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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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en était convaincu, se trouvait du côté des cuisines et de l’office, hors de portée de Charlotte ou d’Emily. Il lui souhaita donc de bien s’amuser et lui intima fermement de se mêler de ses propres affaires et de s’abstenir de questions ou de commentaires sortant du cadre d’une conversation banalement polie.
    Son docile « Oui, Thomas », eût-il été moins absorbé par ses préoccupations, n’aurait pas manqué d’éveiller sa méfiance.
    La réception était très formelle, et Charlotte ne cacha pas sa joie en voyant la robe qu’Emily avait commandée pour elle en guise de cadeau. En soie jaune, elle était merveilleusement belle et lui seyait à ravir. Elle eut l’impression d’être le soleil en personne quand elle franchit le seuil, la tête haute, éclatante de bonheur. A sa surprise, seuls cinq ou six convives se retournèrent sur elle, alors qu’elle s’attendait à être le point de mire dans une salle subitement silencieuse. Néanmoins, parmi ces cinq ou six, elle reconnut Paul Alaric. Elle vit son élégante tête brune se détourner de Selena qui se tenait sur une marche. Les joues en feu, Charlotte releva légèrement le menton.
    Emily vint immédiatement à sa rencontre ; elle fut happée par la foule qui devait compter une cinquantaine de personnes et mêlée à la conversation. Il n’y eut aucun moyen de s’entretenir en privé. D’un long regard appuyé, Emily lui signifia de bien se tenir et de réfléchir avant de parler; l’instant d’après, on l’appela pour accueillir d’autres invités.
    — Emily a convié un jeune poète pour qu’il nous lise quelques-unes de ses œuvres, déclara Phoebe avec une gaieté forcée. Son écriture est très provocante, paraît-il. J’espère que nous la comprendrons; cela nous fournira matière à discussion.
    —    Moi, j’espère que ce n’est pas vulgaire, dit Miss Lucinda rapidement. Ni érotique. Avez-vous vu ces horribles dessins de Mr. Beardsley ?
    Charlotte aurait aimé donner son avis sur Mr. Beardsley, mais comme elle n’avait vu aucun de ses dessins ni même entendu parler de leur auteur, elle dut s’en abstenir.
    —    Je vois mal Emily choisir quelqu’un sans avoir pris soin de s’assurer qu’il n’est ni l’un ni l’autre, répliqua-t-elle d’un ton vif. Bien sûr, on ne saurait répondre des faits et gestes de ses invités, une fois qu’ils sont là; on ne peut que se fier à son discernement pour opérer un choix judicieux.
    —    C’est évident.
    Miss Lucinda se colora imperceptiblement.
    —    Je pensais à la malchance, c’est tout.
    Charlotte demeura de marbre.
    —    A mon sens, son œuvre est plus politique que romantique.
    —    Voilà qui est intéressant, dit Miss Laetitia avec espoir. Je me demande s’il a écrit quelque chose sur les pauvres ou sur la réforme sociale.
    —    Je crois que oui.
    Charlotte se réjouissait d’avoir su capter l’attention de Miss Laetitia. Elle l’aimait bien, surtout depuis que Vespasia lui avait parlé du scandale vieux de plusieurs dizaines d’années.
    —    C’est le meilleur moyen de réveiller les consciences, ajouta-t-elle.
    —    Voyons, nous n’avons rien à nous reprocher!
    C’était une dame âgée et corpulente, miraculeusement corsetée dans une robe bleu paon ; son visage au menton carré faisait penser à un pékinois, en beaucoup plus massif. Ce devait être, devina Charlotte, Lady Tamworth, installée à demeure chez les demoiselles Horbury, bien que personne ne l’eût présentée.
    —    La pauvre Fanny a été victime de son époque, poursuivit-elle d’une voix forte. Partout les valeurs se perdent, même ici !
    —    N’est-ce pas plutôt à l’Église de s’adresser à la conscience de ses ouailles? demanda Miss Lucinda, les narines frémissantes.
    Il n’était pas clair si elle en voulait à Charlotte pour ses opinions politiques, ou à Lady Tamworth pour avoir remis le sujet de Fanny sur le tapis. Charlotte ignora la remarque sur Fanny, pour le moment du moins. Pitt ne lui avait pas dit d’éviter les discussions politiques, même si papa le lui eût défendu tout net! Mais elle n’avait plus de comptes à rendre à papa.
    —    C’est peut-être l’Église qui lui a insufflé le désir de s’exprimer selon son mode de prédilection ? suggéra-t-elle innocemment.
    —    Dans ce cas, ne trouvez-vous pas qu’il usurpe les prérogatives de l’Église ? fit Miss

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