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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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la tête, présidant à une cérémonie nocturne au centre du pentacle :
il faisait mine d’évoquer les démons, célébrait peut-être une messe noire, dénudait
la virginale Fanny pour marquer son corps d’une croix tordue. Comme il était difficile
de deviner les pensées qui grouillaient derrière le masque ! Désormais, elle
aurait le plus grand mal à être polie avec lui.
    — Ne dis rien ! l’avertit Emily.
    — Je n’en avais pas l’intention, siffla Charlotte. De
toute façon, il n’y a rien à dire.
    — J’avais peur que tu ne cherches à démontrer combien c’est
néfaste.
    — C’est peut-être justement ce qui leur plaît !
    Et, ramassant ses jupes, Charlotte virevolta en direction de
Phœbe et Diggory Nash. Afton se tenait derrière eux. En se rapprochant, elle se
rendit compte, bien qu’il leur tournât le dos, qu’ils étaient en plein milieu d’une
conversation fort désagréable.
    — … une espèce de sotte qui se monte la tête toute
seule, disait Afton hargneusement. Elle n’a qu’à rester chez elle et se trouver
une occupation utile.
    — Facile à dire quand il ne s’agit pas de toi.
    Diggory grimaça, méprisant.
    — Aucun risque de ce côté-là ! rétorqua Afton, haussant
un sourcil sarcastique. Il faudrait être un violeur très malin pour s’attaquer
à moi.
    Diggory lui décocha un regard chargé de dégoût.
    — Il faudrait surtout avoir perdu tout espoir. Personnellement,
je préfère le chien.
    — Alors, si le chien est violé, on saura où chercher, répondit
Afton froidement, mais sans surprise apparente. Tu as de curieuses
fréquentations, Diggory. Tu commences à avoir des goûts dépravés.
    — Au moins, j’ai des goûts, repartit Diggory. J’ai
parfois l’impression que tu t’es ratatiné au point de ne plus rien ressentir du
tout. Ça ne m’étonnerait guère que tous les signes de vie te répugnent et que
tu considères comme malpropre tout ce qui te rappelle que tu as un corps.
    Afton s’écarta imperceptiblement.
    — Il n’y a rien de malpropre en moi, rien qui m’empêche
de me regarder en face.
    — Tu as donc l’estomac plus solide que moi. Ce qui se
passe dans ton cerveau me glace d’effroi. À te voir, j’en viens à croire aux
histoires de « morts vivants » si populaires de nos jours, ces
cadavres qui quittent leur sépulture.
    Afton leva les mains, paumes vers le haut, comme pour soupeser
les rayons du soleil.
    — Tu es trop inattentif, comme toujours, Diggory. Si j’étais
un de tes « morts vivants », le soleil m’aurait desséché.
    Il sourit lentement, avec dérision.
    — Ou n’as-tu pas lu jusque-là ?
    — Ne sois pas aussi primaire.
    La voix de Diggory était lasse, agacée.
    — Je parlais de ton âme, pas de ta chair. J’ignore si c’est
le soleil qui t’a desséché, ou la vie, tout simplement. En tout cas – j’en
donnerais ma main à couper –, il s’est passé quelque chose !
    Sur ce, il se dirigea vers un plateau de pêches et de
sorbets. Phœbe hésita un instant et le suivit. Alors seulement Afton s’aperçut
de la présence de Charlotte. Son regard froid parut la transpercer.
    — Votre franc-parler vous aurait-il encore valu de vous
retrouver toute seule, Mrs. Pitt ?
    — C’est possible, riposta-t-elle avec une égale
froideur. Mais personne d’autre n’a eu l’indélicatesse de me le faire remarquer.
La solitude, ce n’est pas toujours déplaisant, vous savez.
    — Vous nous rendez visite fréquemment, semble-t-il. Avant
cette affaire du violeur, vous ne vous intéressiez pas à nous. Cela vous
émoustille peut-être ? Comme une sorte de frisson, une extravagance :
on se complaît dans les émotions, on rêve de passion, de violence, de reddition
sans culpabilité, hein ?
    Il promena son regard de sa poitrine jusqu’à ses cuisses.
    Charlotte frémit comme s’il avait posé les mains sur elle et
le toisa avec une profonde répulsion.
    — À vous entendre, les femmes aiment se faire violer, Mr.
Nash. C’est monstrueusement arrogant, une illusion pour nourrir votre vanité et
excuser votre conduite, et c’est entièrement faux. Un violeur n’a rien de
magnifique. C’est un être pathétique, réduit à prendre par la force ce que d’autres
obtiennent spontanément. Si ces gens-là ne causaient pas autant de mal, on les
plaindrait presque. Car c’est… c’est une forme d’impuissance !
    Le visage d’Afton se figea, mais ses yeux brûlaient

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