Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
formulation était incorrecte.
    — C'est donc cette pièce qui permet à Rabouine d'affirmer qu'il s'agit de Duchamplan cadet ?
    — C'est le nom figurant à la suscription. La lettre a dû être portée, il n'y a aucune marque de la poste.
    Ils continuèrent à laver le corps habillé, à grande eau ; celle-ci retombait de la table comme une source pourpre, dans une écœurante odeur métallique. Il n'y avait rien à tirer de la face déchiquetée. Nicolas considéra longuement les mains. Il retira les souliers et les bas, faisant subir aux pieds le même examen. Il faudrait attendre les conclusions de Sanson le lendemain pour pousser plus avant les hypothèses. Ils remontèrent dans la cour du Châtelet. C'est alors que Nicolas, regardant machinalement le fiacre, fut frappé par son numéro : NPP 34. Se pouvait-il que ce fût le même véhicule qui l'avait conduit à Popincourt alors qu'il transmettait les consignes de Le Noir aux nourrisseurs de bestiaux et que la conversation avait porté sur le fiancé éconduit de Marguerite Pindron ? En fermant les yeux, il tenta de retrouver les traits du cocher, sans du tout y parvenir. Il se souvenait seulement d'une banquette souillée de ce qui pouvait bien être du sang.
    — Bourdeau, dit-il, que diriez-vous d'un saut boulevard Saint-Martin et, ensuite, rue Christine, chez les Duchamplan ?
    — Je dirais que mes orphelins ne verront pas leur père aujourd'hui, et que Mme Bourdeau…
    — … maudira le commissaire Le Floch et le Châtelet, comme de raison !
    Boulevard Saint-Martin, l'inspecteur montra à Nicolas l'endroit où la patrouille du guet avait trouvé le fiacre. Nicolas fureta, le nez à terre, entra dans le vaste quadrilatère du Vauxhall, ramassa de la terre et de la boue sans qu'à nouveau son adjoint s'avisât de s'enquérir de cet acte à première vue incompréhensible. Ils remontèrent dans leur voiture pour traverser Paris. Nicolas, le menton sur la portière et les yeux mi-clos, réfléchissait, sifflotant un air d'opéra, son pied battant la mesure. Alors qu'ils traversaient la rivière par le Pont-Royal, il s'adressa à Bourdeau.
    — Pour le coup, point d'atermoiement. Cela n'a que trop duré.
    L'inspecteur ne chercha pas à savoir à qui il faisait allusion.
    — Allons directement au but. Ce logement à l'entresol, rue Christine. Je veux sur-le-champ découvrir ce qu'il contient. Ce serait bien le diable qu'il ne nous renseignât point sur son occupant. Avez-vous vos rossignols ?
    Bourdeau frappa sur la poche de son habit qui rendit un son métallique.
    — Bien, fit Nicolas. Nous ouvrirons la porte du frère cadet sans autre forme de procès et sans autorisation de quiconque.
    — Vous avez une idée en tête ?
    — Pas une, plusieurs. Ne vous offusquez pas, Pierre, de mon mutisme. Il n'est que le reflet de mes incertitudes. En dévoiler une, c'est jeter les autres au ruisseau. Il faut les accompagner de conserve et l'esprit, en se dispersant sur chacune d'elles, se rassemblera avec d'autant plus de force sur la plus probable au moment de l'ultime réflexion.
    — Auriez-vous parlé à M. de Noblecourt ce matin ? sourit Bourdeau. Votre style s'en ressent.
    — On ne peut rien vous cacher. Comme il a coutume de dire, le plus évident est souvent ce qui est le moins caché.
    — Avec cela, dit Bourdeau en riant, je présume que la solution est proche.
    — Bien plus que si elle vous semblait à portée de main.

    Rue Christine, la cour de la maison Duchamplan était déserte. On entendait bien une querelle de ménage dans les étages supérieurs, mais aucune trace du portier. En hâte, ils gagnèrent l'escalier où, à hauteur d'entresol, Bourdeau ne fut pas long à crocheter la serrure qui s'ouvrit sur une petite antichambre fort sombre. À peine avaient-ils fait prudemment irruption dans le logis que des craquements, suivis de pas précipités, les jetèrent en avant. Dans l'obscurité, ils tentèrent de trouver leur chemin, tirant une porte qui était celle d'une garde-robe, revenant en arrière pour en choisir une autre qui donnait, celle-là, sur un retrait puant. La troisième était la bonne. Ils se retrouvèrent dans un salon en désordre où des vestiges de repas et des bouteilles vides gisaient sur tous les meubles. Au fond de la pièce où le jour tombait par deux croisées donnant sur la cour, une autre porte les attira. Bourdeau saisit la poignée, mais celle-ci résista. Il allait prendre son élan et la

Weitere Kostenlose Bücher