Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
Nicolas éternua dans une longue et très satisfaisante série. Lui-même ne s'y trompait point : la promiscuité avec les formes les plus tangibles et les plus effrayantes de la mort violente entraînait souvent ces accès de délassement factices et quelque peu forcés. Chacun en profitait pour gazer ses émotions et, parfois, son épouvante.
    — Hélas, dit Sanson, votre question contient sa propre réponse. La fraîcheur des lieux a sans doute retardé certains phénomènes naturels. Ce contexte complique notre capacité de jugement et gêne l'affinement de notre sentence.
    — Pour le reste, reprit Semacgus.
    Il venait de sortir plusieurs instruments étincelants d'un petit coffre en bois verni et avait saisi au vol le regard curieux de Nicolas sur ce bel objet.
    — Vous admirez mon coffret. Celui-là, vous ne l'avez jamais vu. Il est le fruit d'une escale aux Indes hollandaises. C'est un exemplaire unique, taillé sur mesures d'une seule pièce, dans une souche de bois de fer imputrescible.
    — Propre j'imagine, poursuivit Nicolas en complétant le propos de son ami, à parcourir les mers et les océans sans risque d'être rongé par l'humidité et le sel.
    — Précisément, l'essentiel étant de préserver mes instruments des attaques de la rouille. Pour le reste, disais-je, à savoir la cause du décès, elle saute aux yeux. Qu'en pensez-vous, mon cher confrère ?
    Sanson sourit de contentement à cette épithète. Ils se penchèrent sur le corps. Comme à chaque ouverture, Nicolas ne pouvait s'empêcher de les comparer à deux corbeaux, observés enfant sur un sentier des bords de Vilaine, en train de s'affairer sur une charogne d'animal mort. Pendant un long moment, le cérémonial habituel développa ses phases obligées. Ils triturèrent sans relâche la plaie du cou et procédèrent à tous les examens nécessaires.
    — Nicolas, et vous Pierre, dit Semacgus, approchez. Que constatons-nous ? Une plaie au défaut de l'épaule en entonnoir, profonde et, par nature, mortelle. Considérez aussi les parois de celle-ci lacérées et les chairs comme écrasées et tassées. Qu'en déduisez-vous ?
    — Qu'on peut exclure l'usage d'un instrument tranchant, dit Nicolas.
    — Que l'objet utilisé avait une forme si particulière, ajouta Bourdeau, qu'il a créé une sorte de trou en forme de poire !
    — Vous décrivez à merveille.
    Sanson murmura quelque chose à l'oreille du docteur.
    — J'y consens, dit-il, mais je doute que nos amis goûtent l'expérience !
    — Nous admettons tout ce qui conduit à la vérité, clama Nicolas, apprentis et escholiers que nous sommes.
    — Certes le pétun de Bourdeau et le gros sel, que je devine dans la poche du commissaire, vous aideront à supporter la chose.
    Semacgus faisait allusion à une pratique de Fine, la nourrice de Nicolas à Guérande, pour se protéger des maléfices du démon. Cette sortie les remit en joie. L'accès achevé, il plongea résolument la main, doigts serrés, dans la plaie du cou. Elle s'y adaptait presque exactement. Les policiers contemplaient cette action avec un étonnement scandalisé. Bourdeau le premier rompit le silence.
    — Est-ce à dire qu'on a massacré cette pauvre créature à mains nues ?
    Sanson hocha la tête.
    — Il n'est pas dans nos intentions de soutenir cette thèse. Une main, fût-elle d'une force sans égale, ne saurait être en mesure de percer les chairs et de produire les coupures et tassements constatés.
    Nicolas réfléchissait.
    — Si je comprends bien, le crime aurait été perpétré par un objet ayant la forme d'une main et suffisamment solide pour pénétrer les chairs ?
    — Percer n'est pas essentiel, dit Semacgus. N'oublions pas les lacérations et les tassements. Notez, messieurs, que la blessure intéresse l'épaule droite. J'en conclus que soit la victime a été agressée de face, ce qui ne concorde pas avec la description du théâtre du crime, ou bien alors attaquée par-derrière, ce qui implique dans ce cas…
    Il se plaça derrière Sanson, le serra contre sa poitrine avec son bras gauche et mima un coup frappé de la main droite.
    — … que l'agresseur était armé d'un objet inconnu. Une main, dans ces conditions, ne peut se replier en conservant sa forme et sa force si, par extraordinaire, c'eût été le cas.
    — La blessure, dit Bourdeau dubitatif, ne serait-elle pas le fruit conséquent de coups de couteau répétés ?
    — Les coupures posséderaient un

Weitere Kostenlose Bücher