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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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cela !
    — Pas exactement, dit Nicolas, qui n'avait en vérité jamais envisagé la chose.
    Dans un coin gisait une chemise d'homme roulée en boule et ensanglantée. Nicolas s'interrogeait : depuis l'ouverture de son enquête, les indices nombreux, contradictoires et éloquents, s'accumulaient sans qu'aucun fil conducteur parvînt à les relier vraiment entre eux. Il en était là de sa réflexion quand deux personnes entrèrent dans le logement. Se retournant, ils découvrirent les visages affolés de l'aîné des Duchamplan et d'une femme aux yeux rougis, sans âge, pâle et habillée d'une robe grise et d'une mantille de tête de la même teinte.
    — Puis-je vous demander, monsieur le commissaire, la raison de votre présence chez mon frère ? Un bruit terrible de détonation nous a alertés.
    Nicolas se tint devant la porte de la garde-robe, en dissimulant le contenu.
    — Avez-vous revu votre frère depuis ma dernière visite ?
    — Non. Que s'est-il passé ici ?
    Il tentait d'écarter Nicolas et de distinguer l'intérieur ; Bourdeau avait soufflé la chandelle.
    — Quelqu'un habitait ici, déclara Nicolas sévèrement. Le saviez-vous ?
    — Certes non.
    Nicolas fit un signe à Bourdeau qui s'écarta et ralluma la chandelle.
    — Alors, ce capharnaüm ne vous dit rien ? Ce placard de fripe digne du Temple ne vous inspire aucun commentaire que nous apprécierions d'entendre ?
    Duchamplan jeta un coup d'œil plus atterré que surpris sur l'ensemble. La femme, qui s'était approchée, tremblait à présent en se cramponnant au bras de son mari.
    — Il faut le lui dire, gémit-elle. Vous ne pouvez pas vous taire. Vous n'avez que trop tardé.
    — Dire quoi, gronda Nicolas, menaçant. Et ces habits de femme ?
    — De vieilles hardes dépareillées du trousseau de ma femme.
    — Ah ! dit Nicolas. Je vous fais mon compliment, madame, d'avoir à porter des perruques à la brigadière et de vous débarrasser de parures aussi peu défraîchies. J'entends bien que vous les ayez mises au rebut ! Ces souliers également, n'est-ce pas ?
    — Certes, monsieur.
    — Dans ce cas, nous allons voir, madame. Veuillez sur-le-champ les essayer.
    Il lui tendit des mules de bal recouvertes de dentelle blanche.
    — Enfin, monsieur le commissaire, qu'escomptez-vous d'une telle démarche ?
    — Je vous conseille, madame, de vous exécuter.
    Elle hésita et regarda son mari en se tordant les mains. Pour finir, elle éclata en sanglots.
    — Monsieur, dit-elle, je ne veux pas tromper la justice. Ces souliers-là ne m'appartiennent pas, non plus que les vêtements.
    — Merci, madame, je voulais vous l'entendre dire. Cela crevait les yeux qu'ils n'étaient pas à votre taille. Alors, quels sont-ils ? Votre jeune frère et beau-frère portait-il, quelquefois, des habits féminins ?
    — Cela pouvait quelquefois survenir, dit Duchamplan, gêné. C'était sans doute jeu et inconscience de sa part, plaisanterie de carnaval, de bal masqué, de…
    — Souvent ? demanda Nicolas.
    — Plusieurs fois par semaine, dit la femme, avec une sorte de hargne.
    — Hélas ! ajouta Duchamplan, je crains que mon jeune frère n'ait été la perversité même. Il avait accoutumé à se travestir pour des soirées dont j'ignore le déroulement… Cependant, l'état dans lequel il se trouvait quand il rentrait m'effrayait.
    — Votre sœur aînée connaissait-elle cette pratique ?
    — Elle a surpris Eudes il y a quelque temps. Il a inventé une histoire confuse, assurant qu'il aidait le duc de la Vrillière à apprivoiser des créatures, l'entremettant se trouvant être notre beau-frère Missery, le propre maître d'hôtel du ministre.
    — Ainsi votre sœur savait…
    L'espace d'un instant il envisagea un nouveau cas de figure : sœur Louise de l'Annonciation apprend la nouvelle à la duchesse de la Vrillière. Celle-ci fait une scène au ministre. Cela ne menait pas très loin.
    — Je devrais vous faire tous deux incarcérer tant que cette affaire ne sera pas réglée, dit Nicolas. Toutefois, je consens à faire fond sur votre bonne foi. Vous demeurerez consignés au logis. Sachez que vous y serez surveillés de jour comme de nuit par mes hommes. Retirez-vous.
    Une fois le couple sorti, il ramassa la chemise ensanglantée et nota quelque chose dans son petit carnet noir.
    — Ces deux-là ne seraient-ils pas mieux au Châtelet ? fit Bourdeau.
    — Ils sont peut-être surveillés par d'autres que nous, et

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