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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Lucinda avec un froncement de sourcils. Et que ceux qui ont répondu à l’appel de Dieu s’en acquitteraient bien mieux que lui ?
    —    Peut-être.
    Charlotte était déterminée à rester raisonnable.
    —    Mais cela n’empêche pas tous les autres de faire leur possible. Plus il y a de voix, mieux c’est, non? Il y a des tas d’endroits où l’Eglise n’est pas entendue. Et s’il arrivait à en atteindre certains?
    —    Alors que fait-il ici? s’enquit Miss Lucinda. Paragon Walk n’est pas de ces lieux-là. Sa place est ailleurs, dans les rues mal fréquentées ou dans un hospice.
    Afton Nash se joignit à elles, haussant un sourcil interloqué devant tant de fougue.
    —    Et qui donc envoyez-vous à l’hospice, Miss Horbury? demanda-t-il avec un bref coup d’œil sur Charlotte.
    —    A mon avis, les rues mal famées et les hospices sont déjà acquis à la nécessité d’une réforme sociale, répliqua Charlotte avec une moue désabusée. Et à celle d’améliorer la condition des pauvres. Ce sont les riches qui ont besoin de donner; les pauvres, eux, sont prêts à recevoir. C’est aux puissants de changer les lois.
    Lady Tamworth haussa les sourcils avec surprise et une pointe de mépris.
    —    D’après vous, c’est l’aristocratie, l’élite et la pierre d’angle de la nation, qui est fautive?
    Charlotte ne songea même pas à se rétracter par courtoisie, ou parce qu’il était malséant, pour une femme, d’entretenir la polémique.
    —    Je dis qu’il est inutile de prêcher la solidarité aux pauvres, rétorqua-t-elle. Ou la réforme sociale aux chômeurs et aux illettrés. Les seuls à être capables d’y changer quelque chose sont ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent. Si l’Église les avait déjà tous touchés, nous aurions réformé notre société depuis longtemps, et les pauvres auraient du travail pour subvenir à leurs besoins.
    Lady Tamworth la contempla d’un œil torve et se détourna, feignant de trouver cette conversation par trop déplaisante, mais Charlotte savait bien qu’elle était surtout à court d’arguments. Un plaisir délicat illuminait les traits de Miss Laetitia; elle croisa momentanément le regard de Charlotte avant de s’éloigner à son tour.
    —    Chère Mrs. Pitt, dit Afton soigneusement, comme s’il s’adressait à quelqu’un qui maîtrisait mal la langue ou qui était frappé de surdité. Vous n’y connaissez rien ni en politique ni en économie. On ne change pas la société du jour au lendemain.
    Phoebe se joignit à eux, mais il l’ignora complètement.
    —    Les pauvres sont pauvres, poursuivit-il, précisément parce qu’ils n’ont pas les moyens ou la volonté d’être autre chose. On ne va pas déshabiller les riches pour les nourrir. Ce serait insensé... autant arroser le sable dans le désert ! Car ils sont légion. Ce que vous suggérez là est totalement irréaliste.
    Et il esquissa un sourire condescendant pour sa naïveté.
    Charlotte fulminait. Elle dut faire appel à tout son sang-froid pour masquer son expression en affectant une saine curiosité.
    —    Mais si les riches et les puissants sont incapables de changer les choses, s’enquit-elle, à qui l’Église prêche-t-elle alors, et dans quel but?
    —    Je vous demande pardon?
    Il n’en croyait pas ses oreilles.
    Charlotte répéta sa question sans oser regarder Phoebe ou Miss Lucinda.
    Avant qu’Afton ne trouve ses mots pour répondre à une remarque aussi grotesque, une autre voix se fit entendre, une voix douce avec une délicate pointe d’accent.
    —    Dans le but de nous montrer qu’il est bon pour notre âme de savoir donner un peu pour mieux profiter de ce que nous avons et continuer à dormir sur nos deux oreilles, car au moins nous aurons essayé, nous aurons apporté notre contribution ! Mais jamais, ma chère, dans l’espoir d’un réel changement !
    Charlotte sentit son visage s’enflammer. Elle ne s’était pas rendu compte que Paul Alaric était aussi près ni qu’il l’avait entendue tenir tête à Afton et à Miss Lucinda.
    —    Quel cynisme, monsieur Alaric ! souffla-t-elle sans le regarder. D’après vous, nous serions tous des hypocrites ?
    —    Nous? fit-il en haussant légèrement le ton. Allez-vous à l’église, Mrs. Pitt, et cela vous fait-il du bien?
    Charlotte se retrouvait face à un dilemme. Bien sûr qu’elle n’y allait pas. Les sermons, les

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