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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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en se tapant la cuisse d'une main.
    Nicolas souriait sous cape. Il avait déjà rencontré naguère un perroquet qui portait le nom de l'ancien lieutenant général de police. Il feignit de comprendre le sens du discours, convaincu que la vérité sortait parfois du désordre des mots.
    — J'imagine aisément, dit-il avec componction, que votre tâche n'a pas été facile dans ces circonstances. Et, au début, comment en avez-vous eu connaissance ?
    — J'avions rien appris du tout. Y en a qu'ont trop parlé et la police est survenue. Autrement, nous autres, on fait not'nettoyage en tête à tête, si vous comprenez. Pour peu que l'on joue le barbet 29 , il y a plus qu'apparence que les autres cherchent à démêler la trame, à réduire à quia la mazette et à la chasser sans autre forme de procès, quand bien même l'animal récalcitrerait.
    — Parlons clair, l'interrompit Nicolas. Si je vous entends bien, quand vous démasquez un malfaisant parmi vous, votre premier mouvement consiste à faire justice quelle que soit sa résistance ?
    — Tout juste ! Vous comprenez vite, mazette !
    — Et qu'imaginiez-vous ?
    — Que vous étiez de la police et que vous enquêtiez sur le trafic de drèche.
    — De drèche ?
    — Oui da ! La drèche. On s'en procure dans les brasseries qui ne demandent qu'à s'en débarrasser. Prenez l'orge germée et concassée qu'on a mise à fermenter. Eh bien, certains d'entre nous, les plus filous, s'emparent à bas prix du résidu et nourrissent le bétail de cette ordure. Et quand je dis certains…
    — Et alors ?
    — Et alors ? Hé, ne faites pas le doucereux ! La bête gonfle, sa viande est gâtée et l'acheteur floué. Même le poids est faussé : tout le monde est perdant, sauf le croc !
    Il trépignait d'indignation.
    — Moi, monsieur, mes bêtes je les aime. Je les nourris comme mes petits. Enfin, c'est du passé. Pourquoi êtes-vous là ? Que voulez-vous ?
    — Rassurez-vous, monsieur Longères, ma présence n'a rien à voir avec l'utilisation frauduleuse de la drèche. M. Le Noir, lieutenant général de police, m'a chargé d'informer votre honorable corporation du péril d'une épidémie de charbon qui tend à gagner plusieurs provinces du royaume.
    Nicolas cherchait avec désespoir une entrée en matière permettant d'aborder le cas de Marguerite Pindron. Il expliqua avec force détails le motif de sa venue à Popincourt, l'ampleur de l'épidémie, ses conséquences, les risques encourus, tout en insistant sur la volonté du gouvernement de prendre des mesures de précaution. Il persilla son propos de menaces voilées et d'admonestations telles que le père Longères, épouvanté de ce qu'il entendait, se tassait sur son gourdin, toute jactance abandonnée.
    — Donc, poursuivait Nicolas, il faut sans désemparer, mais sans pour autant agiter le tocsin car, voyez-vous, toute panique serait comptée à votre débit, informer la profession du danger présent, des risques qu'elle court, sans gazer les précautions qui s'imposent.
    Il évoqua alors avec respect les regards attentifs du roi sur ses peuples, redoublés de ceux des ministres, du lieutenant général de police, sans excepter le parlement, dans une affaire aussi lourde de conséquences pour la vie et la bonne marche du royaume. Il ponctuait ses paroles de gestes énergiques, portant à dessein des regards insistants sur un point ou un autre des étables, comme s'il avait voulu en inventorier le contenu ou y déceler quelque anomalie. Il avançait à grands pas vers un bâtiment pour aussitôt changer de direction avant que de bifurquer à nouveau, suivi du maître des lieux, inquiet au plus haut point de cette inquisition et du flot de paroles qui l'accompagnait.
    — Rassemblez, réunissez, convoquez, expliquez, reprit avec force Nicolas. Que l'information passe et transpire à tous ceux de votre corps, de Popincourt à Ivry, où sont tant de laiteries, et de Vincennes à Chaillot. Au fait…
    Il tenta un coup à brûle-pourpoint.
    — Comment va le père Pindron ?
    L'homme s'arrêta, interdit comme devant une incongruité.
    — Le père Pindron ? Le pauvre est mort l'an dernier. Triste histoire, monsieur, bien triste histoire. Un brave homme. Oui. Pas drôle. Non, ça, pas drôle, toujours buté à refuser la chopine. Mais courageux et honnête, un vrai du métier. Hélas, sa fille l'a tué ou tout comme. Vous connaissez l'histoire, sans doute ?
    — Pas dans les

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