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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Mais… vous connaissez mes petites manies… je n'ai pu résister… ils étaient si charmants…
    Il sortit de sa redingote de drap brun une paire de souliers de bal exactement semblables à ceux que portait Marguerite Pindron, et de la même facture élégante.
    — L'intérêt de ce que vous m'apportez dissipe quelque peu l'irritation que j'éprouve à constater que vous avez dissimulé des informations et des indices à la police du roi, dit Nicolas. Mesurez-vous votre faute ?
    — J'ose espérer, monsieur le commissaire, répondit Restif avec un air cafard, que l'intérêt de mes propos, et de ce que j'ai encore à vous dire, apaisera votre légitime agacement.
    — Je vous écoute.
    — Non seulement, j'ai reconnu la jeune fille, mais j'ai le signalement de l'homme qui s'adressait à elle.
    — Pour la jeune fille, vous n'en êtes pas quitte, répliqua Nicolas, impavide. Il vous faudra m'accompagner à la basse-geôle reconnaître le cadavre, et en dévisager un autre.
    — Verra-t-on les pieds ?
    Nicolas excédé haussa les épaules.
    — Cela suffit, monsieur ! Filez la suite, je vous écoute.
    — Le corrupteur de la rue Pavée, dit-il en se frottant les mains, n'est pas pour moi un inconnu. À plusieurs reprises, je l'ai surpris dans ses infâmes démarches.
    — Vous connaissez son nom ?
    — Aucunement. Ni son signalement, car il porte habituellement un manteau à col relevé et le chapeau enfoncé. En revanche, à deux reprises, j'ai réussi à le suivre. Il use d'un fiacre et, le croirez-vous, le conduit lui-même.
    — Auriez-vous relevé son numéro, par hasard ?
    — Je l'ai fait, dit Restif triomphant. C'est le 34 NNP.
    Nicolas tressaillit. Se pouvait-il, par une coïncidence incroyable, que le fiacre emprunté pour aller à Popincourt et dont le numéro rappelait son âge, fut celui d'un protagoniste dans cette sombre affaire ? Parfois, la coïncidence participait de la chance du limier.
    — Pensez-vous qu'il maraude et racole pour lui-même ?
    — Je ne l'imagine même pas ! Il y a sous son attitude les relents d'une débauche cachée au profit d'un groupe, j'en suis persuadé. Les « mères » de la galanterie en savent sans doute plus long que moi dans ce domaine. Interrogez-les.
    On frappait à la porte du bureau de permanence ; elle s'ouvrit laissant paraître les visages réjouis de Sanson et de Semacgus. Restif pâlit en reconnaissant le bourreau et dut s'asseoir comme pris de faiblesse. Nicolas entraîna ses amis dans la galerie et recommanda au Père Marie d'offrir un coup de son « vulnéraire » au visiteur.
    — Mes bons amis, je vous trouve l'air gaillard. Vous semblez pressés de me confier quelque chose.
    — Ce n'est que trop vrai, dit Sanson. Le docteur et moi avons poursuivi l'examen des deux victimes. Or, l'ouverture nous a permis de faire une constatation qui ne manquera pas de vous surprendre.
    — Cette constatation, dit Semacgus, eût déjà étonné chez une seule victime. Moindrement cependant que pour deux.
    — Messieurs, lâchez le morceau, je subis les brodequins à vous entendre.
    — Nous avons découvert dans l'estomac des deux victimes les traces de leur dernier dîner.
    — Mais encore ! trépignait Nicolas.
    — Sans M. Semacgus, qui a parcouru le monde, et dont la science botanique est considérable, la chose m'aurait échappé. Mais le fibreux non digéré n'est pas si fréquent.
    — Bref, dit Semacgus, elles s'étaient toutes les deux gavées d'ananas. Or, sous nos latitudes, et même cultivé en serre, la maturité de ce dromelia est incertaine et sa digestion d'autant plus malaisée. De là à penser qu'elles se sont trouvées au même endroit, je laisse cette perspective à la sagacité d'un certain commissaire au Châtelet.
    Nicolas demeura un moment silencieux.
    — Que ferais-je sans vous ? Semacgus, où trouve-t-on des ananas de serre à Paris ?
    — Au jardin du roi, à coup sûr. Dans quelques maisons princières et, hors les murs, chez certains particuliers.
    Bourdeau apparut à son tour, suivi de Rabouine. Nicolas songea soudain que Restif attendait. On alla le quérir et une longue procession s'achemina dans les entrailles du vieux château féodal. Restif ne fit pas de difficultés pour reconnaître la fille de l'impasse Glatigny. Pour plus de sécurité, Nicolas fit essayer les chaussures au cadavre et l'on constata aussi leur exacte ressemblance avec celles trouvées dans la rôtisserie de l'hôtel

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