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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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enfermé ou battu pour s’être sauvé.
    —    Sottises ! C’est un tout petit chien, et il n’est pas vert!
    —    Elle aurait pu prendre ses oreilles pour des cornes.
    Charlotte ne désarmait pas. Soudain, elle eut un accès de fou rire.
    —    J’aurais adoré voir la tête de Miss Lucinda. Elle devait être aussi verte que cette chose à la fenêtre.
    Emily s’esclaffa aussi. La vapeur qui sortait de la bouilloire envahissait toute la cuisine, mais ni l’une ni l’autre n’y prêtèrent attention.
    —    Ce n’est vraiment pas drôle, dit Emily finalement en essuyant ses larmes.
    Charlotte aperçut la bouilloire et se leva pour préparer le thé. Elle reniflait, se frottant les joues avec un bout de son tablier.
    —    Je sais, acquiesça-t-elle. Je suis désolée, mais c’est tellement bête que je n’arrive pas à garder mon sérieux. J’imagine que la pauvre Phoebe sera encore plus terrorisée maintenant.
    —    On ne m’a rien dit, mais ça ne m’étonnerait pas qu’elle s’alite également. Elle porte en permanence un crucifix de la taille d’une petite cuillère. Je vois mal comment cela peut dissuader un homme qui vous agresse dans le noir !
    —    Pauvre femme !
    Charlotte posa la théière sur la table et se rassit.
    —    Je me demande s’ils vont faire venir Thomas.
    —    Pour une apparition? Plutôt un pasteur, oui.
    —    Un exorcisme? s’exclama Charlotte, ravie. J’aurais bien aimé voir ça. Tu le crois vraiment?
    Haussant les sourcils, Emily pouffa de rire.
    —    Comment se débarrasser autrement d’un monstre vert et cornu?
    —    Un peu plus d’eau et un peu moins d’imagination, déclara Charlotte sans aménité.
    Puis son visage se radoucit.
    —    La pauvre ! Elle n’a pas grand-chose d’autre à faire. Les seuls événements importants de sa vie sont ceux qu’elle échafaudé dans ses rêves. Personne n’a réellement besoin d’elle. Au moins, ça va la rendre célèbre pendant quelques jours.
    Emily versa le thé en silence. Le constat était pathétique, et elle n’avait plus envie de rire.
    Fin août, les Dilbridge organisèrent un dîner auquel ils convièrent George et Emily, avec le reste du voisinage. Étonnamment, l’invitation incluait aussi Charlotte, si elle souhaitait se joindre à eux.
    C’était dix jours après la vision de Miss Lucinda, et la curiosité de Charlotte était intacte. Elle ne se souciait même plus de son apparence : puisque Emily lui avait transmis l’invitation, elle devait avoir en tête une tenue convenable pour elle. Comme toujours, l’intérêt
    l’emporta sur l’amour-propre, et elle accepta sans sourciller une autre robe de tante Vespasia, largement retouchée par la femme de chambre d’Emily. Elle était en satin gris perle bordé de dentelle, dont la majeure partie avait été remplacée par de la mousseline pour lui donner une allure plus jeune. L’effet d’ensemble, lorsqu’elle se tourna lentement devant la psyché, plut beaucoup à Charlotte. Et quel bonheur que de se faire coiffer par quelqu’un d’autre ! Il était extrêmement difficile de nouer élégamment ses propres cheveux sur sa nuque. Ses mains semblaient toujours se tromper de direction.
    —    C’est très bien, lança Emily d’un ton sec. Arrête de t’admirer ! Tu deviens futile, et ça ne te va guère.
    Charlotte eut un large sourire.
    —    Peut-être, mais c’est merveilleux !
    Elle souleva ses jupes dans un bruissement soyeux et suivit Emily au rez-de-chaussée où George les attendait dans le couloir. Tante Vespasia avait choisi de ne pas les accompagner, bien que, naturellement, elle fût invitée aussi.
    Voilà longtemps que Charlotte n’était pas allée à une réception. Dans le passé, elle n’aimait pas beaucoup ça, mais cette fois-ci, c’était différent. Il n’était plus question d’escorter maman pour être exhibée devant les candidats potentiels au mariage. Bien à l’abri de l’amour de Pitt, elle ne se préoccupait pas de ce que la société allait penser d’elle et ne cherchait pas spécialement à faire bonne impression. Elle pouvait s’y rendre tout en restant elle-même; il n’y avait pas d’effort à accomplir puisqu’elle y allait essentiellement en spectatrice. Les drames de Para-gon Walk ne l’affectaient pas, du moment que la principale tragédie ne concernait pas Emily, et si Emily avait envie de se mêler des farces mineures,

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