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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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voyons !
    —    Elle m’a fait jurer de ne pas proférer d’accusations contre lui, mais d’après elle, c’était Paul Alaric.
    Et, s’écartant, elle guetta la stupéfaction sur le visage de Charlotte.
    La première réaction de Charlotte fut le dégoût, non pas envers Selena, mais vis-à-vis d’Alaric. Puis elle rejeta cette idée, la chassa de sa tête.
    —    C’est ridicule! Allons, pourquoi l’aurait-il
    agressée? Elle le poursuit avec tant d’assiduité qu’il lui suffirait de cesser de fuir pour la cueillir !
    Elle se montrait délibérément cruelle.
    —    Exactement, acquiesça Emily. Du coup, le mystère s’épaissit. Et pourquoi Jessamyn ne s’en formalise-t-elle pas ? Si M. Alaric était fou de Selena au point de se précipiter sur elle dans la rue, elle aurait dû écumer de rage... non? Mais pas du tout : elle en rit. Je le vois dans ses yeux chaque fois qu’elle regarde Selena.
    —    Elle n’est donc pas au courant, fit Charlotte, logique.
    Puis, après avoir réfléchi plus sérieusement :
    —    Le viol n’a rien à voir avec l’amour, Emily. Ce n’est que violence, possession. Un homme fort, capable d’aimer, ne forcera pas une femme. Il prendra l’amour qu’on lui donne, sachant que celui qu’on exige n’a pas de sens. L’essence de la force n’est pas de dominer les autres, mais de se maîtriser soi-même. Aimer, c’est savoir donner, ainsi que recevoir : une fois qu’on a connu l’amour, le besoin de conquérir apparaît comme une preuve de faiblesse et d’égoïsme, la satisfaction éphémère d’un désir. Ce n’est plus attrayant du tout, alors; c’est simplement triste.
    Emily fronça les sourcils ; son regard s’était voilé.
    —    Tu parles d’amour, Charlotte. Moi, je ne pensais qu’à l’aspect physique. C’est tout à fait différent : l’amour n’a rien à voir là-dedans. La haine, en revanche, si. Peut-être que Selena s’en est secrètement réjouie. Coucher de son plein gré avec M. Alaric serait un péché. Même si ses relations mondaines s’en moquaient, ses amis et sa famille réagiraient tout autrement. Mais être la victime, voilà la bonne excuse, du moins à ses propres yeux. Si ce n’était pas désagréable et qu’elle en a profité au lieu de se révolter, alors elle a gagné sur les deux tableaux. Elle est innocente et, en même temps, elle a pris son plaisir.
    Charlotte réfléchit un instant et décida que c’était impossible, peut-être pas avec raison, mais parce qu’elle se refusait à y croire.
    —    Je doute que ce soit un plaisir. Et qu’est-ce qui amuse tant Jessamyn ?
    —    Je n’en sais rien, fit Emily, vaincue. Mais ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air.

Elle s’éloigna pour rejoindre George qui essayait en vain de rassurer Phoebe : extrêmement embarrassé, il lui marmonnait des paroles apaisantes. Phoebe qui avait un nouveau dada — la religion — et qui ne se séparait jamais de son crucifix. Ne sachant que lui dire, il fut infiniment soulagé de passer la main à Emily, qui détourna résolument la conversation du salut des âmes vers des sujets plus banals : par exemple, comment former une femme de chambre de qualité. Charlotte admira la dextérité avec laquelle l’opération fut menée à bien. Emily avait beaucoup appris depuis Cater Street.
    —    Le spectacle vous plaît? fit une voix douce, très mélodieuse, juste derrière elle.
    Elle pivota, un peu trop vite pour préserver la grâce de son maintien. Paul Alaric haussa imperceptiblement les sourcils.
    —    Ça oscille entre la tragédie et la farce, n’est-ce pas ? dit-il avec un lent sourire. Mr. Cayley, je le crains, est voué à la tragédie. Les ténèbres qui l’envahissent vont l’engloutir d’ici peu. Et la pauvre Phoebe... morte de peur, alors qu’il n’y a pas de quoi.
    Charlotte, désarçonnée, n’était pas prête à discuter de la situation avec lui. Elle ignorait du reste, encore maintenant, s’il parlait sérieusement, ou s’il s’agissait d’un simple jeu verbal. Elle chercha une réponse qui lui éviterait de se compromettre.
    Il attendait, l’œil velouté, sombre comme chez tous les Méridionaux, mais sans cette lascivité flagrante qu’elle attribuait aux Italiens. Il semblait lire en elle sans le moindre effort.
    —    Comment savez-vous qu’il n’y a pas de quoi? demanda-t-elle.
    Son sourire s’épanouit.
    —    Ma chère Charlotte, je

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