Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
Celui-ci les lui tendit, agacé d'avoir à étaler ce recours désormais nécessaire. Nicolas s'en servit comme d'une loupe en pliant les verres l'un sur l'autre. Il tourna et retourna la bonbonnière. Il finit par discerner en soupirant d'aise un poinçon représentant une tête de braque. Il ouvrit la boîte.
    — Mes amis, dit-il, c'est en fait une boîte à pilules…
    Il s'exclama de surprise en examinant le contenu.
    — Des cantharides séchées ! Que viennent faire ces adjuvants avec le corps d'une jeune fille ?
    — Ou d'une fille galante, dit Semacgus. Cela aide les moins vaillants, mais concourt aussi à déclencher une fureur génésique chez les créatures les plus froides.
    Nicolas songea que dans ce domaine l'expérience de Semacgus était inégalable, sans qu'il démêlât si elle provenait du médicastre ou de l'ancien libertin. Il pensa que cet aphrodisiaque apparaissait ainsi pour la seconde fois dans l'enquête. Cependant, il poussait plus avant sa réflexion.
    — Rabouine, demanda-t-il, as-tu une idée sur la manière dont cet objet a pu surgir aux yeux de ces travailleurs ? Il faudra d'ailleurs les remercier de leur honnêteté.
    — Il a dû glisser de la poche de son déshabillé… Il y a un gousset.
    Nicolas méditait, essayant de rassembler les informations recueillies. Un détail lui manquait encore.
    — Il me faut l'itinéraire exact suivi par cette guimbarde, ainsi que son horaire, si c'est possible. Qu'on m'amène le conducteur.
    Le gros homme aux yeux exorbités s'avança.
    — Vous devez apprendre, monsieur le commissaire, que le transport se fait en chaîne ininterrompue tout au long de la journée. Le dernier chariot parvient ici vers trois heures du matin et le cocher revient le reprendre vide vers sept heures. Ce jour d'hui, il n'a point paru…
    — Voilà une notation intéressante et qui restreint le laps de temps au cours duquel le meurtre a été commis. Si Semacgus parvient à affiner la chose, nous ne serons pas loin de la vérité.
    — Tout juste, Pierre, reprit Nicolas. Bâtissons notre plan de campagne. Le corps à la basse-geôle où M. Semacgus l'examinera de plus près, s'il y consent.
    Le chirurgien acquiesça de la tête.
    — Pierre et Rabouine, deux missions, poursuivit le commissaire. Retrouvez-moi le cocher de cette guimbarde. Je le veux interroger. Quant à cette bonbonnière ou boîte à pilules, tâchez de la montrer à un expert qui en déterminera l'origine. C'est un objet de prix et je ne doute pas qu'on en retrouvera le facteur. Et à partir de là…
    Il consulta sa montre.
    — Retrouvons-nous au grand Châtelet sur le coup de six heures pour faire le point. Bourdeau, quelque chose sur la seconde victime ?
    Ses idées se précipitaient. Il ajouta :
    — Nous ne disposons, hélas, que de la voiture du docteur.
    — Non, dit Bourdeau, j'avais prévu qu'une autre nous suivrait, en cas de besoin. Quant à la seconde victime, la chance m'a souri. Il est vrai que mes mouches ont fondu sur le monde de la galanterie. Tout le monde se connaît et la moindre absence, même courte, un changement d'habitude, font événement dans cette basse-cour.
    Il se mit à lire un papier sorti de sa poche, après avoir tapé et rangé sa pipe et sorti ses lunettes.
    — La demoiselle Julie Jeanne Marot, native de Suzonnecourt, en Champagne, âgée de dix-neuf ans. Orpheline de père et de mère, vignerons aux dits lieux, est venue à Paris il y a un an pour entrer en condition. A été recueillie par la dame Larue, sage-femme rue Bourg-l'Abbé, connue pour maquerellage. Elle la procura aussitôt à un gaillard de sa connaissance, de vieille pratique, qui, malgré les cris de la fille, lui déroba sa fleur. Depuis, celle-ci, voyant que la matrule la prostituait sans lui donner aucune douceur, la quitta et fut s'installer chez la Hilaire, cul-de-sac Saint-Fiacre, qui en eut un soin particulier la trouvant à son goût pour orner son sérail. En conséquence elle fut baptisée L'Étoile et annoncée à tous comme le nouvel astre. Tout à fait bacchanalisée, elle participe à des parties et à des soupers de débauche la plus poussée.
    — Compliments ! Il faut approfondir cela. Qui l'entretient ? Y en a-t-il plusieurs ? Outre les missions de nécessité, il doit bien y avoir, pour joindre l'utile à l'agréable, quelque greluchon de bonne mine. Où fréquentait-elle ? Recherche habituelle. Vous connaissez cela à merveille et mieux que je ne saurais

Weitere Kostenlose Bücher