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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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cinglantes. Émilie caqueta
avec Georges, s’intéressant à tout ce qu’il racontait sur son commerce de la
rue Ontario, à Montréal. Mais le clou de la soirée demeura quand même le fait
que les deux sœurs s’étaient fiancées le même jour et qu’elles avaient voyagé à
bord du même train sans même se voir.
    Napoléon expédia un télégramme à ses parents
les avisant qu’il ne rentrerait que pour le jour de l’ An .
Rose, Marie-Ange et Georges partirent le surlendemain de Noël, laissant Émilie
à ses émois et à ses pensées. Georges lui plaisait mais elle s’inquiétait. Que
Marie-Ange décidât de marier un homme de dix-huit ans son aîné lui semblait une
condamnation à la longue solitude du veuvage.
    Pendant les six jours de la visite de
Napoléon, Blanche ne put lui exprimer toute sa reconnaissance. Napoléon lui
avait témoigné la plus grande marque d’amour possible. Elle voulut écrire un
mot à ses parents, mais ils furent plus rapides qu’elle et elle reçut une
lettre de M me  Frigon. Cette dernière s’excusait de son
comportement, accusant bien humblement sa jalousie de « mère possessive
d’un fils unique ». Blanche sentit fondre sa rancune et remit le mouchoir
à Napoléon en le priant de le rendre à sa mère aussitôt qu’il serait à la
maison.

2 1
     
    Émilie regarda tomber la neige. Si cette folle
blancheur ne cessait d’attaquer la terre, elle ne pourrait jamais prendre le
train pour Montréal. Marie-Ange l’attendait. Elle voulait que sa mère, à défaut
de son père, la conduise à l’autel. Émilie avait demandé une remplaçante à
l’école pour la semaine que durerait son absence. Clément s’était offert à
l’accompagner et, devant son insistance, elle avait accepté. Clément
découvrirait Montréal avec elle. Cet enfant lui causait des problèmes. Il
venait tout juste d’avoir quatorze ans et elle ne pouvait que constater qu’il
n’y avait plus rien d’un enfant chez lui. Il était grand et fort comme l’homme
qui s’affirmait chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Et secret. Elle savait
bien qu’il allait souvent au village le soir. Elle savait bien qu’il ne faisait
aucun effort dans ses études, mais elle ignorait complètement à quelles
activités il consacrait ses heures libres. Elle ne savait qu’une chose :
il passait le moins de temps possible avec elle. Il y avait bien eu la rumeur
qu’il fréquentait les dames de la maison de la croisée des chemins, mais elle
refusait de croire qu’il y était allé. À tout le moins, elle refusait de croire
qu’il avait pu y aller pour autre chose que jouer aux cartes ou danser…
    La neige sembla ralentir sa course et ils
purent tous les deux se diriger vers la gare. Émilie reprocha à son fils
d’apporter un si lourd bagage pour un séjour si court, mais Clément affirma
qu’il voulait se changer souvent. Le train arriva enfin, essoufflé de sa
bataille contre le vent. Ils y montèrent tous les deux, s’assirent ensemble, et
Clément, feignant de ne s’intéresser à rien de ce qu’il voyait, ne put quand
même s’empêcher de dire que, dans ses souvenirs, le train qui les avait
reconduits de Shawinigan était beaucoup plus gros, plus rapide et moins
bruyant. Émilie lui sourit.
    Le mariage se déroula à merveille. Émilie fut
très surprise de constater que l’absence d’Ovila au premier mariage d’un de
leurs enfants ne lui pesait pas. À sa requête, ce fut Clément qui tint le bras
de sa sœur dans l’allée centrale. Marie-Ange reçut un cadeau de chacun de ses
frères et sœurs et ne fut pas plus dupe que sa mère quant à l’origine de celui
qui était arrivé d’Abitibi : vœux de bonheur d’Émilien et de papa…
    Clément dit à sa mère qu’il visiterait seul la
ville pendant qu’elle irait veiller chez Henri Douville. Elle accepta de bon
gré, d’autant plus qu’elle s’était demandé comment ce grand fils taciturne
aurait pu demeurer assis toute une soirée à écouter sa mère parler de
souvenirs. Ils se quittèrent rue Sainte-Catherine, Émilie se dirigeant vers
l’ouest, Clément vers l’est.
    Henri l’accueillit avec une joie non
dissimulée. Il l’aida à se débarrasser de son manteau avant de l’inviter à
passer au salon. Dès qu’elle fut assise, il lui offrit un verre de vin blanc
bien frappé. Émilie inclina la tête en signe de remerciement.
    – Alors, Émilie, tu vas maintenant me
rejoindre dans le merveilleux monde des

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