Pronovost, pourrait
enfin parler de ses vacances avec les autres pensionnaires et raconter une
histoire encore plus excitante que les leurs. Elle se tourna à quelques
reprises pour lui sourire et lui faire des signes de la main. Napoléon lui
souriait aussi. Ils arrivèrent enfin devant l’école du rang sud. En moins de
deux, Napoléon fut assailli par les sœurs de Blanche. Rolande partit en courant
chercher sa mère. Émilie sortit aussitôt, intriguée.
    – Moman, je vous présente Napoléon
Frigon. Il est au même séminaire que Paul.
    Émilie s’accrocha rapidement un sourire et
tendit une main moite à Napoléon, qui la prit avec chaleur. Napoléon plut
aussitôt à Émilie. Elle regarda sa fille, vit l’éclat de ses yeux et sut
qu’elle aurait une jolie fin de vacances.
    – Les p’ tites,
allez chercher des chaises. On va s’asseoir dehors pour jaser. En dedans, c’est
trop chaud.
    Ils s’assirent et parlèrent pendant des
heures. Napoléon leur apprit que son père était notaire et qu’il était fils
unique. Il leur parla l onguement de Paul,
insistant sur le fait qu’il était toujours premier de classe. Il ne s’étonna
pas du fait que Paul n’était pas venu pour les vacances.
    – Nous autres, au séminaire, on l’appelle
l’archange Paul. Vous savez, il veut toujours être parfait. Il reste pendant
l’été pour « rembourser sa dette en faisant des travaux ». Ça, c’ est ce qu’il dit. Mais nous autres on sait que,
l’été, il peut apprendre plus rapidement. Maintenant qu’il fait de la peinture…
    – Paul fait de la peinture ?
    – O… oui, madame. Vous le saviez
pas ? Paul fait des drôles de peintures. Des paysages. Du monde.
    – Paul fait de la peinture…
    Émilie était renversée. Son Paul faisait de la
peinture et il ne lui en avait jamais

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