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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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bordée d’or et d’argent, de perles et de pierres précieuses, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Autour du cou, un loros , l’étole que seuls pouvaient revêtir les empereurs et les personnes de rang impérial ; à la taille, une akakia. Cette bourse de soie remplie de poudre faisait également partie des attributs royaux.
    — C’est Constantin…, dit Farag d’une voix faible.
    — Je crois, oui…
    — Nous allons devenir célèbres, Basileia, attends un peu qu’on publie ça !
    Je tournai la tête vers lui.
    — Comment ça « nous » ! m’indignai-je.
    Mais je compris aussitôt que nous avions tous les trois le même droit à exploiter scientifiquement cette découverte.
    — Vous aussi, capitaine, vous comptez écrire un article ?
    — Bien sûr ! Vous ne pensiez tout de même pas que nous allions vous en laisser la primeur ?
    Farag éclata de rire en sautant au sol.
    — Ne le prenez pas mal, Kaspar, Ottavia a la tête dure mais un cœur d’or.
    J’allais lui répondre comme il le méritait quand soudain le bruit ténu qui avait commencé quelque temps auparavant devint l’équivalent de plusieurs ailes de moulins qui tourneraient ensemble. Et l’image n’était pas aussi incongrue que ça, car à cet instant un courant d’air passa par les bothros en me poussant sur le cercueil.
    — Mais que se passe-t-il ? me fâchai-je.
    — La fête commence, je le crains, dit le capitaine.
    — Accroche-toi, Ottavia.
    Le souffle devint puissant comme un ouragan. Les torches s’éteignirent d’un coup.
    — Les vents ! cria Farag en s’agrippant de toutes ses forces au bord du sarcophage.
    Le capitaine alluma sa torche électrique et du bras se protégea les yeux tout en essayant de monter vers nous. Mais le souffle était si puissant qu’il lui était impossible d’avancer.
    Je me cramponnais pour empêcher ce cyclone de me jeter à terre, mais rapidement je me rendis compte que je n’allais pas pouvoir tenir très longtemps. J’avais mal aux doigts à force de serrer la pierre.
    La vitesse des vents ne cessait d’augmenter. Des larmes coulaient sur mes joues, mais nous n’avions encore rien vu. Le pire, ce fut quand l’un des fils d’Éole décida d’ajouter un petit détail qui faisait partie de ses attributs : le froid. Il devint bientôt insupportable. Traxias et Argestes déclenchèrent la pluie, qui se transforma en giboulée et s’accompagna de grêlons, comme si l’on nous tirait dessus avec un fusil à plomb. La douleur fut telle que je lâchai prise et tombai à terre. J’étais plaquée au sol. Impossible de me relever, comme l’avait prévu Dante. Là-dessus, Euronotos, Notos et Libanotos exhalèrent des bouffées d’un vent brûlant. Je regrettai amèrement mon pantalon, car la pluie de grêlons tombait sur mes jambes nues, déjà brûlées par la chaleur de Notos. J’essayai de protéger mon visage, mais l’air passait entre mes doigts, rendant toute respiration difficile. J’aurais voulu m’approcher de Farag, mais de ma position je n’arrivais pas à le voir. Je l’appelai en hurlant. Le bruit de soufflerie était si fort qu’il couvrit mes paroles. C’était la fin… Comment aurions-nous pu sortir de là ? C’était impossible.
    Je sentis alors un frottement contre ma cheville. Une main attrapa mon mollet, puis ma cuisse. J’étais certaine qu’il s’agissait de Farag, le capitaine n’aurait jamais osé me toucher de cette manière. Dans cette situation si terriblement angoissante, cela m’aida à garder espoir, à ne pas perdre la raison… En fait, si, je la perdis un peu lorsqu’un bras se colla à moi, m’entoura la taille, et qu’un corps se rapprocha du mien, tout contre mon flanc. Je dois reconnaître que, malgré les rafales de vent qui avaient de quoi rendre fou, ce long instant que mit Farag à parvenir jusqu’à moi fut un des plus troublants de ma vie. Le plus étrange, c’était que toutes ces sensations nouvelles, qui auraient dû me pousser à me sentir coupable, très coupable même, me donnaient une impression de liberté et de bonheur, comme si enfin commençait un voyage longtemps repoussé. Je n’étais même pas inquiète de devoir répondre devant Dieu de mes actes, j’étais certaine qu’Il serait d’accord.
    Arrivé à ma hauteur, Farag colla ses lèvres à mon oreille et prononça quelques sons que je ne pus distinguer. Il les répéta jusqu’à ce que je finisse par deviner les

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